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cret m'a inspirée, et que je n'ai suivie qu'avec toutes les violences imaginables. Il falloit qu'elle cessât bientôt, sans doute, et je m'étonne seulement qu'elle ait pu durer la moitié d'un jour; car, enfin, je mourois, je brûlois dans l'ame quand je vous déguisois mes sentiments, et jamais cœur n'a souffert une contrainte égale à la mienne. Que si cette feinte, madame, a quelque chose qui vous offense, je suis tout prêt de mourir pour vous en venger; vous n'avez qu'à parler, et ma main sur-le-champ fera gloire d'exécuter l'arrêt que vous prononcerez.

LA PRINCESSE. Non, non, prince, je ne vous sais pas mauvais gré de m'avoir abusée; et, tout ce que vous m'avez dit, je l'aime bien mieux une feinte que non pas une vérité.

IPHITAS. Si bien donc, ma fille, que tu veux bien accepter ce prince pour époux?

LA PRINCESSE. Seigneur, je ne sais pas encore ce que je veux; donnezmoi le temps d'y songer, je vous prie, et m'épargnez un peu la confusion où je suis.

IPHITAS. Vous jugez, prince, ce que cela veut dire, et vous vous pouvez fonder là-dessus.

EURYALE. Je l'attendrai tant qu'il vous plaira, madame, cet arrêt de ma destinée; et, s'il me condamne à la mort, je le suivrai sans murmure. IPHITAS. Viens, Moron; c'est ici un jour de paix, et je te remets en grace avec la princesse.

MORON. Seigneur, je serai meilleur courtisan une autre fois, et je me garderai bien de dire ce que je pense.

SCÈNE III.

ARISTOMÈNE, THÉOCLE, IPHITAS, LA PRINCESSE, EURYALE, AGLANTE, CYNTHIE, MORON.

IPHITAS, aux princes de Messène et de Pyle. Je crains bien, princes, que le choix de ma fille ne soit pas en votre faveur; mais voilà deux princesses qui peuvent bien vous consoler de ce petit malheur. ARISTOMÈNE. Seigneur, nous savons prendre notre parti; et, si ces aimables princesses n'ont point trop de mépris pour des cœurs qu'on a rebutés, nous pouvons revenir par elles à l'honneur de votre alliance.

SCÈNE IV.

IPHITAS, LA PRINCESSE, AGLANTE, CYNTHIE, PHILIS, EURYALE, ARISTOMÈNE, THEOCLE, MORON.

PHILIS, à Iphitas. Seigneur, la déesse Vénus vient d'annoncer partout le changement du cœur de la princesse. Tous les pasteurs et toutes les bergères en témoignent leur joie par des danses et des chansons; et, si ce n'est point un spectacle que vous méprisiez, vous allez voir l'allégresse publique se répandre jusques ici.

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CINQUIÈME INTERMÈDE.

BERGERS ET BERGERES.

QUATRE BERGERS ET DEUX BERGÈRES HEROÏQUES chantent la chanson suivante sur l'air de laquelle dansent d'autres bergers et bergères.

Usez mieux, ô beautés fières,
Du pouvoir de tout charmer;
Aimez, aimables bergères,
Nos cœurs sont faits pour aimer.

Quelque fort qu'on s'en défende,
Il y faut venir un jour;

Il n'est rien qui ne se rende

Aux doux charmes de l'amour.

Songez de bonne heure à suivre
Le plaisir de s'enflammer;
Un cœur ne commence à vivre
Que du jour qu'il sait aimer.

Quelque fort qu'on s'en défende,

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