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conjugaisons forment leurs dérivés en aison: pendaison (pendre), démangeaison (démanger), flottaison (flotter), etc....

Le latin exprimait de même par le suffixe tionem l'action du verbe compara-tionem (action de comparer, de comparare), ven-ationem (action de chasser, de venari, chasser). Cette finale ationem devenant régulièrement aison en français: venaison (venationem), comparaison (comparationein), le suffixe aison fut à son tour employé au même usage.

133. on forme des substantifs à l'aide des verbes de la première conjugaison, comme dans juron de jurer; plongeon, de plonger, etc.

Pour l'histoire et l'origine du suffixe on, voy. au S 111.

:

134. ure marque le résultat de l'action exprimée par le verbe blessure de blesser, parure de parer, serrure de serrer, allure de aller. On ajoute ure au radical du verbe, sauf pour les verbes en ir (voy. § 127), qui intercalent iss: moisir, meurtrir, brunir, bouff ir font moisissure, meurtrissure, brunissure, bouffissure, parce que l'imparfait de ces verbes est moisissais, brunissais, et non pas mois ais, brun ais.

Le latin employait, pour le même usage, le suffixe t-ura: cult-ura (culture), pict-ura (peinture), de cultum, pictum, participes des verbes colere (cultiver), pingere (peindre).

CHAPITRE II.

DE L'ARTICLE.

135. Quand on a désigné par le mot cheval un certain animal, il reste à dire de quel cheval on veut parler;

dans ce but on place devant le nom un mot dit article, qui s'appelle article défini quand il s'applique à un objet déterminé, comme le cheval (dans cette phrase : le cheval de mon père est noir), et article indéfini quand il désigne un objet indéterminé, comme un cheval en général (par exemple : un cheval est toujours un animal utile).

L'article qui nous montre de quel cheval entre beaucoup d'autres on veut parler, est en réalité un adjectif démonstratif; voy. d'ailleurs au 137 comment le pronom démonstratif latin est devenu article en français.

SECTION I.

ARTICLE DÉFINI.

136. L'article défini a les deux genres et les deux nom→ bres au singulier le pour le masculin (le livre), la pour le féminin (la rose); au pluriel les pour les deux genres (les livres, les roses)..

137. Il s'accorde en genre et en nombre avec le nom, et est masculin ou féminin, singulier ou pluriel, suivant que le nom qui le suit est au masculin ou au féminin, au singulier ou au pluriel: le cheval, la tour, les hommes.

Le latin classique n'avait point d'article; c'était là une imperfection réelle, qui causait parfois plus d'une obscurité; aussi, vers la fin de l'Empire, le peuple commença à joindre aux substantifs le pronom démonstratif ille (ce, cet) pour la clarté du discours dans les cas où nous employons aujourd'hui le, la, les. Ainsi il disait illa ecclesia (proprement cette église), ille rex (ce roi), illa corona (cette couronne), pour dire simplement l'église, le roi, la couronne. On peut avoir une idée de cet emploi du pronom démonstratif comme article quand on le voit, sous nos yeux, fonctionner dans plusieurs patois. Ainsi le patois picard ne dit pas le curé, le maréchal, mais ch' curé, ch' marichau (proprement ce curé, ce

maréchal), employant ainsi, comme le latin vulgaire, le pronom démonstratif pour servir d'article.

Illum, devenu dans le latin mérovingien illom, puis illo, a donné le vieux français lo, qui s'est adouci vers le onzième siècle en le; de même illam a donné la; et illos a donné à l'origine le vieux français los, qui s'est au dixième siècle adouci en les, comme lo s'est adouci en le, et jo en je.

138. L'article défini le, la, est sujet à deux changements: l'élision et la contraction :

139. Quand le, la précèdent un nom commençant par une voyelle (le-amour, la-envie), ou une h muette (lehonneur, la-horreur), l'article perd sa voyelle, qui est remplacée par une apostrophe (voy. § 47): l'amour, l'envie, l'honneur, l'horreur. Cette chute de la voyelle se nomme élision.

Élision vient du latin elisionem, qui veut dire écrasement; la voyelle élidée est en effet écrasée et remplacée par l'apostrophe.

140. Quand l'article masculin le, les, précédé des prépositions de ou à, se trouve devant un nom commençant par une consonne (à-le père, de-le père, à les pères, de les pères) ou par une h aspirée (à-le héros), l'article et la préposition se fondent ensemble en un seul mot: ainsi à le se change en au (au père, au héros), de le se change en du (du père, du héros), à les se change en aux (aux pères, aux héros), de les se change en des (des pères, des héros). C'est ce qu'on appelle la contraction de l'article défini.

A-le, est d'abord devenu al dans le vieux français, de même que de-le est devenu del. Vers le douzième siècle, I s'adoucit en u (comme dans aube de alba, autre de alter), et de même que étal, val sont devenus étau et vau (dans à vau-l'eau, Vaugirard, etc....), l'article al est devenu au par un changement étudié au S 81. De même del est devenu deu comme la vieille forme chevel (restée dans chevelure) est devenue cheveu. Plus tard deu s'est

contracté en du, par le thangement de eu en u (comme dans les vieilles formes meu, bleuet, beuvant, aujourd'hui mû, bluet, buvant).

De même que a-le est devenu successivement al puis au, le pluriel a-les donna le vieux français als et enfin aus. Aus devint ensuite aux par un changement expliqué au $ 79. De-les contracté en dels à l'origine s'est réduit au douzième siècle à des.

SECTION II.

ARTICLE INDéfini.

141. L'article indéfini est au singulier un pour le masculin, une pour le féminin; au pluriel des pour les deux genres un homme, une femme; des hommes, des femmes.

142. Devant les noms de choses qui ne se comptent pas, on n'emploie point un ni une, mais du et de la. Ainsi on ne peut pas dire : donnez-moi un vin, une viande, comme on dit : donnez-moi une cerise ou une pomme; il faut dire: donnez-moi du vin, de la viande.

Notre article indéfini un, une vient du latin unus (un), una (une), qui avait déjà pris chez les Romains le sens de un certain. Les Latins avaient aussi pour unus un pluriel uni, unæ, una (una castra, unæ litteræ) qui est resté en français dans les uns, quelquesuns; l'ancien français avait même pour le pluriel le féminin unes. (On trouve au douzième siècle, dans le petit roman d'Aucassin et Nicolette unes grandes joues, unes grandes lèvres, pour dire deux grosses joues, deux grandes lèvres.)

!

CHAPITRE III.

DE L'ADJECTIF.

143. L'adjectif est un mot que l'on ajoute au nom pour exprimer la qualité d'une personne ou d'une

chose, c'est-à-dire pour personne ou cette chose noir, noir fait connaître est un adjectif.

marquer comment est cette ainsi quand on dit cheval comment est le cheval; noir

Le français adjectif vient du latin adjectivus et signifie qui s'ajoute à. Voy. pour plus de détails au § 64.

144. Les adjectifs prennent les deux genres et les deux nombres.

SECTION I.

FORMATION DU FÉMININ DANS LES ADJECTIFS.

145. RÈGLE générale. Pour former le féminin des adjectifs, on ajoute un e muet au masculin: méchant, méchante, saint, sainte.

Le latin formait son féminin en a bonus (bon), bon a (bonne). A final donnant toujours e muet en français (divina, divine; humana, humaine, etc.), cet e devint pour notre langue le signe distinctif du féminin.

146. Quand le masculin est déjà terminé par e (comme dans sage, maigre, large), l'adjectif ne change pas au féminin (sage, maigre, large).

147. Certains adjectifs ne se bornent pas à ajouter un e au féminin; ils changent en outre la dernière con

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