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NANTES, IMPRIMERIE DE VINCENT FOREST, PLACE DU COMMERCE, 1.

Dermine
Nijhoff

2-25-27
13603

PRÉFACE.

Avant même la distribution de notre prospectus, divers bruits ont été mis en circulation touchant la Revue de Bretagne et de Vendée. Nous n'avons point à nous en préoccuper. Notre habitude, Dieu merci, n'est point de prendre des détours, et nous nous sommes expliqués, ce semble, assez clairement, en disant dans le prospectus :

« La Revue de Bretagne et de Vendée respectera constamment ce que tous les honnêtes gens respectent, sans entrer d'aucune façon dans les dissentiments qui les séparent: heureuse seulement d'apporter, dans la sphère où elle s'enferme, un modeste contingent d'efforts à la défense générale des grands principes d'ordre moral, social et religieux, seule base de la civilisation chrétienne, si menacée de nos jours. A cet égard il n'y aura dans la Revue qu'un esprit et qu'un but. »

Cela veut dire, apparemment, que nous sommes du parti des gens de bien et des chrétiens, du parti aussi des bons Français, qui aiment et recherchent partout, dans le passé comme dans le présent, la grandeur et la gloire de la patrie: et fasse Dieu que nous soyons le moins possible du parti des ennuyeux !

Nous voyons clairement, au reste, toutes les difficultés de la tâche que nous essayons. A ne consulter que notre goût et nos forces nous ne nous y serions pas engagés. Mais nous avons dû céder à des considérations et à des conseils, tout-puissants sur notre esprit.

Un recueil littéraire, historique et scientifique, au service des idées chrétiennes et sociales, et spécialement destiné à l'Ouest de la France, voilà une œuvre sans doute qui n'existe point encore, dont l'utilité semble incontestable; mais la réussite est-elle possible? Avec l'aide de Dieu nous l'espérons, pourvu que les amis du bien y prêtent leur concours. Pour nous, une fois résolus à l'entreprendre, nous y mettrons, sans réserve, ce que nous avons de force et de courage.

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Nous avons lieu de penser que nos intentions sont comprises et seront secondées. Parmi les marques que nous en pourrions montrer, on nous permettra d'en choisir une, particulièrement chère à notre cœur, bien trop flatteuse si elle s'adressait seulement à celui qui l'a reçue, mais qui, sous ce couvert, s'applique réellement à l'œuvre même et à tous ses adhérents.

C'est la lettre suivante, que Monseigneur l'Évêque de Nantes nous a

fait l'honneur de nous écrire.

Pour le Comité de Rédaction: A. DE LA BORDERIE.

LETTRE DE M8 L'ÉVÊQUE DE NANTES AU RÉDACTEUR DE LA Revue.

Nantes, 19 Décembre 1856.

MONSIEUR,

Je reçois avec joie et votre lettre en date d'avant-hier et le prospectus de la Revue de Bretagne et de Vendée. Toutes mes sympathies sont acquises à votre œuvre.

J'appelais depuis longtemps de tous mes vœux des études sérieuses qui missent au grand jour tant de richesses cachées de l'église de Nantes et de la Bretagne, nos origines, notre histoire ecclésiastique, nos saints, nos grands hommes, et avec ce passé glorieux l'activité puissante du principe catholique dans le présent, et les espérances de l'avenir. A ces choses qui émeuvent d'abord le cœur d'un évêque, vous joindrez, je le vois, par votre prospectus, bien d'autres travaux, auxquels je ne demeurerai jamais étranger, dès qu'ils toucheront par le moindre côté aux intérêts d'un pays auquel sont liées toutes les affections de mon âme.

Dieu, qui connaît les intentions si droites et si nobles qui vous animent, bénira votre entreprise, et lui donnera, je l'espère, le succès qu'ambitionnent votre foi et votre charité chrétienne, le triomphe de la vérité et de la vertu.

Agréez, Monsieur, l'assurance de mes sentiments les plus dévoués.

+ ALEXANDRE, ÉVÊQUE DE NANTES.

LA BRETAGNE ET LE RÉGENT.

HISTOIRE

DE LA

CONSPIRATION DE PONTCALLEC.

(1717-1720.)

Les vaincus ne sauraient fuir leur destinée. Meurtris sur le champ de bataille, serrés en prison, égorgés par le bourreau, ce n'est rien encore, ils n'ont pas satisfait à leur fortune, et il leur reste à subir les injures de l'histoire. En vain auraient-ils pour eux ce qui fait les belles causes et ce qui honore les défaites et ce qui entraîne les sympathies généreuses la jeunesse ou les cheveux blancs, le dévouement, la loyauté, la piété. En vain ils ont eu contre eux un ennemi effronté et provocateur, condamné par la conscience publique, couvert du mépris des honnêtes gens; rien n'y fait. Ils doivent au sort ce dernier tribut; ils le paieront. Qu'ils ne se fient même pas en la pitié des contemporains. Quand l'opinion leur serait toute favorable, quand ils mourraient au milieu d'un peuple en larmes indigné contre leurs bourreaux, il faudra attendre des années, un siècle peut-être; mais le sort ne se lasse pas d'attendre; et enfin quelqu'un viendra, profanant la cendre des victimes, écrire sur la dalle qui les recouvre le fameux Væ victis. C'est la loi. Tant le succès attire à soi le vulgaire des hommes, et la défaite lui répugne naturellement.

Puisque c'est la loi commune, les gentilshommes bretons qui se soulevèrent sans succès, en 1720, contre le Régent, Philippe d'Orléans, ne pouvaient y échapper. On eût dû croire cependant que notre époque aurait pour eux de l'indulgence. Qu'avaient-ils fait, après tout, sinon demander la liberté des assemblées de la province, le libre vote de l'impôt, réclamer l'exécution de la charte constitutionnelle qui liait

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