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Nous dédions à nos compatriotes, à nos amis, ce Glossaire, abrégé d'un travail beaucoup plus étendu (a). C'est le premier ouvrage important de ce genre qui ait été entrepris pour la Meuse; aussi, malgré de longues, patientes et coûteuses investigations, il est encore incomplet. Nous regrettons que de plus capables ne l'aient pas entrepris avant nous; un grand un grand nombre d'expressions patoises, et des plus intéressantes, eussent été sauvées de l'oubli.

Allons tout de suite au-devant d'un reproche qu'on ne manquera pas de nous faire, c'est d'avoir glissé trop légèrement sur l'étymologie des mots patois. Pourquoi veut-on que nous osions, pour notre langage populaire, ce que l'Académie hésite à entreprendre à l'égard du français ? Il ne nous appartient pas d'entrer dans cette voie épineuse; notre unique but, qu'on le sache bien, a été de réunir, de classer et de définir le plus possible de ces mots, laissant aux érudits (b) la tâche ardue d'en

a) Nous avons dû laisser de côté plus de cinq mille mots patois en dehors de cet Abrégé.

(b) M. BERTEAUX, par exemple, aussi modeste que savant.

étudier et d'en déterminer les origines. « La simple et fidèle constatation des faits, a dit M. G. Pâris, est déjà un grand service rendu à la science. » Cela seul était dans la mesure de nos forces et suffit à notre ambition. Plus populaire que savant, notre Glossaire est accessible à toutes les intelligences; soigneusement expurgé, il peut être placé dans toutes les mains, sans danger pour la morale.

Malgré de pressantes invitations, nous avons hésité longtemps à publier cet Abrégé, le jugeant trop imparfait. Lassé de vaines et fatigantes recherches, nous avions même résolu de l'anéantir, malgré tout le soin qu'il nous avait coûté. Informé de notre dessein, M. A. Jacob, archiviste du département de la Meuse, notre honorable confrère, nous écrivit à la date du 6 février 1886: « Votre « résolution de détruire votre manuscrit serait, si vous la << mettiez à exécution, un peu plus qu'un crime, ce serait << une mauvaise action. Il y a dans votre Glossaire une grande somme de travail, de nombreuses et utiles. << recherches, de précieuses découvertes, et, à tous ces <«< titres, il vous est interdit de détruire en quelques <«< instants ce que vous avez mis des années à édifier. » Et M. Frédéric Godefroy, le savant philologue, le lauréat de l'Institut, renchérissait encore le I 2 mars suivant sur cet éloge en nous écrivant : « Vous devez << soigner votre Glossaire comme un trésor. »

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Ces suffrages, empreints d'une bienveillante exagération, mais qui seront notre excuse, ont eu raison de nos hésitations, et nous nous sommes laissé imprimer, regrettant de n'avoir pas trouvé, dans chaque canton de la Meuse, malgré nos appels réitérés, un collaborateur instruit et obligeant, dont l'aide nous eût été bien précieuse dans nos recherches multipliées.

Nous devons cependant remercier de leurs encouragements et de leur concours empressé nos savants

confrères MM. Langrognet, inspecteur d'académie, Bonnabelle, Ph. Pierrot, et Favier, conservateur de la bibliothèque municipale de Nancy. Parmi nos collaborateurs nous citerons, en leur exprimant toute notre reconnaissance, d'abord nos anciens élèves, actuellement instituteurs: MM. Adam, à Watronville; Adnot, à Condé; Dartois, à Brocourt; Douel, à Trouan-le-Grand (Aube); Dugny, à Hévilliers; Grégoire, à Thonnelle; Huardel, à Nubécourt; Lahire, à Fains; Nicolas, à Deuxnoudsdevant-Beauzée; Sirantoine, à Loupmont; Thirion, à Joncreuil (Aube); puis MM. André, instituteur à Peuvillers; Bogenez, à Bussy-la-Côte; Chauvancy, à Romagne-sous-Montfaucon; Devaux, à Bras; Fleurant, à Abaucourt; Henry, à Consenvoye; Laché, à Cunel; Lereboullet, à Récicourt; Leseure, à Mouzay; Loupot, à Pouilly; Mettavant, à Troyon; Rodicq, à Seuzey; D. Hautcolas, propriétaire à Woinville; Labourasse (Eugène), propriétaire à Vouthon-haut; Maujean, curé à Laneuville-au-Rupt; et A. Thiebaux, à Paris.

Il nous a été permis de compulser les glossaires locaux, au nombre de 130, fournis en 1877 par MM. les instituteurs de la Meuse à l'Académie de Stanislas de Nancy; ceux de MM. Bastien, alors à Chauvency-le-Château ; Baulny, à Cierges; Beauguitte, aux Islettes; Godet, à Romagne-sous-Montfaucon; Lemoine, à Vraincourt (Clermont); Louis, instituteur-adjoint à Varennes; Nicolas, Devaux, Maujean, plus haut cités; et celui de M. l'abbé A. Jeannin, curé de Dammarie, nous ont été fort utiles.

Nous ne donnerons pas la liste, beaucoup trop longue, des ouvrages que nous avons consultés; auteurs en titres sont indiqués dans le cours du Glossaire. Nous y avons inséré presque en entier le petit vocabulaire du patois de Brillon, par feu M. le docteur Cordier, à qui nous lais sons, en le citant, la responsabilité de ses définitions. et de ses étymologies.

En un mot, nous nous sommes entouré de tout ce qui était propre à nous éclairer, à nous contrôler, à nous corriger, et néanmoins il reste beaucoup à faire,

Car ce champ ne se peut tellement moissonner
Que les derniers venus n'y trouvent à glaner.

H. L.

Les VOUTHONS sont situés à la limite méridionale de la Meuse, au point culminant du département. Ils forment deux communes distinctes du canton de Gondrecourt, à 1500 mètres l'une de l'autre VOUTHON-HAUT, Succursale, et VOUTHON-BAS, SOn annexe. La route nationale de Bar-le-Duc à Bale, n° 66, les traverse toutes deux; cette route, très accidentée, a perdu son peu d'im portance depuis la création des chemins de fer avoisinants.

VOUTHON-HAUT, 252 habitants, bati dans un pli de terrain, a eu jadis un petit château entouré de fossés, qui fut pris sous Louis XIII par le maréchal Jean de Gassion (1635). En 1789, il appartenait à M. le comte Dessalles (a), qui émigra et ne revint point Vendu comme bien national, ce chateau fut en partie démoli; il n'en reste plus qu'une simple maison d'habitation.

Il existait autrefois sur le territoire de cette commune, au lieu dit Boncourt, un monastère détruit vers le 9° siècle. Ses bâtiments étaient assez étendus, si l'on en juge par les substructions dans lesquelles se heurte la charrue.

A cela près, Vouthon-haut n'a pas d'histoire. Privée d'instruction et d'administration sérieuses pendant le premier tiers de ce siècle, cette commune a végété tandis que tout se transformait autour d'elle. L'exploitation des forêts, le transport des fontes, des fers, des charbons etc., une culture mieux entendue y avaient amené une certaine aisance, quand la crise qui pèse sur l'agriculture et sur l'industrie métallurgique

(a) Orthographe des signatures existant dans les archives communales de Vouthon-haut.

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