RÉPONSE DE MONSIEUR DE VOLTAIRE. 197 Depuis deux mille ans répétés, Satyres qui danfez toûjours, Vieux enfans que l'on nomme amours, De ces vers pillés & poftiches, Je connais le charme enchanteur; Irrégulière dans fes traits, Et beaucoup moins aimable qu'elle. Mais peu maître de ma raifon, * (661). A UR. DE P.. SIRE, . (a) Endant que j'étais malade, votre majesté a fait plus de belles actions, que je n'ai eu d'accès de fiévre. Je ne pouvais répondre aux dernières bontés de votre majefté. Où aurais-je d'ailleurs adreffé ma lettre ? A Vienne? à Presbourg? à Temefvar? Vous pouviez être dans quelqu'une de ces villes; & même, s'il eft un être qui puiffe fe trouver en plufieurs lieux à la fois, c'eft affurément votre perfonne, en qualité d'image de la Divinité, ainsi que le font tous les princes, & d'image très penfante & très agiffante. Enfin, fire, je n'ai point écrit, parce que j'étais dans mon lit quand votre majefté courait à cheval au milieu des neiges & des fuccès. D'Efculape les favoris Semblaient même me faire accroire (a) Nous n'avons pu trou ver la date de cette lettre. Il paraît qu'elle eft de l'année 1742. Dans ce pays dont tout chrêtien, Dont on parle en chaire, en Sorbonne, Sans jamais en deviner rien; Ainfi que le Parifien, Vous juge à fond fans vous connaître. Je n'ai mis qu'un pié fur le bord du Styx; mais je fuis très fâché, fire, du nombre des pauvres malheureux que j'ai vu paffer. Les uns arrivaient de Scharding, les autres de Prague, ou d'Iglau. Ne cefferezvous point, vous & les rois vos confrères, de ravager cette terre, que vous avez, dites-vous, tant d'envie de rendre heureuse? Au-lieu de cette horrible guerre, Il vous accorderait tout auffi aifément, que Licurgue partagea les terres de Sparte, & qu'on donne des portions égales aux moines. Il établirait les quinze dominations de Henri IV. Il est vrai pourtant, que Henri IV n'a jamais fongé à un tel projet. Les commis du duc de Sulli, qui ont fait fes mémoires, en ont parlé; mais le fecrétaire d'état Villeroi, miniftre des affaires étrangères, n'en parle point. Il eft plaifant, qu'on ait attribué à Henri IV le projet de déranger tant de trônes, quand il venait à peine de s'affermir fur le AUR. DE P... 201 fien. En attendant, fire, que la diète Européane, ou Europaine, s'affemble pour rendre tous les monarques modérés & contens, votre majefté m'ordonne de lui envoyer ce que j'ai fait depuis peu du Siècle de Louis XIV; car elle a le tems de lire quand les autres hommes n'ont point de tems. Je fais venir mes papiers de Bruxelles; je les ferai transcrire, pour obéir aux ordres de votre majesté. Elle verra peut-être que j'embraffe un trop grand terrain: mais je travaillais principalement pour elle, & j'ai jugé, que la fphère du monde n'était pas trop grande. J'aurai donc l'honneur, fire, d'envoyer dans un mois à votre majefté un énorme paquet, qui la trouvera au milieu de quelque bataille, ou dans une tranchée. Je ne fais, fi vous êtes plus heureux dans tout ce fracas de gloire, que vous l'étiez dans cette douce retraite de Remusberg. Cependant, grand roi, je vous aime, Dans Remusberg & dans vous-même; Avant de combattre des rois. Recevez, fire, avec votre bonté ordinaire, mon profond refpect, & l'affurance de cette vénération qui ne finira jamais, & de cette tendreffe qui ne finira que quand vous ne m'aimerez plus. |