Mon abord en ces lieux la trouve mariée. LA SUIVANTE. Mariće! à qui done? LÉLIE, montrant Sganarelle. A lui. SGANARELLE. Moi? J'ai dit que c'étoit à ma femme Que j'étois marié. LÉLIB. Dans un grand trouble d'ame, Tantôt de mon portrait je vous ai vu saisi. SGANARELLE. Il est vrai: le voilà. LÉLIE, à Sganarelle. Vous m'avez dit aussi Que celle aux mains de qui vous avez pris ce gage, Étoit liée à vous des nœuds du mariage. (Montrant sa femme.) SGANARELLE. Sans doute. Et je l'avois de ses mains arraché; Et n'eusse pas sans lui découvert son péché. LA FEMME DE SCANARELLE. Que me viens-tu conter par ta plainte importune? Je l'avois sous mes pieds rencontré par fortune; montrant Lélie. J'ai fait dans sa foiblesse entrer monsieur chez nous, Je n'ai pas reconnu les traits de sa peinture. à Sganarelle. Qui m'a fait par vos soins remettre à la maison. SGANARELLE, à part. Prendrons-nous tout ceci pour de l'argent comptant? Mon front l'a, sur mon ame, eu bien chaude pourtant! LA FEMME DE SGANARELLE. Ma crainte toutefois n'est pas trop dissipée, Et, doux que soit le mal, je crains d'être trompée. SGANARELLE, à sa femme. Eh! mutuellement, croyons-nous gens de bien; Je risque plus du mien que tu ne fais du tien; LA FEMME DE SGANARELLE. Soit. Mais gare le bois si j'apprends quelque chose! CÉLIK, à Lélie, après avoir parlé bas ensemble. Ah! dieux! s'il est ainsi, qu'est-ce donc que j'ai fait? Oui, vous croyant sans foi, j'ai pris, pour ma vengeance, Le malheureux secours de mon obéissance, Et, depuis un moment, mon cœur vient d'accepter Un hymen que toujours j'eus lieu de rebuter. J'ai promis à mon père; et ce qui me désole... LÉLIE. Il me tiendra parole. SCÈNE XXIII. GORGIBUS, CÉLIE, LÉLIE, SGANARELLE, LA FEMME LÉLIE. Monsieur, vous me voyez en ces lieux de retour, LÉLIE. Quoi! monsieur, est-ce ainsi qu'on trahit mon espoir? CÉLIE. Mon devoir m'intéresse, Mon père, à dégager vers lui votre promesse. SCÈNE XXIV. VILLEBREQUIN, GORGIBUS, CÉLIE, LÉLIE, SGANARELLE, LA FEMME DE SGANARELLE, LA SUIVANTE DE CÉLIE. GORGIBUS. Qui vous amène ici, seigneur Villebrequin? VILLEBREQUIN. Un secret important que j'ai su ce matin, Qui rompt absolument ma parole donnée. GORGIBUS. Brisons là. Si, sans votre congé, M'empêche d'agréer un autre époux que lui. VILLEBREQUIN, Un tel choix me plaît fort. LÉLIE. Et cette juste envie SGANARELLE, seul. A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi! DON GARCIE, prince de Navarre, amant ÉLISE, confidente de done Elvire. de done Elvise. DONE ELVIRE, princesse de Léon. DON ALPHONSE, prince de Léon, cru DON ALVAR, confident de don Garcie, amant d'Élise. DON LOPE, autre confident de don Garcie, amant d'Élise. DON PEDRE, écuyer d'Ignès. UN PAGE de done Elvire. La scène est dans Astorgue, ville d'Espagne, dans le royaume de Léon. DONE ELVIRE. Non, ce n'est point un choix, qui, pour ces deux amants, Sut régler de mon cœur les secrets sentiments; Et le prince n'a point, dans tout ce qu'il peut être, Ce qui fit préférer l'amour qu'il fait paroître. Don Sylve, comme lui, fit briller à mes yeux Laissa vers don Garcie entraîner tous mes vœux. DONE ELVIRE. De ces nobles rivaux l'amoureuse poursuite, |