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La mort, la seule mort est toute mon attente.
DONE ELVIRA. Non, non; de ce transport le soumis mouvement,
Prince, jette en mon ame un plus doux sentiment.
Par lui de mes serments je me sens détachée;

Vos plaintes, vos respects, vos douleurs m'ont touchée;
J'y vois partout briller un excès d'amitié,

Et votre maladie est digne de pitié.

Je vois, prince, je vois qu'on doit quelque indulgence Aux défauts où du ciel fait pencher l'influence; Et, pour tout dire enfin, jaloux ou non jaloux, Mon roi, sans me gêner, peut me donner à vous. DON GARCIE. Ciel! dans l'excès des biens que cet aveu m'octroic, Rends capable mon cœur de supporter sa joie! DON ALPHONSE. Je veux que cet hymen, après nos vains débats, Seigneur, joigne à jamais nos cœurs et nos états. Mais ici le temps presse, et Léon nous appelle: Allons dans nos plaisirs satisfaire son zèle: Et, par notre présence et nos soins différents, Donner le dernier coup au parti des tyrans

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SCANARELLE. Mon frère, s'il vous plaît, ne discourons point tant,
Et que chacun de nous vive comme il l'entend.
Bien que sur moi des ans vous ayez l'avantage,
Et soyez assez vieux pour devoir étre sage,
Je vous dirai pourtant que mes intentions
Sont de ne prendre point de vos corrections;
Que j'ai pour tout conseil ma fantaisie à suivre,
Et me trouve fort bien de ma façon de vivre.

ARISTE. Mais chacun la condamne.

Mon frère.

ARISTE.

SGANARELLE. Oui, des fous comme vous,

Grand merci, le compliment est doux! SGANARELLE. Je voudrois bien savoir, puisqu'il faut tout entendre, Ce que ces beaux censeurs en moi peuvent reprendre.

ARISTE. Cette farouche humeur, dont la sévérité
Fuit toutes les douceurs de la société,
A tous vos procédés inspire un air bizarre,
Et, jusques à l'habit, rend tout chez vous barbare.

SGANARELLE. Il est vrai qu'à la mode il faut m'assujétir,
Et ce n'est pas pour moi que je me dois vètir.
Ne voudriez-vous point, par vos belles sornettes,

Monsieur mon frère aîné, car, dieu merci, vous l'êtes
D'une vingtaine d'ans, à ne vous rien celer,
Et cela ne vaut point la peine d'en parler;
Ne voudriez-vous point, dis-je, sur ces matières,
De vos jeunes muguets m'inspirer les manières?
M'obliger à porter de ces petits chapeaux
Qui laissent éventer leurs débiles cerveaux;
Et de ces blonds cheveux, de qui la vaste enflure
Des visages humains offusque la figure?

De ces petits pourpoints sous les bras se perdans,
Et de ces grands collets jusqu'au nombril pendans?
De ces manches qu'à table on voit tâter les sauces?
Et de ces cotillons appelés hauts-de-chausses?
De ces souliers mignons de rubans revêtus,
Qui vous fout ressembler à des pigeons pattus?
Et de ces grands canons où, comme en des entraves,
On met tous les matins ses deux jambes esclaves,
Et par qui nous voyons ces messieurs les galans
Marcher écarquillés ainsi que des volans?

Je vous plairois, sans doute, équipé de la sorte?
Et je vous vois porter les sottises qu'on porte.
ARISTE. Toujours au plus grand nombre on doit s'accommoder,
Et jamais il ne faut se faire regarder.

L'un et l'autre excès choque, et tout homme bien sage
Doit faire des habits ainsi que du langage,

N'y rien trop affecter, et, sans empressement,
Suivre ce que l'usage y fait de changement.
Mon sentiment n'est pas qu'on prenne la méthode
De ceux qu'on voit toujours renchérir sur la mode;
Et qui, dans cet excès dont ils sont amoureux,
Seroient fâchés qu'un autre cût été plus loin qu'eux;
Mais je tiens qu'il est mal, sur quoi que l'on se fonde,
De fuir obstinément ce que suit tout le monde,
Et qu'il vaut mieux souffrir d'être au nombre des fous,
Que du sage parti se voir seul contre tous.

SGANARELLE. Cela sent son vieillard, qui, pour en faire accroire,
Cache ses cheveux blancs d'une perruque noire.
ARISTE. C'est un étrange fait du soin que vous prenez,
A me venir toujours jeter mon âge au nez;
Et qu'il faille qu'en moi sans cesse je vous voie
Blâmer l'ajustement, aussi bien que la joie:
Comme si, condamnée à ne plus rien chérir,
La vieillesse devoit ne songer qu'à mourir,

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