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SGANARELLE. De ces deux épées?
ALCIDAS. Oui, s'il vous plaît.

SGANARELLE. A quoi bon?

ALCIDAS. Monsieur, comme vous refusez d'épouser ma sœur après la parole donnée, je crois que vous ne trouverez pas mauvais le petit compliment que je viens vous faire.

SGANARELLE. Comment?

ALGIDAS. D'autres gens feroient du bruit et s'emporteroient contre vous;
mais nous sommes personnes à traiter les choses dans la douceur, et
je viens vous dire civilement qu'il faut, si vous le trouvez bon, que
nous nous coupions la gorge ensemble.

SGANARELLE. Voilà un compliment fort mal tourné.
ALCIDAS. Allons, monsieur, choisissez, je vous prie.

SCANARELLE. Je suis votre valet, je n'ai point de gorge à me couper. 1

(à part.) La vilaine façon de parler que voilà!

ALCIDAS. Monsieur, il faut que cela soit, s'il vous plaît.
SGANARELLE. Eh! monsieur, rengaînez ce compliment, je vous prie.
ALCIDAS. Dépêchons vite, monsieur. J'ai une petite affaire qui m'attend.
SGANARELLE. Je ne veux point de cela, vous dis-je.

ALCIDAS. Vous ne voulez pas vous battre?

SGANARELLE. Nenni, ma foi!

ALCIDAS. Tout de bon?

SGANARELLE. Tout de bon.

ALCIDAS, après lui avoir donné des coups de bâton. Au moins, monsieur, vous n'avez pas lieu de vous plaindre; vous voyez que je fais les choses dans l'ordre. Vous nous manquez de parole, je me veux battre contre vous; vous refusez de vous battre, je vous donne des coups de bâton; tout cela est dans les formes; et vous êtes trop honnête homme pour ne pas approuver món procédé.

SGANARELLE, à part. Quel diable d'homme est-ce-ci?

ALCIDAS lui présente encore les deux épées. Allons, monsieur, faites les choses galamment et sans vous faire tirer l'oreille.

SGANARELLE. Encore?

ALCIDAS. Monsieur, je ne contrains personne; mais il faut que vous vous battiez, ou que vous épousiez ma sœur.

SGANARELLE. Monsieur, je ne puis faire ni l'un ni l'autre, je vous assure.
ALCIDAS. Assurément?

SGANARELLE. Assurément.

ALCIDAS. Avec votre permission donc... (Alcidas lui donne encore des coups

de bâton.)

SGANARELLE. Ah! ah! ah!

ALCIDAS. Monsieur, j'ai tous les regrets du monde d'être obligé d'en user ainsi avec vous; mais je ne cesserai point, s'il vous plaît, que vous

i

t

1

:

n'ayez promis de vous battre ou d'épouser ma sœur. (Alcidas lève le báton.)

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SGANARELLE. Eh bien! j'épouserai, j'épouserai.

ALCIDAS. Ah! monsieur, je suis ravi que vous vous mettiez à la raison et que les choses se passent doucement. Car enfin, vous êtes l'homme du monde que j'estime le plus, je vous jure, et j'aurois été au désespoir que vous m'eussiez contraint à vous maltraiter. Je vais appeler mon père pour lui dire que tout est d'accord. (Il va frapper à la porte d'Alcantor.)

۱۰

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SCÈNE XVII.

ALCANTOR, DORIMÈNE, ALCIDAS, SGANARELLE.

ALCIDAS. Mon père, voilà monsieur qui est tout-à-fait raisonnable. Il a voulu faire les choses de bonne grace et vous pouvez lui donner ma

sœur.

ALCANTOR. Monsieur, voilà sa main, vous n'avez qu'à donner la vôtre. Loué soit le ciel! M'en voilà déchargé, et c'est vous désormais que regarde le soin de sa conduite. Allons nous réjouir et célébrer cet heureux mariage.

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Dansé par Sa Majesté le 29 jour de janvier 1664,

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omme il n'y a rien au monde qui soit si commun que le mariage, et que c'est une chose sur laquelle les hommes ordinairement se tournent le plus en ridicules, il n'est pas merveilleux que ce soit toujours la matière de la plupart des comédies, aussi bien que des ballets, qui sont des comédies muettes; et c'est par là qu'on a pris l'idée de cette comédie-mascarade.

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