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cette interview d'un certain nombre de considérations dont nous reproduisons les suivantes :

Ep En réalité, la Grèce indépendante, dans les étroites limites qui lui furent fixées, ne date que de 1832. Elle a dû commencer par réparer les ravages matériels des Turcs. Il n'y avait pas alors une route carrossable dans toute l'étendue de son territoire. Partout c'était le domaine de la dévastation et de la misère. L'interview de M. Michalacopoulos montre quels progrès elle a accomplis depuis moins de quatre-vingt-deux ans.

On peut espérer que sa capacité de développement augmentera en raison de la sécurité et de la liberté qui lui seront garanties par le traité de Versailles et en raison du rayonnement que lui donnera le groupement des populations helléniques, dont une partie est encore sous le joug turc.

Depuis 1881, les Grecs ont donné en Thessalie une preuve de la transformation qu'ils savent faire subir à un territoire délivré du régime ottoman.

La Grèce est l'extrémité d'une des trois grandes péninsules méridionales de l'Europe. Coupée de montagnes, divisée en petits vallons, elle ne représentait, avant l'annexion de la Thessalie, en 1881, que 50 000 kilomètres carrés: et, cependant, elle est tellement déchiquetée, la mer la pénètre si profondément, qu'elle avait un développement de côtes de plus de 4000 kilomètres, tandis que l'Italie, avec une superficie de 259 000 kilomètres carrés, n'en a que 2600 et que l'Espagne, avec une superficie de 585 000 kilomètres carrés n'en a que 3000; et, nous ne comptons ni les îles Joniennes, à l'ouest, ni les îles qui, à l'est, font un pont continu entre elle et l'Asie.

Nous le savons par l'Odyssée les Grecs étaient des marins, dans les temps légendaires: le régime turc avait écrasé leur marine; en 1837, ils n'avaient qu'une quarantaine de navires à voiles, dont le tonnage total ne dépassait pas 4500 tonnes. Aujourd'hui, par rapport à sa population, la Grèce est le pays qui après la Norvège, a la plus forte marine marchande.

Quand je lus, dans l'important ouvrage Greece of the Twentieth siecle, by Percy F. Martin, paru en 1913, que le Pirée était le troisième port de la Méditerranée, je fus tellement surpris que je vérifiai immédiatement. Il y avait une erreur d'un rang. A Marseille et à Gênes, il fallait ajouter Naples; mais le Pirée venait le quatrième, avec une entrée de 3 764 000 tonnes en 1910-1911, de de 3 696 000 tonnes en 1911-1912.

L'ALLIANCE FRANCO-RUSSE

D'APRÈS M. MARGAINE, DÉPUTÉ

La licence parlementaire comporte diverses manifestations. Tout d'abord, elle couvre les orateurs, au cours des séances, d'une impunité absolue contre les sanctions civiles et criminelles, que pourraient provoquer des assertions faites en d'autres lieux. Ceux qui sont attaqués à la tribune, n'ont de défense que dans le souci du président, d'écarter des allégations peu motivées. Ils peuvent répondre par la voie de la presse, s'ils ont accès dans les journaux. Beaucoup de gens ont horreur d'engager des polémiques, d'autant plus, que souvent, c'est tirer de l'oubli des discours auxquels personne ne fera d'attention. Les députés, en dehors de l'éloquence déployée par eux, au cours des séances, ont à leur disposition, la faculté de rédiger des rapports, au nom de commissions parlementaires. Quelques-uns de ces rapports sont l'œuvre de gens compétents, possédant à fond, les questions qu'ils traitent. D'autres sont de véritables pamphlets, où s'exhalent des rancunes personnelles, où, sous un prétexte quelconque, on fait le procès d'adversaires politiques.

Ces réflexions nous sont venues, en lisant le commentaire, qu'au nom de la commission des Affaires extérieures de la Chambre des députés, M. Margaine a consacré au Livre jaune, relatif à l'alliance franco-russe (n° 6036, session de 1919, séance du 18 avril 1919.) En 1917, M. Ribot promit de publier les documents relatifs aux liens unissant la France et la Russie. Ces documents s'espaçant de 1890 à 1912, ont été publiés en septembre 1918. La commission des Affaires extérieures fut chargée, par la Chambre, de présenter un rapport, tant sur le contenu de ces documents que sur leur liaison aux événements et leurs effets et conséquences.

L'alliance russe, ombre peut-être, mais ombre nette et vivace,

a eu une réalité extérieure; elle a produit de puissants effets. Certes, les fêtes, les réceptions, les discours, les toasts retentissants, cachaient un vide où tintinnabulait l'or des emprunts. Ce vide a été un roc où s'est usée la souplesse de l'Allemagne. »

Quel que soit le jugement qu'on porte sur le rapport de M. Margaine, on ne saurait lui refuser l'audace des images. On ne saurait, quelque désir que l'on ait, condamner l'alliance russe, ombre, roc et vide. M. Margaine reproche aux militaires de s'être enlisés dans une convention militaire, aux diplomates et aux ministres des Finances de n'avoir pas mis un terme à l'exploitation du marché français par la Russie.

Il reproche aux représentants de la République française, de s'être bornés aux cercles de la cour, de n'être pas descendus dans le peuple, de n'avoir pas su parler avec fermeté et clarté au souverain. Il aurait voulu qu'on canalisât l'or versé à flots par la France en Russie. Tout cela est facile à écrire. Nous ne voyons vraiment pas comment cela aurait pu être accompli. Est-ce que le gouvernement français devait accréditer des représentants spéciaux auprès des adversaires systématiques du gouvernement russe? Celui-ci ne l'aurait pas toléré. Un ambassadeur de France, en 1905-1906 fréquenta, plus que ses prédécesseurs, les chefs de l'opposition. On ne voit pas bien non plus comment le peuple français aurait pu directement, en Russie, veiller à ses intérêts. Lorsqu'un jour, il sera possible d'écrire l'histoire des événements survenus en Russie, on se demandera si le rôle joué par les députés socialistes français, en Russie, a été véritablement utile et bienfaisant.

M. Margaine se défend d'avoir voulu analyser les effets qu'a pu avoir pour la France, l'alliance franco-russe. Et, cependant, c'est là un point capital, de toute investigation. D'après lui, et c'est l'avis général, le rapprochement est né du désir de la France, de sortir de l'isolement dans lequel la confinait l'Allemagne, et avec celle-ci, la Triple-Alliance, et du besoin que ressentait l'empereur Alexandre III de se rendre indépendant des intrigues bismarckiennes, en assurant la sécurité de la France, et le maintien de la paix en Europe. C'est grâce à la sécurité impartie par le rapprochement sur le terrain de la défensive militaire, que la France a pu, ultérieurement, se rapprocher de l'Angleterre. L'Europe et la France ont dû à l'empereur Alexandre III. une longue période de paix. Lorsque, sous prétexte des affaires de Serbie, les Empires du Centre ont déchaîné la guerre, c'était, en premier lieu, contre la France qu'ils l'ont dirigée; c'est la France qu'ils visaient. La Russie venait au second plan de leurs

préméditations, et, cependant, la Russie a rempli la part de ses engagements dès le début. Sa défaite à Tannenberg a sauvé Paris.

A la lueur de la répudiation de la dette publique russe par Lénine dès son avènement, les placements financiers en Russie apparaissent tout différents de l'esprit dans lequel ils ont été contractés.

N'en déplaise à M. Margaine, ce ne sont pas des considérations mercenaires qui ont dicté la conduite de l'empereur Alexandre III. Jamais la Russie n'a fait monnaie ni de son amitié, ni de son alliance avec la France.

Les fonds russes, les affaires russes, avaient une clientèle en France, avant 1887. La baisse provoquée par M. de Bismarck pour effrayer l'empereur Alexandre III et lui apprendre, sous la menace de l'effondrement de ses finances, à s'incliner devant la menace de Berlin, a fourni aux capitaux français, russes, hollandais, une excellente occasion de se procurer des titres dans de bonnes conditions. La manoeuvre de Bismarck, exécutée par ses reptiles de la presse, échoua: elle coincidait, d'ailleurs, avec le relèvement des finances russes, dû à de bonnes récoltes et aux efforts de M. Bunge. Les dix ans écoulés depuis la guerre d'Orient, avaient permis de panser les plaies financières de cette guerre, comme ils suffirent de 1906 à 1914, à consolider les finances, après la guerre du Japon.

M. Margaine a consacré une partie de son rapport, à un examen critique des finances russes, de 1878 à 1912. On a la plus grande peine à le suivre dans les explications et les critiques: il proclame comme un axiome que la gestion des finances publiques devait fatalement aboutir à la faillite de l'Etat. Que de fois, nous avons entendu cette prédiction, depuis une quarantaine d'années! de Cyon, Martin, et bien d'autres l'ont proclamée. Les événements leur ont toujours infligé un démenti catégorique. Durant cette période, la Russie a réussi à se donner une bonne monnaie, à mettre l'or dans la circulation, à développer ses ressources naturelles, à créer une catégorie considérable de petits propriétaires, grâce à la réforme Stolypine. La guerre et le bolchevisme ont détruit, en partie, le fruit de longs et persévérants efforts. Que l'ordre se rétablisse, que la vie des Russes, leur propriété soient assurées, que les contrats publics et privés soient respectés, et l'on s'aper cevra rapidement de la force de récupération de la Russie dans le domaine financier.

TESTIS.

LA LIGUE DU LIBRE-ÉCHANGE

EN MAI 1919

II. La

I. M. Klotz et la recrudescence de la politique protectionniste. situation de la sidérurgie française. III. Nos exportations de minerai de fer en Allemagne. — IV. Les prix de revient, les exportations et le Dumping des fontes et aciers. V. Le Dumping et les industries de transformation. VI. M. Mascuraud et M. Klotz. VII. Incohérences protectionnistes. VIII. L'exportation allemande et le change.

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- IX. Le thé et le coton. - X. La prohibition du papier dans le Royaume-Uni. —- XI. Le Baby du British trade. — XII. M. Wilson et le commerce américain. XIII. Un trust d'exportation et de change. — XIV. Le régime douanier italien. — XV. La conférence interparlementaire internationale du commerce. XVI. Pas de protectionnisme. — XVII. Les admissions temporaires. XVIII. L'Office national du commerce extérieur. - XIX. L'ouverture des débouchés. XX. Protec tion ou libre-échange. XXI. La protestation par l'incendie.

Assemblée générale de la Ligue du libre-échange.

- XXII.

1. M. Klotz et la recrudescence de la politique profectionniste. En homme habile, M. Klotz a fondé sa situation politique sur le protectionnisme.

Le 2 juillet 1904, il obtint pour la Commission des douanes, dont il était président, l'autorisation de se constituer en Commission d'études pour la revision du tarif des douanes, et, le 1 mars 1907, il lui fit attribuer les pouvoirs d'une Commission d'enquête. Elle procéda à une enquête que M. Aynard a caractérisée en rappelant le mot terrible de Platon : « Quiconque est bien interrogé répond bien. »

M. Klotz insistait surtout sur le relèvement du tarif général, comme s'il était dirigé contre l'Allemagne. Il comptait sur la naïveté de ses auditeurs; et les faits ont prouvé qu'il avait raison de ne pas craindre d'en abuser. Il obtint des relèvements de droits con

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