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Bavière. Nous étions en guerre contre les an glais, et Joseph tentait de neutraliser l'Espagne notre alliée. Si la France a manifesté depuis tant de ressentiment contre Marie-Antoinette et contre l'alliance de 1756, voilà les causes éloignées de l'inimitié. La France voyant une alliance aussi illusoire, témoigna enfin son mécontentement.

Louis XVI, dès le commencement de son règne, avait bien connu Joseph II. Il parlait de lui en ces termes, le 11 avril 1775, à M. de Vergennes.

« Je vous renvoye, Monsieur, la dépêche » de M. de Saint-Priest.

» Je ne crois pas que la maison d'Autriche » entende son intérêt, en ne voulant pas de » mander la liberté du commerce de la mer » Noire, toutes les démarches que son cabinet » fait depuis quelque tems sont bien obscures » et bien fausses. Je crois qu'il est embarrassé » de ses nouvelles usurpations en Moldavie et » qu'il ne sait comment se les faire adjuger. » La cour de Russie les désapprouve, et la » Porte ne consentira jamais à les céder à » l'empereur. Je ne crois nullement à ce nouvel >> accord entre ces cours co-partageantes. Je » les crois plutôt en observation vis-à-vis les

» unes des autres, et se défiant d'elles mutuel>>lement: l'avis de M. de Lauzun me confirme » dans ma pensée. Pour ce qui est de l'inva>>sion que les troupes de l'empereur, ont fait >> dans l'état de Venise, je n'y vois nulle raison; » mais la loi du plus fort est toujours la meil» leure. Elle dénote bien le caratère ambitieux » et despote de l'empereur, dont il ne s'est pas » caché au baron de Breteuil. Il faut croire

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qu'il a su fasciner absolument les yeux de » sa mère, 'car toutes ses usurpations n'étaient point dans son goût, et elle l'avait bien dé» claré au commencement. La dépêche qu'a >> reçu M. Thugut, prouve bien que M. de >> Kaunitz désapprouve tout ce qui se passe, » eu la main forcée. C'est surement du Lascy. >> Nous n'avons rien à faire dans ce moment

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et a

ci, que de tout voir et nous tenir fort sur nos gardes sur ce qui nous viendra de Vienne. » Honnêteté et retenue doivent être notre mar» che. Mais M. de Saint-Priest peut toujours » tâter le terrein à Constantinople, sur la navigation libre de la mer Noire. Je me trompe » fort si les trois cours ne prendront pas que» relle à la fin; et gare l'incendie ! »

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Signé LOUIS. >>

Quant à l'opinion de M. de Vergennes sur

l'alliance de 1756, ce ministre la manifestait sans contrainte dans ses dépêches secrètes au roi: il en parle ainsi dans sa lettre à ce prince du -12 avril 1777, peu de jours avant le voyage de l'empereur, sur lequel il avertit Louis de se tenir en garde contre telles ou telles insinuations de ce prince.

« Si le voyage de l'empereur en France a » un but politique, ce prince ne peut se pro» poser que deux objets ; l'un d'engager V. M. » à resserrer les liens de l'alliance qui subsiste » entre elle et la maison d'Autriche; et l'autre » de la disposer à consentir ou gratuitement » ou moyennant certains équivalens, aux vues d'agrandissement que l'empereur peut vou» loir former aux dépens des turcs.

» Ce sont-là deux hypothèses qu'on peut en» visager, et sur lesquels il est de la fidélité des » ministres de V. M. d'éclairer sa religion.

» Par rapport à la première hypothèse, celle de resserrer les nœuds qui unissent V. M. à » la maison d'Autriche. On ne peut se dis» penser de représenter à V. M., que cette » alliance ( bonne en elle-même en ce qu'elle peut être considérée comme une plus grande » sûreté du maintien de la tranquillité pu

blique), ne rapporte à la France d'autre

» avantage, que celui que lui donnerait un » traite de paix bien consolidé et exécuté de » bonne foi, Il ne s'agit en effet. que de jeter » un coup-d'œil sur la situation topographique >> des principales puissances de l'Europe, pour >> reconnaître qu'il n'en est aucune autre, >> ait intérêt ou possibilité de faire la » à V. M. sur le continent.

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qui

guerre

» L'Angleterre, l'ennemie invétérée de cette » monarchie, est insuffisante par elle-même » pour cette entreprise : les états-généraux sont >>fort au-dessous de la possibilité d'en concevoir » le dessein; leur nullité est connue. Le roi de » Prusse pourrait d'avantage; mais en défiance >> contre la maison d'Autriche, qu'il ne peut regarder que comme un ennemi forcément réconcilié, il ne s'embarquera pas sans être provoqué, à envahir les possessions de V. M. qu'il ne pourrait conserver, qu'au risque de » découvrir les siennes propres. D'ailleurs, il » ne pourrait venir à V. M. sans enfreindre le » territoire autrichien. »

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«

CHAPITRE

V.

Louis XVI abandonne à ses ministres, la pensée et l'exécution du gouvernement, à l'exemple de son prédécesseur. Henri IV et Louis XIV, étaient au contraire les principes moteurs des évènemens. Le maréchal de Broglie, le prince de Luxembourg, le comte d'Angiville, le comte de Grimoard transmettent au roi des mémoires sur l'admi- ́ nistration. Détails sur le comte et le chevalier de Grimoard. - Mémoire du premier, lu au conseil, sur Maestricht. Sa mission secrète en Hollande.

LA confiance exclusive que Louis XVI ac

cordait à ses ministres est une des fautes majeures de son règne. Sous Louis XIV, le prince ordonnait, et les ministres exécutaient. L'unité des vues du monarque donnait à son règne ce ton de grandeur et d'ensemble qui le carac

térisent.

Sous Louis XV, l'insouciance du prince,

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