De détruire à ce coup un si solide espoir; PANDOLFE. La chose est résolue. Il faut que je t'embrasse et mille et mille fois, MASCARILLE. Ahi! ahi! doucement, je vous prie. De vos embrassements on se passeroit fort. Mais puisqu'un même jour nous met tous dans la joie, MASCARILLE, Vous voilà tous pourvus. N'est-il point quelque fille Qui pût accommoder le pauvre Mascarille? J'ai des démangeaisons de mariage aussi. ANSELME. J'ai ton fait. MASCARILLE. Allons donc; et que les cieux prospères Nous donnent des enfants dont nous soyons les pères! ERASTE. Veux-tu que je te die? une atteinte secrète Ne laisse point mon ame en une bonne assiette; Les gens de mon minois ne sont point accusés ERASTE. Souvent d'un faux espoir un amant est nourri: Le mieux reçu toujours n'est pas le plus chéri; Parfois n'est qu'un beau voile à couvrir d'autres flammes. Valère enfin, pour être un amant rebuté, Montre depuis un temps trop de tranquillité; Et ce qu'à ces faveurs, dont tu crois l'apparence, Il témoigne de joie ou bien d'indifférence, M'empoisonne à tous coups leurs plus charmants appas, Me donne ce chagrin que tu ne comprends pas, Tient mon bonheur en doute, et me rend difficile Une entière croyance aux propos de Lucile. Je voudrois, pour trouver un tel destin plus doux, Y voir entrer un peu de son transport jaloux, Et, sur ses déplaisirs et son impatience, Mon ame prendroit lors une pleine assurance. Toi-même penses-tu qu'on puisse, comme il fait, Voir chérir un rival d'un esprit satisfait? Et, si tu n'en crois rien, dis-moi, je t'en conjure, Si j'ai lieu de rêver dessus cette aventure? GROS-RENÉ. Peut-être que son cœur a changé de desirs, Connoissant qu'il poussoit d'inutiles soupirs. ÉRASTE. Lorsque par les rebuts une ame est détachéc, Elle veut fuir l'objet dont elle fut touchée, Et ne rompt point sa chaîne avec si peu d'éclat Qu'elle puisse rester en un paisible état. De ce qu'on a chéri, la fatale présence Ne nous laisse jamais dedans l'indifférence; Et, si de cette vue on n'accroît son dédain, Notre amour est bien près de nous rentrer au sein : Enfin, crois-moi, si bien qu'on éteigne une flamme, Un peu de jalousie occupe encore une ame; Et l'on ne sauroit voir, sans en être piqué, Posséder par un autre un cœur qu'on a manqué. GROS-RENÉ. Pour moi, je ne sais point tant de philosophie: Ce que voyent mes yeux franchement je m'y fie; Et ne suis point de moi si mortel ennemi, Que je m'aille affliger sans sujet ni demi. Pourquoi subtiliser, et faire le capable A chercher des raisons pour être misérable? Sur des soupçons en l'air je m'irois alarmer! Laissons venir la fète avant que la chomer. Le chagrin me paroît une incommode chose; Je n'en prends point pour moi sans bonne et juste cause, Et mêmes à mes yeux cent sujets d'en avoir A moins que la suivante en fasse autant pour moi: Que tantôt Marinette endure qu'à son aise ÉRASTE. Voilà de tes discours. GROS-RENÉ. Mais je la vois qui passe. SCENE II. ÉRASTE, MARINETTE, GROS-RENÉ. GROS-RENÉ. St, Marinette? MARINETTE. Oh! oh! Que fais-tu là? GROS-RENÉ. Ma foi! Demande, nous étions tout-à-l'heure sur toi. MARINETTE. Vous êtes aussi là, monsieur! Depuis une heure, Vous m'avez fait trotter comme un Basque, je meure. ÉRASTE. Comment? MARINETTE. Pour vous chercher j'ai fait dix mille pas, ÉRASTE. Quoi? MARINETTE. Que vous n'êtes pas Au temple, au Cours, chez vous, ni dans la grande place. ÉRASTE. Apprends-moi donc, de grace, GROS-RENÉ. Il falloit en jurer. Qui te fait me chercher? MARINETTE. Quelqu'un, en vérité, Qui pour vous n'a pas trop mauvaise volonté; ÉRASTE. Ah! chère Marinette, |