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la scène et sur les accessoires nécessaires les renseignements suivants : « Il faut deux maisons sur le devant, et le reste du théâtre est une ville. Trois chaises ou tabourets. Une seringue. Deux mousquetons 2. Huit seringues de fer-blanc. La gravure de l'édition de 1682 montre dans une chambre la scène du second intermède (de la fin du Ir acte); ce serait donc là aussi qu'aurait eu lieu la consultation des deux docteurs. Mais il est bien douteux qu'au théâtre on coupât l'acte par un changement à vue, et que ce ne fût pas par les différentes issues de quelque carrefour ou autour de quelque vaste place que M. de Pourceaugnac prit sa course et essayât d'échapper à la bande lancée contre lui.

• La maison d'Oronte et la maison du premier médecin. On peut conclure de là que dès lors, comme d'ordinaire aujourd'hui, le lieu de la scène était une place à laquelle aboutissaient plusieurs rues et où se faisait la course des porte-seringues aux trousses de Pourceaugnac. Les deux avocats, procureurs et sergents de la fin du second acte sortent ensemble de l'une des rues. Pour la consultation de la scène vin du Ier acte.

Celle de l'apothicaire du ler acte,

d Pour les faux archers de la scène rv de l'acte III.

• Celles dont sont armés les deux médecins italiens et les six matassins à la fin du Ier acte.

L'Ouverture'

se fait par Éraste, qui conduit un grand concert de voix et d'instruments, pour une sérénade, dont les paroles, chantées par trois voix en manière de dialogue, sont faites sur le sujet de la comédie, et expriment les sentiments de deux amants, qui, étants 2 bien ensemble, sont traversés par le caprice des parents, 3

PREMIÈRE VOIX*.

Répands, charmante nuit, répands sur tous les yeux
De tes pavots la douce violence,

1. On verra à l'Appendice où et en quoi, dans les intermèdes, le livret du Divertissement de Chambord diffère, en dehors des poésies dont nous donnons les variantes au bas des pages, du texte de nos éditions de la comédie-ballet. 2. Étant, sans accord, dans le texte de 1682.

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3. L'édition de 1682 ajoute ici, avant les vers du dialogue, les quelques paroles qu'Éraste disait à son entrée : « ÉRASTE aux musiciens. Suivez les ordres que je vous ai donnés (que je vous donne, 1718) pour la sérénade; pour moi, je me retire, et ne veux point paroître ici. Sur ce prologue ou premier intermède, et sur les autres divertissements de chant et de danse, voyez ci-après à l'Appendice, p. 339-347, le livret qui en fut préparé pour les premiers spectateurs, et les quelques renseignements que nous y avons joints.

Dans l'édition de 1734, la comédie commence sans préambule, ainsi qu'il suit:

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC,

COMÉDIE-BAllet.

ACTE PREMIER,

SCÈNE PREMIÈRE.

ÉRASTE, UNE MUSICIENNE, DEUX MUSICIENS chantants, PLUSIEURS AUTRES jouant des instruments, TROUPE DE DAnseurs.

ÉRASTE, aux musiciens et aux danseurs.

Suivez les ordres que je vous ai donnés pour la sérénade; pour moi, je me retire, et ne veux point paroître ici.

SCÈNE II.

UNE MUSICIENNE, DEUX MUSICIENS chantants, PLUSIEURS AUTRES jouant des instruments, TROUPE DE DANSEURS.

Cette sérénade est composée de chants, d'instruments et de danses. Les paroles qui s'y chantent ont rapport à la situation où Éraste se trouve avec Julie, et expriment les sentiments de deux amants qui sont traversés dans leur amour par le caprice de leurs parents.

4. UNE MUSICIENNE. (1734.)

Et ne laisse veiller en ces aimables lieux

Que les cœurs que l'Amour soumet à sa puissance1.
Tes ombres et ton silence,

Plus beau que le plus beau jour,
Offrent de doux moments à soupirer d'amour.

DEUXIÈME VOIX.

Que soupirer d'amour

Est une douce chose,

Quand rien à nos vœux ne s'oppose* !
A d'aimables penchants notre cœur nous dispose,
Mais on a des tyrans à qui l'on doit le jour.
Que soupirer d'amour

Est une douce chose,

Quand rien à nos vœux ne s'oppose !

TROISIÈME Voix1.

Tout ce qu'à nos vœux on oppose
Contre un parfait amour ne gagne jamais rien,
Et pour vaincre toute chose,

Il ne faut que

s'aimer bien 8.

LES TROIS VOIX ensemble.

Aimons-nous donc d'une ardeur éternelle:

Les rigueurs des parents, la contrainte cruelle,

1. lei finit, dans le chant, une première reprise, qui est à redire comme la seconde; dans celle-ci, le dernier vers est répété, et les deux fois qu'il se chante il y a encore répétition particulière des mots à soupirer.

2. Plus beaux. (La partition, 1674, 82, 1734.)

3. PREMIER MUSICIEN. (1734.)

4. Après ce troisième vers, le compositeur a ramené les deux premiers pour finir la première reprise.

5. Des parents qui nous tyrannisent.

6. A ce retour de la première reprise du rondeau, les deux premiers vers en reviennent naturellement encore après le troisième.

7. SECOND MUSICIEN. (1734.)

8. Ce couplet est divisé en deux reprises, dont la seconde est formée des deux derniers vers dits deux fois.

9. TOUS TROIS ENSEMBLE. (1734.)

L'absence, les travaux, la fortune rebelle,
Ne font que redoubler une amitié fidèle.
Aimons-nous donc d'une ardeur éternelle :

Quand deux cœurs s'aiment bien,

Tout le reste n'est rien1.

La sérénade est suivie d'une danse de deux Pages, pendant. laquelle quatre Curieux de spectacles, ayant pris querelle ensemble, mettent l'épée à la main. Après un assez agréable combat, ils sont séparés par deux Suisses, qui, les ayant mis d'accord, dansent avec eux, au son de tous les instruments".

1. Voici comment les paroles du couplet ont été employées par le musicien et partagées entre les trois voix, auxquelles, à plusieurs reprises et à la fin, répondent des traits de violons (ou peut-être de ces flûtes dont parle le Divertissement de Chamborda). Ensemble, d'abord : « Aimons-nous donc d'une ardeur éternelle »; puis : « Aimons-nous donc d'une ardeur, d'une ardeur éternelle ». Le premier dessus : « Les rigueurs des parents ». Le second dessus la contrainte cruelle ». La basse : « L'absence ». Le second dessus : « les travaux ». La basse : « la fortune rebelle © ». Le premier dessus : « Ne font que redoubler une amitié fidèle ». Ensemble, sans qu'il y ait, comme dans le texte de Molière, retour du premier vers: « Quand deux cœurs s'aiment bien, Tout le reste n'est rien». Enfin le premier dessus et la basse : « Quand deux cœurs s'aiment bien ». Les trois : « Quand deux cœurs s'aiment bien, Tout le reste, tout le reste n'est rien ». 2. L'éditeur de 1734 a disposé ainsi les indications de ce dernier alinéa :

с

PREMIÈRE ENTRÉE DE BALLET.

Danse de deux Maîtres à danser.

DEUXIÈME ENTRÉE DE BALLET.

Danse de deux Pages.

TROISIÈME ENTRÉE DE BALLET.

Quatre Curieux de spectacles, qui ont pris querelle pendant la danse des deux Pages, dansent en se battant l'épée à la main.

QUATRIÈME ENtrée de ballet.

Deux Suisses séparent les quatre combattants; et, après les avoir mis d'accord, dansent avec eux.

a Voyez ci-après l'Appendice, p. 340, à la fin du ler intermède.

b Le chagrin, au lieu de les travaux, dans la copie de la partition.

© Cruelle, par faute, pour rebelle, dans la même copie; nous ne relèverons pas quelques autres fautes aussi évidentes.

MONSIEUR

DE POURCEAUGNAC.

COMÉDIE'.

ACTE I.

SCÈNE PREMIÈRE'.

JULIE, ÉRASTE, NÉRINE.

JULIE.

Mon Dieu! Éraste, gardons d'être surpris3; je tremble qu'on ne nous voye ensemble, et tout seroit perdu, après la défense que l'on m'a faite.

ÉRASTE.

Je regarde de tous côtés, et je n'aperçois rien.

JULIE'.

Aye aussi l'œil au guet, Nérine, et prends bien garde qu'il ne vienne personne.

1. COMÉDIE (Comédie-ballet, 1682) faite à Chambord (Chambor, 1674), pour le divertissement du Roi. (1674, 82.)

2. SCÈNE III. (1734.) On a vu plus haut, p. 236, note 3, que le prologue était divisé en deux scènes dans cette édition.

3. Prenons garde, ayons attention, ayons l'œil à n'être pas surpris. On a déjà vu garder, employé ainsi, aux vers 1347 et 1360 de l'École des femmes ; à la fin de la scène vir de l'acte II de George Dandin (tome VI, p. 560), il se confond presque avec le pronominal se garder, se préserver : « Gardez de vous tromper, préservez-vous d'erreur.

4. JULIE, à Nérine. (1734.)

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