La Renommée en ce moment M'apprend que la Parque inhumaine, O toi, mon guide et mon modéle, La voix de ma reconnoissance, Pardonne au légitime effroi, Au sombre ennui qui fond sur moi, De vers immortels comme toi. Moi, qui voudrois en traits de flamme Ma tendresse et ton souvenir, L'amour, le charme de notre âge, Mais à travers les voiles sombres Quand je te cherche dans les ombres, Dans le silence du tombeau, Puis-je soutenir le pinceau? D'Atticus, et de Fénélon: Pour moi, de ma douleur profonde Trop pénétré pour la chanter, N'admirant plus rien en ce monde Où je ne puis plus t'écouter, Sur l'urne qui contient ta cendre, Et que je viens baigner de pleurs, Chaque printemps je veux répandre Le tribut des premières fleurs; Et puisque enfin je perds le maître Qui du vrai beau m'eût fait connoître Les mystères les plus secrets, Je vais à tes sombres cyprès Suspendre ma lyre, et peut-être Pour ne la reprendre jamais. A MA SOEUR SUR MA CONVALESCENCE. Toi, que la voix de ma douleur La douloureuse rêverie, Après mon péril même en conserves l'horreur, Renais, rappelle la douceur De ton alégresse chérie, Ma Minerve, ma tendre sœur. Mais quoi! suis-je encor fait pour nommer l'alégresse, Et pour en chanter les appas, Moi qui, depuis deux mois de mortelle tristesse, La faux sanglante du trépas ? Par les songes du sombre empire, Quand sur les champs de Syracuse Un volcan vient au loin d'exercer ses fureurs, Aux bords désolés d'Aréthuse Daphné cherche-t-elle des fleurs? Si de l'inflexible raison Il ne falloit qu'offrir les stoïques maximes, Telle que le soleil au bout de sa carrière, Et prête à voir finir le songe de la vie, Le néant de cet univers. Et sur les faux biens des humains, Je pourrois à tes yeux renverser leurs idoles, Les dieux de leur folie, ouvrage de leurs mains, Et, dans mon ardeur intrépide, De la vérité moins timide Osant rallumer le flambeau, Juger et nommer tout avec cette assurance Réduit, comme je fus, par l'arrêt inflexible |