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en effet n'est pas plus une consonue simple que bl dans blanc ou cr dans craindre: luxueux, examen, exact, se prononcent lucsueux, egzamen, egzact, et nous montrent qu'en réalité x n'est pas un son nouveau, la réunion de deux sons (cs, gz), dont le premier est une consonne gutturale c ou g (voy. § 35), et dont le second est une consonne dentale s ou z (voy. § 38). Cette présence de s ou z dans x nous explique pourquoi les mots terminés au singulier en x (heureux, voix, prix) ne changent pas au pluriel (heureux, voix, prix); il est inutile de leur ajouter un s, puisque leur x le contient déjà.

X vient tantôt de z latin: six de sex, soixante de sexaginta; tantôt de c: voix de vocem, croix de cruc em, dix de decem, paix de pacem, noix de nucem.

47. H est la plus faible des consonnes, comme l'e muet est la plus faible des voyelles. Il y a deux sortes d'h: l'h muette, lettre qui ne représente aucun son, et par-dessus laquelle l'élision de l'article le, la se produit (l'homme, l'habitude), comme si l'article était directement en présence même de la voyelle (comme dans l'obéissance, l'abaissement); l'h aspirée, qui ne se fait pas plus entendre que l'h muette, mais qui en diffère parce qu'elle empêche l'élision : le héros, la h oulette.

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Le h latin était fortement aspiré, à la manière du h allemand ou anglais. Cette aspiration se perdit en français, ce qui amena la disparition de h, comme dans avoir de habere, on de homo, or de hora. L'ancien français écrivait de même o me de hominem, abit de habitus, eure de hora; vers le quinzième siècle, les latinistes et les clercs rendirent à ces mots le h latin, d'où homme, habit, heure; mais ils ne purent rendre à ces mots la prononciation latine du k que le français avait abandonnée dès l'origine.

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2 liquides: 1, r. - 2 nasales: m, n. — 1 aspirée, b.
1 consonne double, z.

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49. On appelle syllabe un ou plusieurs sons qui se prononcent sans interruption par une seule émission de voix. Ainsi ôté a deux syllabes, ó et té; la première composée seulement d'une voyelle (ó), la seconde composée d'une consonne (†) et d'une voyelle (é).

née

50. On appelle syllabe muette celle qui est termipar un e muet, comme me dans j'aime,

51. On ne prononce jamais avec la même force toutes les syllabes d'un même mot; ainsi quand nous disons: march ez, cherchons, nous prononçons la dernière syllabe plus fortement que la première, tandis qu'au contraire dans mar che, cherche, nous appuyons sur la première, parce que la dernière syllabe est muette. Cette élévation de la voix sur une syllabe particulière dans chaque mot s'appelle accent tonique, et la syllabe qui reçoit cette élévation de la voix, cet accent tonique, s'appelle la syllabe accentuée ou tonique.

En français, la syllabe accentuée est toujours la dernière syllabe du mot (mouton, che val, aima), excepté quand le mot est terminé par un e muet (table, aimable), auquel cas on reporte l'accent tonique sur l'avant-dernière syllabe: aimable, lisible.

Le français a emprunté son accentuation au latin: en latin, l'accent tonique occupait toujours l'avant-dernière syllabe du mot (amáre, finire, labórem) quand cette syllabe était longue (amare, finire, laborem); le français a conservé l'accent tonique sur la syllabe qu'il occupait en latin et il dit finir, aimér, labeúr, en élevant la voix sur les mêmes syllabes que les Romains.

Quand, au lieu d'être longue, l'avant-dernière syllabe latine était brève, comme i dans porticus, pertica, durabilis, les Romains accentuaient la syllabe qui précédait l'avant-dernière, et ils prononçaient pórticus, pértica, durábilis. Pour conserver à son tour l'accent sur cette même syllabe, le français a été obligé de resserrer violemment ces mots latins, en supprimant toutes les voyelles qui suivaient en latin la syllabe accentuée : Ainsi, dans le cas présent, le français a supprimé l'i bref de duráb(i)lis, pér(tï)ca, pór(ti)cus, et il a dit duráble, pérche, pórche, arrivant par cette amputation des terminaisons latines à conserver l'accent tonique sur la même syllabe qu'il occupait en latin.

52.

Il y a donc dans chaque mot une syllabe accentuée ou tonique, et il n'y en a qu'une. Les autres syllabes du mot sont dites inaccentuées ou atones. Ainsi dans aimable, ma est la syllabe accentuée, ai et ble

sont inaccentuées, sont atones: dans charre tier, tier est accentué, char et re sont atones (on le voit d'ailleurs par la prononciation, puisque en réalité nous prononçons char'tier).

Atone vient du grec & (sans, privé de) et tóvos (ton, accent), qui est privé d'accent.

53. Quand un mot simple, tel que chandelle (qui est accentué sur elle), donne un mot dérivé tel que chandel ier (qui est accentué sur ier), la syllabe elle, qui était accentuée dans le mot simple, devient naturelle ment inaccentuée dans le mot dérivé, et e perd alors dans chand e-lier le son plein qu'il avait dans chandelle. Le français marque souvent cet affaiblissement du son de la voyelle en changeant la voyelle elle-même; ainsi ai, qui est accentué dans faim, clair, grain, devient inaccentué dans les dérivés (famine, clarté, grenier, gren etier); ai se change alors soit en a comme dans fa mine, clarté, soit en e muet comme dans grenier, grenetier, etc. De même, pour rendre sonore au présent de l'indicatif l'e muet des infinitifs apo-e-ler, rej-e-ter, ach-e-ter, pe-ler, me-ner, tantôt le français double la consonne (j'app elle, je rejette) et donne ainsi à l'e plus de sonorité, tantôt il place un accent grave sur l'e: j'achète, je pèle, je mène.

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A l'origine de notre langue, le français distinguait les voyelles latines brèves, quand elles sont accentuées (comme è par exemple dans venio, tě neo), des mêmes voyelles quand elles sont inaccentuées (comme è dans věníre, těnére),

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par le procédé suivant: il transformait ordinairement la voyelle accentuée en une diphthongue (e latin par exemple devenait ie) d'où je viens (věnio), je tiens (těneo), tandis qu'il gardait cet e intact quand la voyelle n'était pas accentuée, d'où venir (vě nire), tenir (tě nere), etc.... Cette manière de distinguer la voyelle accentuée des voyelles non accentuées, le français l'appliqua ensuite aux nouveaux

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mots qu'il créait: voilà pourquoi la diphthongue ie de chevalier, épicier, lièvre, sellier est devenue e dans chevalerie, épicerie, lévrier, sellerie, et comment on n'a pas dit chevalierie, épicierie comme on disait chevalier, épicier, etc.... Dans ces mots la diphthongue ie est accentuée, tandis que é ne l'est pas dans chevalerie, épicerie, etc.

CHAPITRE VII.

DES SIGNES ORTHOGRAPHIQUES.

54. On appelle signes orthographiques certains signes employés dans l'écriture, soit pour désigner les changements d'une même voyelle, comme o et ó, é et è, ai et aï, - ou la suppression d'une lettre, comme dans l'épée pour la épée; soit enfin pour réunir deux mots en un seul, arc-en-ciel, pied-à-terre, etc.

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55. Il y a cinq espèces de signes orthographiques : les accents, la cédille, le tréma, l'apostrophe et le trait

d'union.

56. Les accents sont au nombre de trois : l'accent circonflexe (^), l'accent grave (`), l'accent aigu ('). Leur principal usage a été expliqué aux § 18 et 22. Mais ajoutons ici que l'accent grave est employé en outre pour distinguer deux mots qui s'écrivent de la même manière : ainsi, a verbe et à préposition (il a donné un cheval à son frère); la article et là ad

verbe (la mer est venue jusque-là);

ou adverbe et

où conjonction (j'irai où il voudra, à Paris ou à Rome); des article et dès préposition (la neige des monta

gnes fondit dès l'arrivée du printemps.

Ces accents, inconnus au vieux français, nous viennent du grec, auquel ils ont été empruntés par les grammairiens français du

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