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De ses expressions les touchantes beautés.
C'est par là que la fresque, éclatante de gloire,
Sur les honneurs de l'autre emporte la victoire,
Et que tous les savants, en juges délicats,
Donnent la préférence à ses mâles appas.
Cent doctes mains chez elle ont cherché la louange;
Et Jules, Annibal, Raphaël, Michel-Ange,
Les Mignard de leur siècle, en illustres rivaux,
Ont voulu par la fresque ennoblir leurs travaux.
Nous la voyons ici doctement revêtue

De tous les grands attraits qui surprennent la vue.
Jamais rien de pareil n'a paru dans ces lieux;
Et la belle inconnue a frappé tous les yeux.
Elle a non-seulement, par ses grâces fertiles,
Charmé du grand Paris les connaisseurs habiles,
Et touché de la cour le beau monde savant;
Ses miracles encore ont passé plus avant,
Et de nos courtisans les plus légers d'étude
Elle a pour quelque temps fixé l'inquiétude,
Arrêté leur esprit, attaché leurs regards,

Et fait descendre en eux quelque goût des beaux-arts.
Mais ce qui, plus que tout, élève son mérite,
C'est de l'auguste Roi l'éclatante visite;

Ce monarque, dont l'âme aux grandes qualités
Joint un goût délicat des savantes beautés,
Qui, séparant le bon d'avec son apparence,
Décide sans erreur, et loue avec prudence;
Louis, le grand Louis, dont l'esprit souverain
Ne dit rien au hasard, et voit tout d'un œil sain,
A versé de sa bouche à ses grâces brillantes
De deux précieux mots les douceurs chatouillantes,
Et l'on sait qu'en deux mots ce Roi judicieux
Fait des plus beaux travaux l'éloge glorieux.

Colbert, dont le bon goût suit celui de son maître,
A senti même charme, et nous le fait paraître.
Ce vigoureux génie au travail si constant,
Dont la vaste prudence à tous emplois s'étend,
Qui, du choix souverain, tient, par son haut mérite,
Du commerce et des arts la suprême conduite,
A d'une noble idée enfanté le dessin
Qu'il confie aux talents de cette docte main,
Et dont il veut par elle attacher la richesse

Aux sacrés murs du temple, où son cœur s'intéresse '.
La voilà, cette main, qui se met en chaleur;
Elle prend les pinceaux, trace, étend la couleur,
Empâte, adoucit, touche, et ne fait nulle pause :
Voilà qu'elle a fini; l'ouvrage aux yeux s'expose:
Et nous y découvrons, aux yeux des grands experts,
Trois miracles de l'art en trois tableaux divers.
Mais, parmi cent objets d'une beauté touchante,
Le Dieu porte au respect, et n'a rien qui n'enchante;
Rien en grâce, en douceur, en vive majesté,

Qui ne présente à l'œil une divinité;

Elle est toute en ces traits si brillants de noblesse:
La grandeur y paraît, l'équité, la sagesse,

La bonté, la puissance; enfin, ces traits font voir
Ce que l'esprit de l'homme a peine à concevoir.
Poursuis, o grand Colbert, à vouloir dans la France
Des arts que tu régis établir l'excellence,

Et donne à ce projet, et si grand et si beau,
Tous les riches moments d'un si docte pinceau.
Attache à des travaux, dont l'éclat te renomme,
Les restes précieux des jours de ce grand homme.
Tels hommes rarement se peuvent présenter,
Et, quand le ciel les donne, il faut en profiter.

De ces mains, dont les temps ne sont guère prodigues,
Tu dois à l'univers les savantes fatigues;

C'est à ton ministère à les aller saisir

Pour les mettre aux emplois que tu peux leur choisir;
Et, pour ta propre gloire, il ne faut point attendre.
Qu'elles viennent t'offrir ce que ton choix doit prendre.
Les grands hommes, Colbert, sont mauvais courtisans.
Peu faits à s'acquitter des devoirs complaisants,
A leurs réflexions tout entiers ils se donnent;
Et ce n'est que par là qu'ils se perfectionnent.
L'étude et la visite ont leurs talents à part
Qui se donne à la cour, se dérobe à son art.
Un esprit partagé rarement s'y consomme,
Et les emplois de feu demandent tout un homme.
His ne sauraient quitter les soins de leur métier

1. Saint-Eustache. (Note de Molière.)

Colbert était de la paroisse Saint-Eustache, et il fut inhumé dans l'église. Il avait donné une somme de vingt mille francs pour la construction d'un nouveau portail qui ne fut commencé qu'en 1754, et qui n'est pas même achevé aujourd'hui.

Pour aller chaque jour fatiguer ton portier;
Ni partout, près de toi, par d'assidus hommages,
Mendier des prôneurs les éclatants suffrages.
Cet amour du travail, qui toujours règne en eux,
Rend à tous autres soins leur esprit paresseux;
Et tu dois consentir à cette négligence

Qui de leurs beaux talents te nourrit l'excellence
Souffre que, dans leur art s'avançant chaque jour,
Par leurs ouvrages seuls ils te fassent leur cour.
Leur mérite à tes yeux y peut assez paraître;
Consultes-en ton goût, il s'y connaît en maître,
Et te dira toujours, pour l'honneur de ton choix,
Sur qui tu dois verser l'éclat des grands emplois.
C'est ainsi que des arts la renaissante gloire
De tes illustres soins ornera la mémoire;

Et que ton nom, porté dans cent travaux pompeux,
Passera triomphant à nos derniers neveux.

AU ROI

SUR LA CONQUÊTE DE LA FRANCHE-COMTÉ.

Ce sont faits inouïs, GRAND RO1, que les victoires!
L'avenir aura peine à les bien concevoir;

Et de nos vieux héros les pompeuses histoires
Ne nous ont point chanté ce que tu nous fais voir.

Quoi! presque au même instant qu'on te l'a vu résoudre,
Voir toute une province unie à tes Etats!

Les rapides torrents, et les vents et la foudre,
Vont-ils, dans leurs effets, plus vite que ton bras?

N'attends pas au retour d'un si fameux ouvrage,
Des soins de notre muse un éclatant hommage.

Cet exploit en demande, il le faut avouer.

Mais nos chansons, GRAND RO1, ne sont pas sitôt prêtes; Et tu mets moins de temps à faire les conquêtes

Qu'il n'en faut pour les louer.

STANCES.

Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer;
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c'est dormir que de ne point aimer.
Ne craignez rien; dans l'amoureux empire
Le mal n'est pas si grand que l'on le fait :
Et lorsqu'on aime, et que le cœur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.

Le mal d'aimer, c'est de vouloir le taire :
Pour l'éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n'en faites point mystère.
Mais vous tremblez, et ce dieu vous fait peur?
Peut-on souffrir une plus douce peine?
Peut-on subir une plus douce loi?
Qu'étant des cœurs la douce souveraine,
Dessus le vôtre Amour agisse en roi.

Rendez-vous donc, ô divine Amarante!
Soumettez-vous aux volontés d'Amour;
Aimez pendant que vous êtes charmante.
Car le temps passe et n'a point de retour.

VERS

PLACÉS AU BAS D'UNE ESTAMPE REPRÉSENTANT LA CONFRÉRIE DA
L'ESCLAVAGE DE NOTRE-DAME DE LA CHARITÉ.

Brisez les tristes fers du honteux esclavage
Où vous tient du péché le commerce honteux,
Et venez recevoir le glorieux servage

Que vous tendent les mains de la reine des cieux :
L'un, sur vous, à vos sens donne pleine victoire;
L'autre sur vos désirs vous fait régner en rois;
L'un vous tire aux enfers, et l'autre dans la gloire :
Hélas! peut-on, mortels, balancer sur le choix?

FIN DES OEUVRES DE MOLIÈRE.

TABLE DES MATIÈRES.

LE SICILIEN, on l'AMOUR PEINTRE, comédie...

LE TARTUFE, ou L'IMPOSTEUR, comédie....

AMPHITRYON, comédie...

LE MALADE IMAGINAIRE, comédie-ballet..

AVARE, comédie......

GEORGE DANDIN, OU LE MARI CONFONDU, Comédie....

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, comédie-ballet....
LES AMANTS MAGNIFIQUES, comédie-ballet...

JES

LE BOURGEOIS GENTILHOMME, comédie-ballet..
PSYCHÉ, tragédie-ballet......

LES FOURBERIES DE SCAPIN, comédie.....

LA COMTESSE D'ESCARBAGNAS, comédie.....
LES FEMMES SAVANTES, comédie...

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POÉSIES DIVERSES.

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