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Cette tradition (ou réception) est la véritable et respectable Cabale, dont la moderne n'est qu'une fille illégitime et contrefaite.

VIII.

(Page 135. Newton, dans sa chronologie, n'a pas dédaigné de lui rendre pleine justice.)

Je ne sache pas que Newton ait parlé du calendrier des Hébreux dans sa chronologie; mais il en dit un mot en passant dans ce livre, dont on peut dire à bon droit: Beaucoup en ont parlé, mais peu l'ont bien connu; c'est dans le Commentaire sur l'Apocalypse, où il dit laconiquement (mais c'est un oracle): Judæi usi non sunt vitioso cyclo. (Isaaci Newtoni ad Dan. proph. vatic. nec non, etc., opus posthumum, Trad. lat. de Sunderman, Amst., 1737, in-4o, cap. 11, pag. 115.) Scaliger, excellent juge dans ce genre, décide qu'il n'y a rien de plus exact, rien de plus parfait que le calcul de l'année judaïque ; il renvoie même les calculateurs modernes à l'école des Juifs, et leur conseille sans façon de s'instruire à cette école ou de se taire. (Scaliger, de Emend. temp., lib. VIII. Genève, 1629, in-fol., pag. 656.) Ailleurs il nous dit : Hæc sunt ingeniosissima, etc.... methodum hujus computi lunaris argutissimam et elegantissimam esse nemo harum rerum paulò peritus inficiabitur. (Ibid., lib. VII, pag. 640.)

(Note de l'Éditeur.)

IX.

(Page 153... La garde des archives les plus secrètes à Ecbatane était confiée à des hommes choisis dans cette nation.)

Quelque estime qu'on doive à ce rabbin justement célèbre (Moïse Maimonide) je voudrais cependant, sur le fait particulier des archives d'Ecbatane, rechercher les autorités sur lesquelles il s'est appuyé; ce que je ne suis point à même de faire dans ce moment. Quant à l'immense établissement des Juifs au delà de l'Euphrate, où ils formaient réellement une puissance, il n'y a pas le moindre doute sur ce fait. (Voy. l'Ambassade de Philon, Inter operae græc. et lat. Genève, 1613, in-fol., pag. 792, litt. B.)

X.

(Page 133.) Il (Aristote) s'entretint en Asie avec un Juif auprès duquel les savants les plus distingués de la Grèce lui parurent des espèces de barbares.)

Cunæus dit en effet (Lib. I, c. iv, pag. 26. Elz. 1652): « Tantâ >> cruditione ac scientiâ hominem, uti præ illo omnes Græci qui » aderant trunei et stipites esse viderentur. » Mais cet auteur, | quoique d'ailleurs savant et exact, s'est permis ici une légère hyperbole, s'il n'a pas été trompé par sa mémoire. Aristote vante ce Juif comme un homme aimable, hospitalier, vertueux, chaste surtout, savant et éloquent. Il ajoute, qu'il y avait beaucoup à apprendre en sa conversation; mais il ne fait aucune comparaison humiliante pour les Grecs. Je ne sais donc où Cunæus a pris ses trunci et ses stipites. L'interlocuteur au reste paraît ignorer que ce n'est point Aristote qui parle ici, mais bien Cléarque, son disciple, qui fait parler Aristote dans un dialogue de la composition du premier. (Voy. le fragment de Cléarque dans le livre de Josèphe contre Appion. Liv. I, chap. vIII, trad. d'Arnaud d'Andilly.)

(Note de l'Éditeur.)

XI.

(Page 154. La traduction des livres sacrés dans une langue devenue celle de l'univers.)

-

Il y avait, longtemps avant les Septante, une traduction grecque d'une partie de la Bible. (Voyez la préface qui est à la tête de la Bible de Beyerling. Anvers, 3 vol. in-fol. Fréret, Défense de la Chronologie, pag. 264; Leçons de l'histoire, tom. I, pag. 616. Baltus, Défenses des Pères, etc. Chap. XX, Paris, in-4o, 1711, pag. 614 et suiv.)

On pourrait même à cet égard se dispenser de preuves; car la traduction officielle ordonnée par Ptolomée suppose nécessairement que le livre était alors, je ne dis pas connu, mais célèbre. En effet, on ne peut désirer ce qu'on ne connaît pas. Quel prince a jamais pu or

donner la traduction d'un livre, et d'un tel livre, sans y être déterminé par un désir universel, fondé à son tour sur un grand intérêt excité par ce livre ?

XII.

(Page 136. Tacite, par un aveuglement singulier, a porté cette doctrine aux nues en croyant la blâmer dans un texte célèbre.)

« Judæi mente solâ unumque numen intelligunt, summum illud » et æternum, neque mutabile, neque interiturum. » C'est ce même homme qui nous dira du même culte et dans le même chapitre : mos absurdus sordidusque. (Ann. v. 3.) Rendre justice à ce qu'on hait est un tour de force presque toujours au-dessus des plus grands esprits.

On sera bien aise peut-être de lire, d'après Philon, le détail de certaines circonstances extrêmement intéressantes, touchées rapidement dans un dialogue dont la mémoire fait tous les frais. Philon, parlant à un prince tel que Caligula, et lui citant les actes et les opinions de la famille impériale, n'était sûrement pas tenté de mentir ni même d'exagérer.

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Agrippa, dit-il, votre aïeul maternel, étant allé à Jérusalem, » sous le règne d'Hérode, fut enchanté de la religion des Juifs, et ne pouvait plus s'en taire..... L'empereur Auguste ordonna que, de ses » propres revenus et selon les formes légitimes, on offrirait chaque jour, AU DIEU TRÈS-HAUT, sur l'autel de Jérusalem, un taureau et deux agneaux en holocauste, quoiqu'il sût très-bien que le temple » ne renfermait aucun simulacre, ni public ni caché; mais ce grand prince, que personne ne surpassait en esprit philosophique, sentait bien la nécessité qu'il existât dans ce monde un autel dédié au Dieu » invisible, et qu'à ce Dieu tous les hommes pussent adresser leurs » vœux pour en obtenir la communication d'un heureux espoir et la jouissance des biens parfaits.

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Julie, votre bisaïeule, fit de magnifiques présents au temple en >> vases et en coupes d'or, et quoique l'esprit de la femme se détache

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difficilement des images, et ne puisse concevoir des choses absolu

» ment étrangères aux sens, Julie cependant, aussi supérieure à son » sexe par l'instruction que par les autres avantages de la nature, ar» riva au point de contempler les choses intelligibles préférablement

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» aux sensibles, et de savoir que celles-ci ne sont que les ombres des premières. » N. B. Par ce nom de Julie, il faut entendre Livie, femme d'Auguste, qui avait passé, par l'adoption, dans la famille des Jules, et qui était en effet bisaïeule de Caligula.

Ailleurs, et dans le même discours à ce terrible Caligula, Philon lui dit expressément : Que l'empereur Auguste n'admirait pas seulement, mais qu'il ADORAIT cette coutume de n'employer aucune image pour représenter matériellement une nature invisible.

Εθαύμαζε καὶ προσεκυνεῖ, κ. τ. λ.

(Philonis leg. ad Caium inter Opp. colon, Allobrog., 1615, in-fol., pag. 799 et 805.)

DIXIÈME ENTRETIEN.

LE SÉNATEUR.

Dites-nous, M. le chevalier, si vous n'avez point rêvé aux sacrifices la nuit dernière?

LE CHEVALIER.

Oui, sans doute, j'y ai rêvé; et comme c'est un pays absolument nouveau pour moi, je ne vois encore les objets que d'une manière confuse. Il me semble cependant que le sujet serait très-digne d'être approfondi, et si j'en crois ce sentiment intérieur dont nous parlions un jour, notre ami commun aurait réellement ouvert dans le dernier entretien une riche mine qu'il ne s'agit plus que d'exploiter.

LE SÉNATEUR.

C'est précisément sur quoi je voulais vous entretenir aujourd'hui. Il me paraît, M. le comte, que vous avez mis le principe des sacrifices au-dessus de toute attaque, et que vous en avez tiré une foule de

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