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Mais il avoit Phriné, qu'elle hait à la mort.

Lisidor à la fin a quitté Doralise:

Elle est bien, mais, ma foi! d'une horrible bêtise; Déja depuis long-temps cela devoit finir,

Et le pauvre garçon n'y pouvoit plus tenir.

CLÉON, bas à Valère.

Très bien: continuez.

VALÈRE.

J'oubliois de vous dire

Qu'on a fait des couplets sur Lucile et Delphire:
Lucile en est outrée, et ne se montre plus;
Mais Delphire a mieux pris son parti là-dessus;
On la trouve par-tout s'affichant de plus belle,
Et se moquant du ton, pourvu qu'on parle d'elle.
Lise a quitté le rouge, et l'on se dit tout bas
Qu'elle feroit bien mieux de quitter Licidas;
On prétend qu'il n'est pas compris dans la réforme,
Et qu'elle est seulement bégueule pour la forme.

GÉRONTE.

Quels diables de propos me tenez-vous donc là?

VALÈRE.

Quoi! vous ne saviez pas un mot de tout cela?
On n'en dit rien ici? l'ignorance profonde!
Mais c'est, en vérité, n'être pas de ce monde;
Vous n'avez donc, monsieur, aucune liaison?
Eh mais! où vivez-vous?

GÉRONTE.

Parbleu! dans ma maison,

M'embarrassant fort peu des intrigues frivoles
D'un tas de freluquets, d'une troupe de folles;
Aux gens que je connois paisiblement borné.
m'importe à moi si madame Phriné
Ou madame Lucile affichent leurs folies?

Eh! que

Je ne m'occupe point de telles minuties,

Et laisse aux gens oisifs tous ces menus propos,
Ces puérilités, la pâture des sots.

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Nous avons, je le vois, la tête un peu légère,
Et je sens que Paris ne t'a pas mal gâté :
Mais nous te guérirons de ta frivolité.

Ma nièce est raisonnable, et ton amour pour elle
Va rendre à ton esprit sa forme naturelle.

VALÈRE.

C'est moi, sans me flatter, qui vous corrigerai
De n'être au fait de rien, et je vous conterai...

Je t'en dispense.

GÉRONTE.

VALÈRE.

On peut vous rendre un homme aimable,

Mettre votre maison sur un ton convenable,

Vous donner l'air du monde au lieu des vieilles mœurs:

On ne vit qu'à Paris, et l'on végéte ailleurs.

CLÉON.

(bas à Valère.) (bas à Géronte.) Ferme!.. Il est singulier.

GÉRONTE.

Mais c'est de la folie.

Il faut qu'il ait...

VALÈRE.

La nièce est-elle encor jolie?

GÉRONTE.

Comment encor! je crois qu'il a perdu l'esprit;
Elle est dans son printemps, chaque jour l'embellit.

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Sais-tu que je commence à m'impatienter,
Et qu'avec nous ici c'est très mal débuter?
Au lieu de témoigner l'ardeur de voir ma nièce,
Et d'en parler du ton qu'inspire la tendresse.........

VALÈRE.

Vous voulez des fadeurs, de l'adoration?

Je ne me pique pas de belle passion.

Je l'aime... sensément.

GÉRONTE.

Comment donc?

VALÈRE.

Comme on aime...

Sans que la tête tourne... Elle en fera de même :
Je réserve au contrat toute ma liberté;

Nous vivrons bons amis chacun de son côté.

CLÉON, bas à Valère.

A merveille! appuyez.

GÉRONTE.

Ce petit train de vie

Est tout-à-fait touchant, et donne grande envie...

Je veux d'abord..

VALÈRE.

GÉRONTE.

D'abord il faut changer de ton.

CLÉON, bas à Valère.

Dites, pour l'achever, du mal de la maison.

Or, écoute...

GÉRONTE.

VALÈRE.

Attendez, il me vient une idée.

(Il se promène au fond du théâtre, regardant de côté
et d'autre, sans écouter Géronte.)
GÉRONTE, à Cléon.

Quelle tête! Oh! ma foi! la noce est retardée:
Je ferois à ma niece un fort joli présent!
Je lui veux un mari sensible, complaisant;
Et s'il veut l'obtenir (car je sens que je l'aime),
Il faut sur mes avis qu'il change son système.

Mais qu'examine-t-il ?

VALÈRE.

Pas mal... cette façon...
GÉRONTE.

Tu trouves bien, je crois, le goût de la maison?
Elle est belle, en bon air; enfin c'est mon ouvrage;
Il faut bien embellir son petit ermitage:

J'ai de quoi te montrer pendant huit jours ici.
Mais quoi?

VALÈRE.

Je suis à vous... En abattant ceci...

CLÉON, à Géronte.

Que parle-t-il d'abattre?

VALÈRE.

Oh! rien.

GÉRONTE.

Mais je l'espère.

Sachons ce qui l'occupe: est-ce donc un mystère?

VALÈRE.

Non, c'est que je prenois quelques dimensions
Pour des ajustements, des augmentations.

GÉRONTE.

En voici bien d'une autre! eh! dis-moi, je te prie, Te prennent-ils souvent tes accès de folie?

VALÈRE.

Parlons raison, mon oncle; oubliez un moment Que vous avez tout fait, et point d'aveuglement : Avouez, la maison est maussade, odieuse,

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