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DE FRANCE

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULES JUSQU'EN 1789

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Henri IV mort, l'inquiétude fut extrême en France, comme la douleur. A en juger par les apparences, rien ne justifiait l'excès des alarmes. L'édit de Nantes' avait mis fin, pour les Français, aux guerres de religion. Le traité de Vervins entre la France et l'Espagne, la trêve de douze ans entre l'Espagne et les Provinces-Unies, la mort de Philippe II et l'alliance de la France avec l'Angleterre semblaient avoir pacifié l'Europe. On pouvait croire qu'il n'y restait plus que des questions secondaires, comme la possession du marquisat de Saluces et la succession des duchés de Clèves et de Juliers. Mais l'instinct des peuples voit plus loin que les négociations des diplomates: pour le public européen Henri IV était le représentant et le garant de l'ordre, de la

115 avril 1598.

22 mai 1598.

59 avril 1609.

13 septembre 1598.

IV. - 1

paix, de la politique nationale et équitable, de la sagesse intelligente et efficace. Ainsi pensait Sully quand, à la mort de son roi, il alla se renfermer dans l'Arsenal, aussi alarmé que désolé, et le peuple avait raison d'être de l'avis de Sully. La confiance publique s'attachait à la personne du roi. Les spectateurs lui pardonnaient, presque en souriant, ses faiblesses tendres, que pourtant sa vieillesse prochaine rendait plus choquantes. Ils lui savaient gré d'avoir pris, de l'éducation du dauphin Louis son fils, un soin clairvoyant et sévère; il écrivait à sa gouvernante, madame de Montglas : « Je me plains de vous de ce que vous ne m'avez pas mandé que vous aviez fouetté mon fils, car je veux et vous commande de le fouetter toutes les fois qu'il fera l'opiniâtre en quelque chose de mal, sachant bien par moi-même qu'il n'y a rien au monde qui fasse plus de profit que cela. » Et à Marie de Médicis elle-même, il ajoutait : « D'une chose je vous assure, c'est qu'étant de l'humeur que je vous connais, et prévoyant celle de votre fils, vous entière, pour ne pas dire têtue, madame, et lui opiniâtre, vous aurez sûrement maille à partir ensemble. >>

Henri IV était aussi clairvoyant sur sa femme que sur son fils. Les personnes qui connaissaient le mieux le caractère de Marie de Médicis et qui en jugeaient avec le plus d'indulgence, disaient d'elle, en 1610, quand elle avait déjà trente-sept ans : « Qu'elle était courageuse, hautaine, ferme, discrète, glorieuse, opiniâtre, vindicative et méfiante, disposée à la paresse, peu curieuse des affaires, et n'aimant de la royauté que la pompe et les honneurs. » Henri n'avait pour elle ni goût ni confiance, et dans son intime ménage il avait eu avec elle de fréquentes querelles, Il avait pourtant fait célébrer son sacre et pourvu d'avance aux nécessités du gouvernement; à la mort du roi le parlement déclara Marie régente du royaume sur les impérieuses instances du duc d'Épernon, qui lui avait amené aussitôt la reine, et dit en pleine séance, en montrant son épée : « Elle est encore dans le fourreau; mais il faudra qu'elle en sorte si on n'accorde pas à l'instant à la reine un titre qui lui est dû selon l'ordre de la nature et de la justice. » Grâce à la ferme administration de Sully, les dépenses ordinaires et annuelles une fois payées, il y avait, à cette époque, dans les caves de la Bastille ou en créances promptement réalisables, quarante et un millions trois cent quarante-cinq mille livres, et rien n'annonçait que des dépenses extraordinaires et urgentes vinssent entamer cette grosse épargne; l'armée fut licenciée et réduite à douze ou quinze

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