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Pour prendre un parti dans les questions importantes, il faut nécessairement les considérer dans leurs rapports avec la prospérité de l'état. LES INSTITUTIONS SOCIALES NE PEUVENT PAS AVOIR D'AUTRES BASES. Toute loi faite pour une nation, doit prendre sa source dans le bien général et quand la force et l'ignorance s'écartent de ce principe, ce sont des actes de despotisme et d'erreur, contre lesquels la raison et l'équité reclament; ce sont des JOURS DE CALAMITÉ, DONT ON ATTEND LA FIN AVEC IMPATIENCE.

M. NECKER, sur la législation et le commerce des grains. Chap. I. Page 12.

Stickat 5-10-38

36321

REGNE

DE

LOUIS XVI,

CINQUIÈME ÉPOQUE;

ου

LE premier ministère de M. NECKER, citoyen de Genéve.

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« Il est une subversion générale qui doit être » essentiellement attribuée au petit nombre d'hommes » connus de toute l'Europe, et dont le génie hardi, » l'éloquence entraînante, ébranlèrent les plus an» ciennes opinions et frayèrent ainsi les voyes à » tous les écarts de l'imagination, et à tous les » abus de la liberté. C'est à leur voix éclatante, et sous leur bannière, qu'on a vu l'esprit philo» Sophique étendre chaque jour ses conquêtes, et » favoriser toutes les insurrections contre les idées » reçues, et contre les vérités communes..

*

» On vit de plus, et c'était une bisarreriesingulière, » on vit les mêmes personnes qui profitaient à la » cour des faveurs du prince, revenir dans la société, » prendre leur part des louanges qu'on accordait aux » sentimens d'indépendance, et au courage de la » liberté...... On croyait qu'il était tems de jouer » un rôle dans la politique, et pour s'y préparer, » chacun parlait du peuple et de son infortune.

NECKER. De la révolution française; section I.

HISTORIQUES

E T

POLITIQUE S.

CHAPITRE PREMIER.

Élévation du marquis de Pezai, ami de M. Necker. Son portrait. Portrait

de sa sceur madame de Cassini. · Leurs stratagémes pour entretenir une correspondance secrète, et inconnue des ministres, avec Louis XVI. Première dépêche de M. de Pezai. Elle plaît au roi. - Première conférence de Pezai avec le monarque dans son cabinet. M. de Pezai fait connaître les plans de M. Necker à M. de Maurepas et au roi. Il fait deux ministres dans l'espace de quelques mois. Il se procure l'emploi d'inspecteur général des côtes du royaume.

DEPUIS

EPUIS sa tendre jeunesse Louis XVI se plaisait à se trouver seul à la cour ou avec la

reine; il aimait à s'éloigner de la présence de son aïeul; et lorsqu'il lui succéda, il chercha à parler, sans être connu, à toutes sortes de particuliers de tous états, leur demandant des nouvelles des affaires du tems, et désirant de connaître le vœu du peuple relativement aux affaires de son règne.

C'est dans le même esprit qu'il aimait à lire les journaux étrangers. La curiosité l'avait engagé à apprendre la langue anglaise; il ne passait pas un jour sans lire ce que ces insulaires imprimaient dans leur fierté et leur indépendance sur le commencement de son règne.

Un jeune homme nommé Masson, qui depuis peu avait pris le titre de marquis de Pezai, profita de cette circonstance pour entretenir avec le roi une correspondance secrète sur les affaires d'état. Cet audacieux personnage était frère de la belle et fameuse madame de Cassini, qui brûlait depuis plusieurs années du désir de la célébrité. Il était né sans fortune; mais il avait, comme sa sœur, un genre d'esprit, une figure intéressante et des talens variés et capables de lui en procurer. Madame de Cassini, vers la fin du règne du feu roi, s'était déjà fait connaître et par ses intrigues et par ses amans. Elle voyait les ministres, les généraux

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