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Dont je l'ai soupçonné, graces à son talent.

LISETTE.

Le soupçonner! comment c'est là que vous en êtes? Mafoi, c'est trop d'honneur, monsieur, que vous lui faites; Croyez d'avance, et tout...

ARISTE.

Il s'en est peu fallu

Que pour ce mariage on ne m'ait pas revu:

Sans toutes mes raisons, qui l'ont bien ramenée,

La mère de Valère étoit déterminée

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Au moment où j'en parle; à toute heure on l'attend.

LISETTE

Bon! il est ici.

ARISTE.

Lui?

LISETTE.

Lui, le fait est constant.

ARISTE.

Mais quelle étourderie!

LISETTE.

Oh! toutes ses mesures

Sembloient, pour le cacher, bien prises et bien sûres : Il n'a vu que Cléon; et, l'oracle entendu,

Dans le bois près d'ici Valère s'est perdu,

Et je l'y crois encor: comptez que c'est lui-même,
Je le sais de Frontin.

ARISTE.

Quel embarras extrême!

Que faire? L'aller voir, on sauroit tout ici :
Lui mander mes conseils est le meilleur parti.
Donne-moi ce qu'il faut; hâte-toi, que j'écrive.

LISETTE.

J'y vais... J'entends, je crois, quelqu'un qui nous arrive.

SCÈNE V.

ARISTE.

Ce voyage insensé, d'accord avec Cléon,

Sur la lettre anonyme augmente mon soupçon:

La noirceur masque en vain les poisons qu'elle verse, Tout se sait tôt ou tard, et la vérité perce:

Par eux-mêmes souvent les méchants sont trahis.

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Mais, de grace, monsieur, voulez-vous bien m'apprendre Où je puis voir Géronte?

'ARISTE.

Il seroit mieux d'attendre:

En ce moment, monsieur, il est fort occupé.

VALÈRE.

Et Florise. On viendroit, ou je suis bien trompé :
L'étiquette du lieu seroit un peu légère;

Et quand un gendre arrive, on n'a point d'autre affaire.

ARISTE.

Quoi! vous êtes...

VALÈRE.

Valère.

ARISTE.

Eh quoi! surprendre ainsi!

Votre mère vouloit vous présenter ici,

A ce qu'on m'a dit.

VALÈRE.

Bon! vieille cérémonie :

D'ailleurs je sais très bien que l'affaire est finie,

Ariste a décidé... Cet Ariste, dit-on,

Est aujourd'hui chez moi maître de la maison:
On suit aveuglément tous les conseils qu'il donne :
Ma mère est, par malheur, fort crédule, trop bonne.

ARISTE.

Sur l'amitié d'Ariste, et sur sa bonne foi...

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Ce n'est point sur ce qui me regarde

Que je me plains des traits que votre erreur hasarde;
Ne me connoissant point, ne pouvant me juger,
Vous ne m'offensez pas : mais je dois m'affliger
Du ton dont vous parlez d'une mère estimable,
Qui vous croit de l'esprit, un caractère aimable;
Qui veut votre bonheur: voilà ses seuls défauts.
Si votre cœur au fond ressemble à vos propos...

VALÈRE.

Vous me faites ici les honneurs de ma mère,
Je ne sais pas pourquoi : son amitié m'est chère;
Le hasard vous a fait prendre mal mes discours,
Mais mon cœur la respecte et l'aimera toujours.

ARISTE.

Valère, vous voilà; ce langage est le vôtre :

Oui, le bien vous est propre; et le mal est d'un autre.

(à part.)

VALÈRE.

(haut.)

Oh! voici les sermons, l'ennui!.. Mais, s'il vous plaît, Ne ferions-nous pas bien d'aller voir où l'on est?

Il convient...

ARISTE.

Un moment: si l'amitié sincère M'autorise à parler au nom de votre mère, De grace expliquez-moi ce voyage secret Qu'aujourd'hui même ici vous avez déja fait.

Vous savez...?

VALÈRE.

ARISTE.

Je le sais.

VALÈRE.

Ce n'est point un mystère

Bien merveilleux; j'avois à parler d'une affaire
Qui regarde Cléon, et m'intéresse fort;
J'ai voulu librement l'entretenir d'abord,
Sans être interrompu par la mère et la fille,
Et nous voir assiégés de toute une famille;
Comme il est mon ami...

ARISTE.

Lui?

VALÈRE.

Mais assurément.

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