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SUR LA CALOMN I E.

Et le Français ofa troubler (c) la cendre
Du bienfaicteur qu'il révère aujourd'hui.

Lorfque Louis, qui d'un efprit fi ferme
Brava la mort comme fes ennemis,
De fes grandeurs ayant fubi le terme,
Vers fa chapelle allait à Saint Denis ;
J'ai vu fon peuple aux nouveautés en proie,
Yvre de vin, de folie & de joie,
De cent couplets égayant le convoi,
Jufqu'au tombeau maudire encor fon roi.

Vous avez tous connu, comme je pense,
Ce bon régent, qui gâta tout en France:
Il était né pour la fociété,

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Pour les beaux arts & pour la volupté;
Grand, mais facile, ingénieux, affable,
Peu fcrupuleux, mais de crime incapable:
Et cependant, ô menfonge! ô noirceur!
Nous avons vu la ville & les provinces,
Au plus aimable, au plus clément des princes,
Donner les noms.... Quelle abfurde fureur !
Chacun les lit, ces archives d'horreur,
Ces vers impurs, appellés Philippiques, (d)
De l'imposture effroyables chroniques;
Et nul Français n'eft affez généreux,
Pour s'élever, pour dépofer contr'eux.
Que le menfonge un inftant vous outrage,

(c) Le peuple voulut déterrer Mr. Colbert à St. Euftache.

(d) Libelle diffamatoire en vers contre monfieur le duc

d'Orléans, régent_du_royaume, compofé par La GrangeChancel. On lui a pardonné. Bayle & Arnaud font morts hors de leur patrie.

Tout eft en feu foudain pour l'appuyer :i
La vérité perce enfin le nuage,

Tout eft de glace à vous juftifier.

Mais voulez-vous, après ce grand exemple,
Baiffer les yeux fur de moindres objets ?
Des fouverains defcendons aux fujets:
Des beaux efprits ouvrons ici le temple,
Temple autrefois l'objet de mes fouhaits,
Que de fi loin Desfontaines contemple,
Et que Gacon ne vifita jamais.
Entrons: d'abord on voit la jaloufie,
Du Dieu des vers la fille & l'ennemie,
Qui fous les traits de l'émulation

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Souffle l'orgueil, & porte fa furie I
Chez tous ces fous courtifans d'Apollon..)
Voyez leur troupe inquiète, affamée,
Se déchirant pour un peu de fumée,
Et l'un fur l'autre épanchant plus de fiel,
Que l'implacable & mordant janféniste
N'en a lancé fur le fin molinifte,
Ou que Doucin, cet adroit cafuifte,
N'en a verfé deffus Pafquier Quefnel.

Ce vieux rimeur, couvert d'ignominies,.
Organe impur de tant de calomnies,
Cet ennemi du public outragé,
Puni fans ceffe, & jamais corrigé :
Ce vil Rufus (e), que jadis votre père

(e)Rouffeau avait été fecrétaire du baron de Breteuil, & avait fait contre lui une fatyre intitulée la Baronade. II

la lut à quelques perfonnes, qui vivent encore, entr'autres à madame la ducheffe de St. Pierre. Madame la mar

SUR LA

CALOMNIE.

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A par pitié tiré de la mifère,

Et qui bientôt, ferpent envenimé,
Piqua le fein qui l'avait ranimé :
Lui qui mêlant la rage à l'imprudence,
Devant Thémis accufa l'innocence;
L'affreux Rufus, loin de cacher en paix
Des jours tiffus de honte & de forfaits,
Vient rallumer, aux marais de Bruxelles,
D'un feu mourant les pâles étincelles,
Et contre moi croit rejetter l'affront
De l'infamie écrite fur fon front.
Et que feront tous les traits fatyriques,
Que d'un bras faible il décoche aujourd'hui,
Et ces ramas de larcins marqtiques,
Moitié français & moitié germaniques,
Pétris d'erreurs, & de haine & d'ennui?
Quel eft le but, l'effet, la récompense
De ces recueils d'impure médifance?
Le malheureux, délaiffé des humains,
Meurt des poisons qu'ont préparé fes mains.

Ne craignons rien de qui cherche à médire.
En vain Boileau, dans fes févérités,
A de Quinault dénigré les beautés;
L'heureux Quinault, vainqueur de la fatyre,
Rit de fa haine & marche à fes côtés.
Moi-même enfin, qu'une cabale inique
Voulut noircir de fon fouffle caustique,

quife du Châtelet, fille de
Mr. de Breteuil, était parfai-
tement inftruite de ce fait; &
il y a encor des papiers origi-

naux de madame du Châtelet qui l'atteftent. Le baron de Breteuil lui pardonna généretrsement.

Je fais jouir, en dépit des cagots,
De quelque gloire, & même du repos.
Voici le point fur lequel je me fonde:
On entre en guerre, en entrant dans le monde.
Homme privé, vous avez vos jaloux,

Rampans dans l'ombre, inconnus comme vous,
Obfcurément tourmentans votre vie.

Homme public, c'eft la publique envie
Qui contre vous lève fon front altier.
Le coq jaloux fe bat fur fon fumier,
L'aigle dans l'air, le taureau dans la plaine;
Tel eft l'état de la nature humaine.
La jaloufie, & tous fes noirs enfans,
Sont au théatre, au conclave, aux couvens.
Montez au ciel, trois déeffes rivales
Troublent le ciel, qui rit de leurs fcandales.
Que faire done? à quel faint recourir?
Je n'en fais point. Il faut favoir fouffrir.

*(301) *

E PITRE

A UN MINISTRE D'ÉTAT,

SUR L'ENCOURAGEMENT DES ARTS.

Toi qui mêlant toujours l'agréable à l'utile,

Des plaifirs aux travaux paffas d'un vol agile,
Que j'aime à voir ton goût, par des foins bienfalfans,
Encourager les arts à ta voix renaiffans!

Sans accorder jamais d'injufte préférence,

Entre tous ces rivaux tien toûjours la balance.
De Melpomène en pleurs animé les accens;
De fa riante fœur chéri les agrémens;
Anime le pinceau, le ciseau, l'harmonie,
Et mets un compas d'or dans les mains d'Uranie.
Le véritable efprit fait fe plier à tout;

On ne vit qu'à demi, quand on n'a qu'un feul goût.
Je plains tout être faible, aveugle en fa manie,
Qui dans un feul objet confina fon génie,
Et qui de fon idole adorateur charmé,
Veut immoler le reste au DIEU qui s'eft formé.
Entends-tu murmurer ce fauvage algébriste,

A la démarche lente, au teint blême, à l'œil trifte,
Qui d'un calcul aride à peine encor inftruit,
Sait que quatre eft à deux, comme seize est à huit?
Il méprise Racine, il infulte à Corneille;
Lulli n'a point de fons pour fa pefante oreille;
Et Rubens vainement, fous fes pinceaux flatteurs,

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