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semble que ces communions-là ne doivent pas être agréables à Jésus-Christ.

CLOT. Je compare ces personnes, ma douce amie, à un homme qui, étant invité par un grand roi, se rendroit au festin avec ses beaux habits, mais ne voudroit, ni lui parler, ni s'entretenir avec lui. Cet homme sauroit-il apprécier l'amitié de son maître ?..... Feroit-il cas de ses faveurs ?.... L'ame, au contraire, qui témoigne son amour à J. C. par les prières ferventes et les affections vives et tendres, lui plaît singulièrement, et reçoit toutes les grâces que le sacrement confère. Il nous reste maintenant à parler des effets de la communion. Mais si vous le trouvez bon, M.lle Christine, nous remettrons cet entretien à demain, parce que M.lle Mélanie doit aller trouver son confesseur et commencer sa confession générale.

CHRIST. Quand il vous plaira, excellente amie, nous sommes à vos ordres.

ADEL. Euphrasie et moi nous suivrons Mélanie. Notre confession avance, peutêtre finirons-nous bientôt.

CLOT. Partons ensemble mes chères

compagnes, pour nous rendre à l'église. Pendant que vous vous confesserez, nous ferons, Christine et moi, notre visite au St-Sacrement.

XVIII. ENTRETIEN.

Sur les effets de la Communion.

CLOTILDE, CHRISTINE, ADELAÏDE,

MÉLANIE, EUPHRASIE.

MELANIE à Clotilde: Ah! que je suis contente, ma petite maman; je finis ce soir ma confession! mes sœurs sont plus avancées, elles ont terminé hier; mais beaucoup plus coupables qu'elles, ne suis-je pas trop heureuse de pouvoir communier le même jour ?

CLOT. Il est vrai, ma tendre enfant, vous m'annoncez une bien agréable nouvelle. Que je serai contente, lorsque je vous verrai entourer l'autel de l'Agneau sans tache ! Nous allons vous rappeler les merveilles que l'Eucharistie opérera dans vos

ames; mademoiselle Christine expliquera le premier effet, M.lle Adelaïde le second, M.lle Euphrasie le troisième, et vous, ma fille, le quatrième.

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CHRIST. Le premier effet de l'Eucharistie est de nous unir et de nous incorporer à Jésus-Christ, non-seulement par foi et la charité, mais aussi par la présence réelle de sa chair sacrée et de son précieux sang: quand nous croyons toutes les vérités de la foi, et que nous aimons Dieu et le prochain, nous avons déjà contracté avec Dieu une union bien précieuse; mais cette union devient plus étroite et plus intime, quand nous possédons Jésus-Christ par la sainte communion.

CLOT. C'est alors, pour ainsi dire, qu'il nous transforme en lui, et qu'il nous fait devenir une même chose avec lui. « Notre ame se perd en lui, dit saint Thomas, comme une goutte d'eau se perd et se confond dans un grand vase plein de vin où on la jette; » c'est pourquoi saint Laurent Justinien appelle la communion, le mariage spirituel de l'ame avec Jésus-Christ: c'est en effet dans ce divin mystère que le céleste Epoux, comme un amant plein de tendresse,

s'unit à son Epouse d'une manière ineffable ; qu'il contracte avec elle la plus étroite de toutes les alliances; qu'il ajoute sans cesse de nouveaux traits à sa beauté; qu'il la fait reposer sur son cœur, et la contemple avec complaisance.

MÉL. « Celui qui mange ma chair, dit Jésus-Christ, et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. »> Je comprends maintenant le sens de ces paroles, elles expriment le premier effet de l'Eucharistie.

ADEL. Le second, c'est de conserver en nous la vie spirituelle de la grâce.

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CLOT. « Comme mon Père qui m'a envoyé est vivant et que je vis par mon Père, ainsi, dit le Sauveur, celui qui me mange vivra par moi. » Ah! mes chères compagnes comprenez - vous le sens de ces paroles? vivre de la vie de Jésus-Christ, qui est là vie de Dieu même ! Quel bonheur, et il ne tient qu'à nous de l'obtenir, ce bonheur ineffable, et Jésus-Christ nous l'offre, et il nous menace si nous le méprisons! « Si vous ne mangez la chair du Fils de l'Homme et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. » ADEL. Est-il possible qu'il y ait des

per

sonnes qui s'éloignent de l'Eucharistie, et qui aiment mieux demeurer dans les ombres de la mort, que de venir puiser à la source des grâces une vie toute nouvelle ?

CLOT. Aussi les plaies que le péché leur a faites deviennent chaque jour plus dangereuses, et leur causent enfin une langueur mortelle. Mes chères amies, notre ame est sujette à beaucoup d'infirmités; ne sont-ce pas autant de maladies que nos habitudes vicieuses? Elles ruinent peu à peu et détruisent en nous la vie spirituelle; mais quand nous nous approchons de l'Eucharistie, notre ame prend une nouvelle vigueur; c'est la nourriture des Anges; c'est le pain des forts : c'est dans l'Eucharistie que les Saints puisoient cette force surnaturelle qui les rendoit victorieux de l'enfer et du monde recevons-la, et nous serons fermes au milieu des orages, et notre ame vivra toujours; car, comment tomber quand le Tout-Puissant est avec nous? Comment mourir quand on possède celui qui est la vie même? On voit encore que les personnes qui communient le plus souvent, sont aussi les plus vertueuses et les plus ferventes : on les voit mépriser davantage le monde et

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