J'y consens, devant tout aux jours qu'il a sauvés. ÉRASTE. Qui frappe là si fort? (On frappe à la porte de Damis.) SCÈNE VII. DAMIS, ORPHISE, ÉRASTE, L'ÉPINE. L'ÉPINE. Monsieur, ce sont des masques, Qui portent des crin-crins et des tambours de basques. (Les masques entrent qui occupent toute la place.) ERASTE. Quoi! toujours des fâcheux! Holà! Suisses, ici; Qu'on me fasse sortir ces gredins que voici. Des Suisses, avec des hallebardes, chassent tous les masques fâcheux, et se retirent ensuite pour laisser danser à leur aise DERNIÈRE ENTRÉE. Quatre bergers et une bergère, qui, au sentiment de tous ceux qui l'ont vue, ferme e suis le plus embarras sé homme du monde, lorsqu'il me faut dédier un livre; et je me trouve si peu fait au style d'épître dédicatoire que je ne sais par où sortir de celle-ci. Un autre auteur, qui seroit en ma place, trouveroit d'abord cent belles choses à dire de Votre Altesse Royale, sur ce titre de l'École des Femmes, et l'offre qu'il vous en feroit. Mais, pour moi, Madame, je vous avoue mon foible. Je ne sais point cet art de trouver des rapports entre des choses si peu proportionnées; et, quelques belles lumières que mes confrères les auteurs me donnent tous les jours sur de pareils sujets, je ne vois point ce que Votre Altesse Royale pourroit avoir à démêler avec la comédie que je lui présente. On n'est pas en peine, sans doute, comment il faut faire pour vous louer. La matière, Madame, ne saute que trop aux yeux ; et, de quelque côté qu'on vous regarde, on rencontre gloire sur gloire, et qualités sur qualités. Vous en avez, Madame, du côté du rang et de la naissance, qui vous font respecter de toute la terre. Vous en avez du côté des graces, et de l'esprit, et du corps, qui vous font admirer de toutes les personnes qui vous voient. Vous en avez du côté de l'ame, qui, si l'on ose parler ainsi, vous font aimer de tous ceux qui ont l'honneur d'approcher de vous: je veux dire cette douceur pleine de charmes, dont vous daignez tempérer la fierté des grands titres que vous portez; cette bonté toute obligeante, cette affabilité généreuse que vous faites paroître pour tout le monde. Et ce sont particulièrement ces dernières pour qui je suis, et dont je sens fort bien que je ne me pourrai taire quelque jour. Mais encore une fois, Madame, je ne sais point le biais de faire entrer ici des vérités si éclatantes; et ce sont choses, à mon avis, et d'une trop vaste étendue, et d'un mérite trop relevé pour les vouloir renfermer dans une épître et les mêler avec des bagatelles. Tout bien considéré, Madame, je ne vois rien à faire ici pour moi, que de vous dédier simplement ma comédie, et de vous assurer, avec tout le respect qu'il m'est possible, que je suis, DE VOTRE ALTESSE ROYALE, Le très humble, très obéissant J.-B. P. MOLIÈRE. PRÉFACE. cès dont je me contente. Je sais qu'on attend de moi dans cette impression quelque préface qui réponde aux censeurs et rende raison de mon ouvrage; et sans doute que je suis assez redevable à toutes les personnes qui lui ont donné leur approbation pour me croire obligé de défendre leur jugement contre celui des autres; mais il se trouve qu'une grande partie des choses que j'aurois à dire sur ce sujet est déjà dans une dissertation que j'ai faite en dialogue, et dont je ne sais encore ce que je ferai. L'idée de ce dialogue, ou, si l'on veut, de cette petite comédie, me vint après les deux ou trois premières représentations de ma pièce. Je la dis, cette idée, dans une maison où je me trouvai un soir; et d'abord une per sonne de qualité, dont l'esprit est assez connu dans le monde, et qui me fait l'hon neur de m'aimer, trouva le projet assez à son gré, non-seulement pour me solliciter d'y mettre la main, mais encore pour l'y mettre lui-même ; et je fus étonné que deux jours après il me montra toute l'affaire exécutée d'une manière, à la vérité, beaucoup plus galante et plus spirituelle que je ne puis faire, mais où je trouvai des choses trop avantageuses pour moi; et j'eus peur que, si je produisois cet ouvrage sur notre théâtre, on ne m'accusat d'abord d'avoir mendié les louanges qu'on m'y donnoit. Cependant cela m'empècha, par quelque considération, d'achever ce que j'avois commencé. Mais tant de gens me pressent tous les jours de le faire, que je ne sais ce qui en sera; et cette incertitude est cause que je ne mets point dans cette préface ce qu'on verra dans la Critique, en cas que je me résolve à la faire paroître. S'il faut que cela soit, je le dis encore, ce sera seulement pour venger le public du chagrin délicat de certaines gens; car, pour moi, je m'en tiens assez vengé par la réussite de ma comédie; et je souhaite que toutes celles que je pourrai faire soient traitées par eux comme celle-ci, pourvu que le reste suive de même. PERSONNAGES. ARNOLPHE, autrement M. DE LA GEORGETTE, paysanne, servante d'Ar AGNÈS, jeune fille innocente, élevée par CHRYSALDE, ami d'Arnolphe. Arnolphe. HORACE, amant d'Agnès. ALAIN, paysan, valet d'Arnolphe. ENRIQUE, beau - frère de Chrysalde. ORONTE, père d'Horace, et grand ami d'Arnolphe. UN NOTAIRE. La scène est dans une place publique. CHRYSALDE, Vous venez, dites-vous, pour lui donner la main? Et bien sot, ce me semble, est le soin qu'on en prend. Que vos plus grands plaisirs sont, partout où vous êtes, ARNOLPHE. Fort bien. Est-il au monde une autre ville aussi, A ceux qui prennent soin de le faire cornard; CHRYSALDE. Oui; mais qui rit d'autrui Doit craindre qu'en revanche on rie aussi de lui. |