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Mon abord en ces lieux la trouve mariée.

LA SUIVANTE. Mariée! à qui donc ?

LÉLIE, montrant Sganarelle. A lui.

LÉLIE. Oui-dà!

LA SUIVANTE.

LA SUIVANTE. Comment, à lui?

Qui vous l'a dit?

LA SUIVANTE, à Sganarellę.

Est-il vrai?

LÉLIE. C'est lui-même, aujourd'hui.

SCANARELLE. Moi? J'ai dit que c'étoit à ma femme
Que j'étois marié.

LÉLIE. Dans un grand trouble d'ame,
Tantôt de mon portrait je vous ai vu saisi.

SCANARELLE. Il est vrai: le voilà.

LÉLIE, à Sganarelle. Vous m'avez dit aussi

Que celle aux mains de qui vous avez pris ce gage,
Étoit liée à vous des nœuds du mariage.

(Montrant sa femme.)

SCANARELLE. Sans doute. Et je l'avois de ses mains arraché;
Et n'eusse pas sans lui découvert son péché.

LA FEMME DE SCANARELLE.

Que me viens-tu conter par ta plainte importune? Je l'avois sous mes pieds rencontré par fortune; Et même, quand, après ton injuste courroux, montrant Lélie. J'ai fait dans sa foiblesse entrer monsieur chez nous, Je n'ai pas reconnu les traits de sa peinture. CELIE. C'est moi qui du portrait ai causé l'aventure; Et je l'ai laissé choir en cette pamoison,

à Sganarelle. Qui m'a fait par vos soins remettre à la maison. LA SUIVANTE. Vous voyez que sans moi vous y seriez encore, Et vous aviez besoin de mon peu d'ellébore.

SCANARELLE, à part.

Prendrons-nous tout ceci pour de l'argent comptant?
Mon front l'a, sur mon ame, eu bien chaude pourtant!

LA FEMME DE SGANARELLE.

SCANARELLE,

Ma crainte toutefois n'est pas trop dissipée,
Et, doux que soit le mal, je crains d'être trompée.
à sa femme.

de bien;

Eh! mutuellement, croyons-nous gens
Je risque plus du mien que tu ne fais du tien;
Accepte sans façon le marché qu'on propose.

LA FEMME DE SGANARELLE.

Soit. Mais gare le bois si j'apprends quelque chose!

CELIE, à Lélie, après avoir parlé bas ensemble.

Ah! dieux! s'il est ainsi, qu'est-ce donc que j'ai fait?

Je dois de mon courroux appréhender l'effet.

Oui, vous croyant sans foi, j'ai pris, pour ma vengeance,

Le malheureux secours de mon obéissance,

Et, depuis un moment, mon cœur vient d'accepter

Un hymen que toujours j'eus lieu de rebuter.

J'ai promis à mon père; et ce qui me désole...
Mais je le vois venir.

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GORGIBUS, CÉLIE, LÉLIE, SGANARELLE, LA FEMME DE SGANARELLE, LA SUIVANTE DE CÉLIE.

LELIE. Monsieur, vous me voyez en ces lieux de retour,
Brûlant des mêmes feux; et mon ardent amour
Verra, comme je crois, la promesse accomplie
Qui me donna l'espoir de l'hymen de Célie,
CORGIBUS. Monsieur, que je revois en ces lieux de retour,
Brûlant des mêmes feux, et dont l'ardent amour
Verra, que vous croyez, la promesse accomplic
Qui vous donna l'espoir de l'hymen de Célie,
Très humble serviteur à votre seigneurie.

LELIE. Quoi! monsieur, est-ce ainsi qu'on trahit mon espoir?
GORGIBUS. Oui, monsieur, c'est ainsi que je fais mon devoir:

Ma fille en suit les lois.

CÉLIE. Mon devoir m'intéresse,

Mon père, à dégager vers lui votre promesse.

CORGIBUS. Est-ce répondre en fille à mes commandements?
Tu te démens bientôt de tes bons sentiments.

Pour Valère, tantôt... Mais j'aperçois son père:
Il vient assurément pour conclure l'affaire.

SCÈNE XXIV.

VILLEBREQUIN, GORGIBUS, CÉLIE, LÉLIE, SGANARELLE, LA FEMME DE SCANARELLE, LA SUIVANTE DE CÉLIE.

Gorgibus. Qui vous amène ici, seigneur Villebrequin? VILLEBREQUIN. Un secret important que j'ai su ce matin,

Qui rompt absolument ma parole donnée.
Mon fils, dont votre fille acceptoit l'hyménée,
Sous des liens cachés trompant les yeux de tous,
Vit depuis quatre mois avec Lise en époux;
Et, comme des parents le bien et la naissance
M'ôtent tout le pouvoir d'en casser l'alliance,
Je vous viens...

GORGIBUS. Brisons là. Si, sans votre congé,
Valère votre fils ailleurs s'est engagé,

Je ne vous puis celer que ma fille Célie

Et

Dès long-temps par moi-même est promise à Lélie; que, riche en vertu, son retour aujourd'hui M'empêche d'agréer un autre époux que lui.

VILLEBREQUIN. Un tel choix me plaît fort.

LELIE. Et cette juste envie

D'un bonheur éternel va couronner ma vie...
GORGIBUS. Allons choisir le jour pour se donner la foi.
SCANARELLE, seul.

A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi!
Vous voyez qu'en ce fait la plus forte apparence
Peut jeter dans l'esprit une fausse créance.
De cet exemple-ci ressouvenez-vous bien;
Et, quand vous verriez tout, ne croyez jamais rien.

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DON GARCIE, prince de Navarre, amant ÉLISE, confidente de done Elvire.

de done Elvi: e.

DONE ELVIRE, princesse de Léon. DON ALPHONSE, prince de Léon, cru prince de Castille,sous le nom de don Sylve. DONE IGNÈS, comtesse, amante de don Sylve, aimée par Mauregat.

DON ALVAR, confident de don Garcie, amant d'Élise.

DON LOPE, autre confident de don Garcie, amant d'Élise.

DON PEDRE, écuyer d'Ignès.
UN PAGE de done Elvire.

La scène est dans Astorgue, ville d'Espagne, dans le royaume de Léon.

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DONE ELVIRE. Non, ce n'est point un choix, qui, pour ces deux amants, Sut régler de mon cœur les secrets sentiments;

Et le prince n'a point, dans tout ce qu'il peut être,

Ce qui fit préférer l'amour qu'il fait paroître. Don Sylve, comme lui, fit briller à mes yeux Toutes les qualités d'un héros glorieux; Même éclat de vertus, joint à même naissance, Me parloit en tous deux pour cette préférence; Et je serois encore à nommer le vainqueur, Si le mérite seul prenoit droit sur un cœur: Mais ces chaînes du ciel qui tombent sur nos ames, Décidèrent en moi le destin de leurs flammes; Et toute mon estime, égale entre les deux, Laissa vers don Garcie entraîner tous mes vœux. ÉLISE. Cet amour que pour lui votre astre vous inspire, N'a sur vos actions pris que bien peu d'empire, Puisque nos yeux, madame, ont pu long-temps douter Qui de ces deux amants vous vouliez mieux traiter. DONE ELVIRE. De ces nobles rivaux l'amoureuse poursuite,

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