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guste des sacremens. O combien je serai contente, lorsque je vous verrai entourer la table de l'Agneau sans tache, et vous nourrir du pain des anges! Adieu, mes chères amies, adieu.

XVII. ENTRETIEN.

Sur les dispositions à la Communion.

CLOTILDE, CHRISTINE, ADELAIDE, MÉLANIE,

EUPHRASIE.

ma

CLOTILDE (à Euphrasie.) Je suis, fille, on ne peut plus inquiète de M.me votre mère. Vous me fîtes dire hier au soir qu'elle venoit de tomber en foiblesse; cela m'a donné toute la nuit de vives alarmes. Comment se trouve-t-elle maintenant ?

EUPHR. Un peu mieux aujourd'hui. Telle est sa ferveur, que ce matin elle a voulu aller à la messe et y faire ses dévotions; mais elle est si foible. Hélas! elle mourra quelque jour en sortant de la sainte table, . ou en rentrant chez elle. C'est la pensée qui me suit partout, qui empoisonne tous mes

instans. Maman, il est vrai, maman seroit à la fin de ses maux et au comble de son bonheur; mais elle me laisseroit aussi dans des peines bien cruelles. Mon oncle et ma tante ne quittent presque plus notre maison. Bientôt ils seront mes maîtres. A dix-huit ans, que n'ai-je pas à craindre de tuteurs dont les sentimens et le caractère sont si différens des miens?

ADEL. Dieu sera votre appui, ma petite sœur; il vous soutiendra contre les persécutions des hommes, et le pain céleste qu'il nous donne, la divine Eucharistie, vous rendra redoutable à l'enfer même.

EUPHR. Ma tendre amie, vous me rappelez à moi-même, et j'oublie tous mes maux. Je ne puis retenir les transports de ma joie, quand je considère la faveur que nous fait J. C. de se donner à nous dans l'Eucharistie. O prodige d'amour! ce Dieu, souverain Roi de la terre et des cieux, vient à nous comme un père, comme un ami, comme un époux ! O mon ame! élance-toi vers lui.

ADEL. Je voudrois toujours demeurer aux pieds des saints autels. Que mon cœur, au moins, devienne un sanctuaire orné de

toutes les vertus, et que Jésus le choisisse pour son tabernacle.

CLOT. Vos sentimens m'édifient, aimables compagnes, et me comblent de joie. Vous désirez de vous unir à votre Dieu, il le désire autant que vous. Il vous appelle, il vous invite; que dis-je ? il descend les mains pleines de grâces, il vous ouvre ses trésors. Mais pour en recevoir cette plénitude de biens, il y a des dispositions requises. Nous allons nous les rappeler, ainsi que les effets d'une bonne et sainte communion. L'Eucharistie étant le plus saint et le plus auguste de tous les sacremens, puisqu'il contient Dieu même, l'auteur de la sainteté ; il s'ensuit que l'on doit en l'on doit en approcher avec une sainte frayeur, mêlée d'une douce confiance, et avec un amour respectueux et tendre. Répétez vous-mêmes, mes chères compagnes, ce qu'enseigne votre catéchisme. Ce n'est pas un livre qui ne convienne qu'aux enfans; on doit le revoir et le méditer à tout âge.

MÉL. On nous a dit qu'il y avoit deux sortes de dispositions; les unes regardent l'ame et les autres le corps. Si vous le permettez, je rapporterai les dispositions de

EUPHR. Que restera-t-il donc pour Adelaïde et pour moi ? Les dispositions du corps? Elles sont moins essentielles. Je ne veux rien enlever à ma sœur, je lui ai trop d'obligations.

CLOT. Voyez un peu combien votre petite sœur est complaisante.

MÉL. Cela est vrai; j'y suis très-sensible, je l'en récompenserai un autre jour.

ADEL. M.le Clotilde est charmante, elle assaisonne d'une aimable gaîté les entretiens les plus sérieux. Allons, le plan est dressé, ma chère sœur, il faut vous mettre à l'ouvrage.

MÉL. La première disposition, c'est de s'éprouver soi-même, et si l'on se sent coupable de quelque péché mortel, il faut avoir recours au sacrement de pénitence.

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CHRIST. C'est ce que dit le grand Apôtre: Que l'homme s'éprouve soi-même; car >> celui qui reçoit le corps du Seigneur in» dignement, mange et boit son jugement » et sa condamnation, et se rend coupable » de la profanation du corps et du sang du » Sauveur. >> Paroles terribles! Ainsi, communier indignement, c'est fouler aux pieds le sang adorable de J. C.; c'est déchirer sa

chair innocente; c'est le crucifier de nouveau; c'est ensevelir l'Auteur de la vie dans les ténèbres de la mort ; c'est unir J. C. avec Bélial; c'est imiter la perfidie de Judas et la barbarie des Juifs. Une communion sacri

lége est une espèce de déicide.

EUPHR. O Ciel! quelle horreur! quelle abomination!

ADEL. Hélas! ne me suis-je pas rendue coupable de cette horreur, de cette abomination? Vous seul le savez, ô mon Dieu! qui scrutez les cœurs et les reins !

CLOT. Afin d'éviter ce malheur, examinons-nous avec grand soin, sondons les replis les plus secrets de notre conscience, et recourons à la piscine salutaire pour nous laver de toutes nos souillures. Qui reçoit le pain des anges, doit vivre de la vie de la grâce.

y

MÉL. Suffit-il donc de connoître ses péchés et de s'en accuser?

CLOT. Il faut encore examiner si ce sont des péchés d'habitude, et si l'on n'est pas dans l'occasion prochaine de les commettre, et rompre cette habitude, et fuir cette occasion dangereuse.

MEL. Ne faut-il pas encore être exempt de l'affection au péché véniel?

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