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ION.

La finale ION se décompose en i-on dans affection, Assomption, collection, communion, (coumni-on), construction, contorsion, correction, direction, distraction, espion, faction, fraction, fonction, inspection, lion, objection, protection, question, scorpion, (escorpi-on), et dans quelques autres mots moins employés.

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ISTE.

ISTE final fait isse dans anabaptiste, artiste, Baptiste, batiste, buraliste, congréganiste, dentiste, organiste, droguiste, herboriste, journaliste, modiste, oculiste, royaliste, séminariste, etc.

MENT..

La finale ment se transforme en *mo ou ma dans tous les adverbes de manière, et dans la plupart des noms usuels coumo, couma, comment; grandemo, grandema, grandement; tourmo, tourma, tourment; ballemo, ballema, bellement ; deureumo, deurema, durement ;

sarmo, sarma, sarment; etc.

N.

'Le patois emploie gn pour n dans frågne, frêne; gnue, neuf; gnûrie, nourrir; gnarguer, narguer; griffougner, griffonner; trottigner, trottiner; échigner, échiner; prûgniau, pruneau, etc.

Réciproquement, le peuple dit sîner, sînâture,' pour signer, signature, comme nous disons sinet (signet), et l'on trouve dans un inventaire de 1380 ;

Un colier d'un levrier garny d'argent à cynes (cygnes). »

OIN.

* Oin fait ogne et ougne foin, fogne; sainfoin, sainfogne; poing, pougne; témoin, témougne; etc. Le français a bénigne, maligne, au lieu des féminins réguliers bénine, maline; celui-ci, aujourd'hui patois, a même été employé par La Fontaine :

« Elle sent son ongle maline. »

(L'Oiseleur, l'Autour et l'Alouette.)

ULE.

* ULE final fait eule, avec eu bref et faible, dans bas cule, canicule, canule, capsule, crapule, crédule, incrédule, majuscule, nulle, pendule, pilule, préambule, ridicule, somnambule, vestibule, virgule, bouscule, calcule, recule, simule, etc.

UIRE.

La finale UIRE fait ûre dans conduire, condûre; construire, constrûre; déduire, dédûre; détruire, détrûre; instruire, instrûre; introduire, introdûre; luire, lûre; nuire, nûre; produire prodûre; réduire, rédûre; reluire, rlûre; séduire, sédûre; reconduire, rcondûre; traduire, tradûre, dans tout le département.

A la suite de ces observations générales, notons quelques particularités intéressantes.

A Chauvency-le-Château, ç et ch se transforment en ti dur garçon, gation; buisson, bution; chacun, tiécun; chaque, tièque; - lej fait di : l'pu dione, le plus jeune. Avant che et ge on intercale un t: netche, neige; metche pour mèche (meix, jardin); routchie, ruisseau; bout'che, bouche; gourt'ge, gorge; tchongre, hongre; brot'chet, brochet; etc. A cet égard, le patois de Lamouilly et de quelques localités voisines se rapproche de celui de Chauvency (a).

Les mots gachon, garçon, majon, maison, etc., employés aux Vouthons, se remplacent euphoniquement par gâcon, gocón, mâzon, etc., dans la plupart des localités de la Meuse. Mais on les retrouve au N. du dépar

(a) A Ban-sur-Meurthe et Ramonchamps (Vosges) existe une prononciation analogue : audjudeu, aujourd'hui; tchevau, cheval; f'chélou, chaleur; t'chié, chien; t'chemise, chemise. - A Laneuvelotte et à Art-sur-Moselle on dit aussi t'chénard pour canard, l'chène pour cane, l'cheuhine pour cuisine, etc.

tement, à Delut, à Spincourt et aux environs, (Mangiennes, Pillon, Bouligny), etc.

A Lamouilly, Vilosnes et localités voisines, on fait précéder beaucoup de mots d'un i parasite: chardon, ichardon; cosse, icousse; gaucher, igauchi; giron, igi ron; gelée, ijalaïe; jambe, ijambe; jeune, ijone; joue, ijoue; etc. Cette prosthèse est intéressante.

A Thillot, les sons un, in, on, se prononcent ungn', ingn', ongn': lundi, leungn'dé; juin, jungn'; printemps, prign'temps; parrain, parraingn'; poulain, poulaingn'; etc.

Les habitants des Islettes sont surnommés Hé bie, parce qu'ils prononcent ié la plupart des finales en ien. Cette prononciation se retrouve à Coussey, près de Neufchâteau Vosges), et aux environs.

A Brillon, les verbes venir, tenir et leurs composés font vrin, tnin, etc.

*EM, EN, initials ou médials, suivis d'une consonne, se changent en om', on', aux Vouthons et dans quelques localités voisines tremper, trom'per; trembler, trom'bier; rassembler, rassom'bier; vendre, von'dre; tendre, ton'dre; venter, von'ter; tourmenter, tourmon'ter; tendue, ton'due; sentier, son'teil; rente, ron'te; menton, mon'ton; entre, on'tre; entrée, on'treil, etc.

V.

RAPPROCHEMENTS ENTRE NOTRE PATOIS ET LE VIEUX
FRANCAIS.

Si les anciens manuscrits nous ont transmis l'orthographe du moyen-âge, ils n'ont pu en faire autant pour l'ancienne prononciation qui devait, à notre avis, se

rapprocher beaucoup de celle du patois meusien. La lutte qui s'est engagée entre les divers idiomes dont l'un est devenu la langue française a produit des tiraillements, des concessions réciproques et d'étranges anomalies. Aussi nous est-il à peu près impossible de déterminer l'exacte prononciation de telle syllabe, de telle finale d'autrefois. Les vers mêmes ne sont pas à cet égard un criterium infaillible: on rimait tantôt pour les yeux, tantôt pour l'oreille, ce qui se faisait encore au dix-septième siècle :

« Et que m'importe donc, dit l'àne, à qui je sois!
Sauvez-vous et me laissez paître.

Notre ennemi, c'est notre maître :
Je vous le dis en bon françois. »

(LA FONTAINE, le Vieillard et l'Ane.)

« Mars autrefois mit tout l'air en émute.
Certain sujet fit naître la dispute

Chez les oiseaux.... >>

(Le même, les Vautours et les Pigeons.)

De bons esprits s'élevaient alors contre les abus de l'homonymie. « Comment distinguera-t-on, disait Antoine Oudin en 1647, seur, sûr, sœur et sur? Et encore vœu et veu, participe de voir? »

Il résulte de cette citation, suivant M. Aimé Martin, que vœu se prononçait vu, et sœur comme la proposition sur. Nous penchons vers l'opinion contraire en nous appuyant sur l'usage du peuple, et nous pensons que ces homonymes se prononçaient seur et veu.

Ajoutons quelques citations à celles qui précèdent :

a De la Charité ils se disent gens de bien,

Toutefois il n'en est rien;

Ce sont vacabons françoys.

Ces Italiens.....

Sans sergens ont ajourné

Une qui vend son empoix...

Prononçait-on alors français et empaix, françois et

empoix? Ou bien l'auteur a-t-il rimé pour les yeux ? On trouve aussi dans la même pièce :

« Si l'admiral avoit un chariot bien grand,
Il seroit assez méchant,

D'emporter la Charité.

Mais à propos les Barbares sont esmeus.
Parafaragaramus.

Nous l'a ainsi récité. »>

(Coq-à-l'âne, 1577.)

Devons-nous lire émus et Parafaragaramus, ou émeus et Parafaragarameus? Cette dernière leçon nous semble la bonne; M. A. Martin est pour l'autre. Qui pourra nous mettre d'accord?

« Ainçois que France eut eu ne roy, ne roc,
Rome n'avoit ne corps, ne chef, ne croc. »
(MOLINET, Chanson du XV siècle).

« David régnait en Sion la montaigne
Des Belgiens les tours bien amassées.
Puis vient Artus, roi de la Grant-Bretaigne,
Qui le brûla mieux que verte chastaigne. »

(Même chanson.)

Disait-on roc ou ro, châtaigne ou châtagne?

Ces questions, que soulève à chaque instant la lecture de nos vieux auteurs, ne sauraient être, à notre avis, résolues d'une manière satisfaisante.

Faisons quelques remarques moins sujettes à discus

sion.

I « Quel que soit, dit Palsgrave (1489-1554) dans son introduction aux Éclaircissements de la langue française, la plus curieuse de nos grammaires, le nombre des consonnes écrites pour garder la véritable orthographe, les François tiennent tant à faire ouïr toutes leurs voyelles et leurs diphthongues, qu'entre deux voyelles ils n'articulent qu'une seule consonne à la fois; en sorte

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