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l'a ramenée à sa situation précaire. Un sol de qualité moyenne ne peut suffire aux besoins et à l'activité d'une petite population intelligente, laborieuse et rangée, qui tend sans cesse à diminuer.

VOUTHON-BAS, 230 habitants, est assis au fond d'un vallon qui

débouche près de Taillancourt dans la vallée de la Meuse, et quf,

arrose un mince filet d'eau. Comme Vouthon-haut, cette commune påtit de la crise industrielle sans que son agriculture soit plus prospère.

Vouthon-bas est la patrie d'Isabelle Romée, mère de Jeanne d'Arc. — On a découvert à différentes époques, sur le territoire de cette commune, quelques cercueils gallo-romains.

VOUTHON Se dit en patois Vawthon; les habitants sont nommés Vawthougnies.

ERRATA.

Page 147, ligne 20, au lieu de ou Florot, lisez ou Fleurot. Page 196, ligne 8, au lieu de triangulaire, lisez quadrangulaire.

INTRODUCTION

I

DE L'ÉTUDE DES PATOIS

Nous allons essayer, dans une étude préliminaire, de faire mieux connaître le patois meusien, même à ceux qui en font usage. On nous saura peut-être quelque gré d'un travail fastidieux, que nous abrègerons le plus possible pour qu'on ait moins à nous pardonner.

On se tromperait étrangement si l'on voyait dans nos patois les informes débris de quelque langue abandonnée. Alors même ils mériteraient l'attention du philologue et de l'historien; mais l'étude en semblera vraiment utile quand on saura qu'ils sont la gangue grossière dont s'est lentement dégagé le français moderne, le cocon formé d'éléments disparates d'où il a pris son essor. Les patois, en effet, sont antérieurs à la langue française qui résulte de leur fusion; elle leur a emprunté quelques expressions; elle a rejeté les autres que le populaire a continué d'employer, et l'on peut définir le patois, un dialecte qui, n'ayant plus de culture littéraire, sert seulement aux usages de la vie commune.

Envisagé à part, le patois de la Meuse offre un mélange de mots d'origines et d'époques diverses, dont la prononciation et l'emploi, plus ou moins arbitraires, varient souvent d'un village à l'autre. Plus qu'aucun patois peut-être, il est intéressant à étudier le tudesque

y a laissé, surtout dans la prononciation, des traces évidentes et nombreuses; le roman, où se sont latinisés, pour l'usage du peuple conquis, quantité de mots de la langue vulgaire, y est également représenté; tandis que les emprunts qu'il a faits au celte, à l'allemand moderne et au latin classique sont assez rares. Quant au grec, il n'en est pas plus question dans le patois meusien que de l'iroquois et du malgache.

Ce qui serait intéressant et utile à la fois, c'est de prendre corps à corps chaque mot patois, de remonter, dans nos vieux manuscrits, jusqu'à son origine en notant ses évolutions successives, et de déterminer l'époque où la langue écrite a cessé d'en faire usage. Bien des mots ne se prêteraient pas, nous le savons, à cette utile et curieuse enquête; il faudrait alors rapprocher chacun d'eux des idiomes indo-germaniques et des langues qui en dérivent; et s'ils ne semblaient avoir avec elles aucune parenté saisissable, on en conclurait forcément qu'ils appartiennent aux dialectes parlés dans notre pays. antérieurement au onzième siècle, ou qu'ils ont été depuis forgés de toutes pièces par le peuple, impuissant à rendre sa pensée avec un vocabulaire incomplet.

L'étude méthodique des patois serait longue, pénible, et la vie de plusieurs hommes n'y suffirait pas. C'est pourquoi chaque société littéraire devrait instituer une commission permanente, spécialement chargée de recueillir, d'étudier, de classer tous les mots patois de la province, d'en faire en un mot l'historique, et de les réunir en un glossaire qui s'enrichirait peu à peu de termes et de documents nouveaux.

Rapprochés et comparés, les glossaires provinciaux ainsi obtenus se contrôleraient, se complèteraient les uns les autres, et permettraient, avec le temps, d'élever à la langue française, dans un dictionnaire comparatif, un monument digne d'elle. Ch. Nodier l'a dit avant nous : a Le dictionnaire concordant des patois d'une langue serait un des plus beaux monuments qu'on pût élever à la lexicologic. »>

Un lexique ainsi conçu et exécuté par des érudits spéciaux, offrirait à l'historien même de précieuses ressources. Souvent deux localités voisines emploient des expressions différentes, tandis que le patois de villages éloignés les uns des autres offre de frappantes analogies. « C'est ainsi, dit Léon Vaisse, que nous voyons, par suite d'anciens rapports politiques, les paysans du voisinage de Nancy et ceux des environs de Bouillon , parler un patois presque identique, quoique ces deux villes soient distantes de quarante lieues, tandis que Metz, situé entre elles, parle un patois tout différent. Dans la Marne, le village de Courtisols, près de Châlons, est remarquable par les points de ressemblance. qu'offre son patois particulier avec certains dialectes populaires de la Suisse romane. » Ces analogies, souvent dues à des émigrations, à des colonisations partielles, nous paraissent propres à fixer, dans bien des cas, les incertitudes de l'historien.

L'étude comparée de nos dialectes provinciaux faciliterait singulièrement la lecture de nos vieux manuscrits, et fixerait quelquefois le le sens douteux d'expressions

surannées.

Ces manuscrits, en effet, écrits à une époque où une sorte d'antagonisme régnait entre nos divers dialectes, où il eût été difficile de juger si tel mot était ou non français, fourmillent d'expressions locales que les patois seuls nous ont transmises avec leur exacte signification.

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