elles-mêmes, qui durent et survivent, il en est beaucoup qui ne se maintiennent que de loin, pour ainsi dire, et dont le nom reste mieux que les œuvres dans la mémoire des hommes. Molière, lui, est du petit nombre toujours présent, au profit de qui se font et se feront toutes les conquêtes possibles de la civilisation nouvelle. Plus cette mer d'oubli du passé s'étend derrière et se grossit de tant de débris, et plus aussi elle porte ces mortels fortunés et les exhausse; un flot éternel les ramène tout d'abord au rivage des générations qui recommencent. Les réputations, les génies futurs, les livres, peuvent se multiplier, les civilisations peuvent se transformer dans l'avenir, pourvu qu'elles se continuent; il y a cinq ou six grandes œuvres qui sont entrées dans le fonds inaliénable de la pensée humaine. Chaque homme de plus qui sait lire est un lecteur de plus pour Molière. Eh bien! Léandre, eh bien! il faudra contester; LÉLIE. Voici bien des affaires; J'ai dans ma passion toutes choses contraires : Malgré mon changement est toujours mon rival. MASCARILLE. Léandre aime Célie! MASCARILLE. Tant pis. LELIE. Il l'adore, te dis-je. LÉLIE. Eh! oui, tant pis; c'est là ce qui m'afflige. Toutefois j'aurois tort de me désespérer; Je sais que ton esprit, en intrigues fertile, MASCARILLE. Eh! trève de douceurs. Et dans un autre temps, dès le moindre courroux, Mais enfin discourons un peu de ma captive: MASCARILLE. Vous êtes romanesque avecque vos chimères. Et de quels beaux sermons on vous régalera. Elle n'est pas fort bonne, et vous devriez tâcher... LÉLIE. Sais-tu qu'on n'acquiert rien de bon à me fâcher, Que chez moi les avis ont de tristes salaires, Qu'un valet conseiller y fait mal ses affaires? MASCARILLE, à part. Il se met en courroux. (haut.) Tout ce que j'en ai dit |