Images de page
PDF
ePub

TYPOGRAPHIE DE CH. LAHURE Imprimeur du Sénat et de la Cour de Cassation rue de Vaugirard, 9

[graphic]
[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

professeur de poésie latine à la Faculté des lettres de Paris

[blocks in formation]

SUR LES

TRAGIQUES GRECS.

LIVRE QUATRIÈME.

THEATRE D'EURIPIDE.

CHAPITRE PREMIER.

Iphigénie en Aulide1.

J'ai précédemment exposé les changements qu'amenėrent chez les Grecs, dans l'art tragique, par une influence également puissante, les mérites et les défauts d'Euripide 2. Sans donc revenir à des considérations générales sur le génie du poëte et l'ensemble de son théâtre, je me hâte de passer à l'examen détaillé de ses ouvrages.

Il me paraît convenable, et j'en ai déjà indiqué la raison3, de commencer cette revue par l'Iphigénie en Aulide. C'est, à la fois, et l'un des chefs-d'œuvre de la scène grecque, et la pièce la plus parfaite de son auteur: elle offre, avec la beauté achevée que possédait déjà la tragédie, presque sans aucune trace de recherche et de décadence,

1. J'ai déjà dit, t. I, p. 43, pourquoi je maintiens ce titre, assez généralement remplacé aujourd'hui par cet autre, plus exact, Iphigénie à Aulis.

[merged small][ocr errors][merged small]

quelques-uns des traits nouveaux dont Euripide cherchait à l'animer.

Une curiosité particulière nous porte, en même temps, vers des productions que l'art de Racine a pour ainsi dire conquises à notre poésie dramatique, et qui, malgré la différence des littératures et des mœurs, ont si vivement intéressé notre admiration et notre pitié.

Cette curiosité devrait s'être épuisée depuis longtemps par les nombreux parallèles qu'elle a produits. Mais il est des questions que renouvellent sans cesse la disposition changeante des esprits et l'inconstance des systèmes. Louis Racine et Brumoy, qui, les premiers et presque en même temps, s'occupèrent de rapprocher l'Iphigénie française et l'Iphigénie grecque, portèrent dans cette comparaison, où se trouvaient engagées les passions de la critique à cette époque, l'adoration et le mépris de l'antiquité, beaucoup d'indécision, une sorte d'impartialité molle et flottante. Voltaire et son disciple La Harpe3, moins réservés, crurent, en rabaissant Euripide, servir à la fois la gloire de Racine et la nôtre. L'incontestable mérite de l'invention ne fut même point compté au poëte ancien; il avait seulement fourni le marbre brut dont le moderne avait formé sa statue, le grossier canevas qu'il avait brodě. Un dédain si ingrat et si injuste devait, par une inévitable réaction, susciter des défenseurs à Euripide et à Racine des censeurs. Marmontel trouva quelque chose à reprendre dans ce qu'on exaltait sans restriction, quelque chose à louer dans ce qu'on dépréciait sans mesure. Plus tard Lessing, W. Schlegel 6, Geoffroy7, Manzoni 8

1. L. Racine en 1727, dans les Mémoires de l'Acad. des Inscript. et BellesLettres, t. VIII, p. 288; en 1752, dans ses Remarques sur les tragédies de Racine; Brumoy, en 1730, dans le Théâtre des Grecs.

2. Dictionn. philosoph., article Art dramatique.

3. Lycée; Comment. sur Racine. 4. Éléments de littérat., article Convenance. - 5. Dramaturgie. 6. Cours de littérature dramatique.

7. Feuilletons du Journal des Débats, recueillis en 1819 sous le titre de Cours de littérat. dramatique, t. II, p. 90-118; Commentaire sur Racine.

8. Lettre sur les unités dramatiques. Voyez sur ce morceau de critique notre t. II, p. 279.

« PrécédentContinuer »