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Du placement de la Bonde.

La bonde étant faite, il faut la placer vers le milieu de la chaussée, ou au milies de la poêle, et l'établir de façon que le dessus de la tête de l'auge soit placé un pied plus bas que le fond de la poêle, et l'autre extrêmité de l'auge qui excède la chaussée du côté de la fosse, doit être de cinq à six pouces plus bas, pour qu'au moyen de cette pente l'eau coule rapidement dans toute la longueur de l'auge, et quand on ne l'a pas établi assez baş, on est obligé d'achever l'épuisement en baquetant l'eau avec des écopes.

Comme il est important qu'il ne s'échappe point d'eau par aucune partie de la bonde, il faut faire une bonne provision de la meilleure glaise qu'on pourra trouver, la plus pure, la moins graveleuse, et la faire bien corroyer par un potier de terre ou par un tuilier.

Avant de commencer à élever la chaussée, ayant creusé suffisamment l'endroit où l'on doit établir la bonde, on y fera un lit de six pouces d'épaisseur de glaise

bien corroyée. On placera dessus les pièces B qui forment le patin, les enfonçant un peu dans cette glaise, de sorte que l'auge A, qui doit être dessus, se trouve par la tête qui est du côté de l'étang, d'un pied plus bas que le fond de la poêle. On mettra en place les jumelles F, l'entre. toise D, le chapeau E, et les liens G; puis on remplira de glaise bien corroyée l'épaisseur des pièces de bois qui forment le patin, qu'on couvrira de deux pouces de glaise, et l'on placera sur cette couche de glaise bien battue, l'auge A, lui donnant la pente nécessaire de six pouces. On mettra en place la queue C du pilon, et le pilouf, pour s'assurer s'il se rencontre bien avec le trou d de la fête de l'auge. Cet article est très-important, et pour que la situation de l'auge ne change pas, on mettra de chaque côté, entre les jumelles et l'auge, un bout de membrure qui la tienne bien assujétie, ayant soin que ces pièces n'excèdent pas l'épaisseur des jumelles. Il y en a qui élèvent ensuite un mur avec du moellon de pierre dure piqué et bien échantillonné, posé à chaux et ciment, dont le parement affleure le

côté des jumelles qui regarde la chaussée; on élève ce mur jusqu'à la hauteur que doit avoir la chaussée, et on l'étend audelà de la bonde de deux ou trois toises de chaque côté. Ce mur est pour empêcher que l'eau ne dégrade la glaise, et que les carpes qui scient la glaise, les rats d'eau et les canards n'entamment le corroi. Mais dans l'endroit où la pierre est rare, on garnit de planches la place où doit être le corroi. Cette construction est assez bonne, parce que les bois qui sont dans l'eau, ainsi que la glaise humide, darent fort long-temps.

Mais si l'on apercevait quelque voie d'eau, on les étancherait en y jetant du frasil qui se trouve dans les forêts, aux endroits où l'on a cuit du charbon : c'est pourquoi on a soin d'avoir sur les chaussées et auprès de la bonde une provision de ce frasil, pour que les gardes puissent en avoir sous la main lorsqu'ils aperçoivent quelque écoulement d'eau.

Du Cul-de-Lampe.

Si, malgré les précautions prises, par quelques accidens imprévus, ou la mauvaise qualité des matériaux, il s'échappait de l'eau par la bonde, il n'y aurait point d'autre remède que de faire autour de la fosse, qui est derrière la chaussée, un batardeau pour retenir celle qui s'échapperait: c'est ce qu'on appelle un culde-lampe. Il est sensible que quand l'eau retenue par ce cul-de-lampe sera parvenue au niveau avec celle de l'étang, il ne s'en échappera plus.

Des Grillages et des Décharges des Etangs.

Pour prévenir les accidens qui résultent des débordemens auxquels la plupart des étangs sont exposés, soit à cause des rivières qui y aboutissent, soit par la grande quantité d'eau que fournissent quelquefois les sources, soit par les eaux de pluie qui découlent trop abondamment des côteaux, ce qui pourrait tellement

gonfler l'eau de l'étang qu'elle se répandrait par-dessus la chaussée, ou qu'elle se déchargerait dans un endroit has qui se rencontrerait à quelque partie de la circonférence de l'étang, des déchargeoirs naturels sont très-avantageux dans ce cas, surtout lorsqu'ils ne laissent échapper l'eau que quand l'étang est entièrement trop plein; mais pour que le poisson ne sorte pas de l'étang avec l'eau, il faut établir en ces endroits des grilles de bois D, fig. i, pl. XXVI, ou encore mieux, de fer, dont les barreaux soient assez serrés pour que le poisson ne passe pas au travers.

Tant pour retenir le poisson que conserver les chaussées, il est important d'établir des déchargeoirs naturels avec de bonnes pierres dures, bien taillées, et posées à chaux et à ciment. Mais quand ces déchargeoirs sont trop larges pour que la face qui regarde l'étang soit fermée par une seule pierre, il faut y mettre une pièce de bois noyée dans la maçonnerie. Les joints de pierres ne pouvant pas résister à l'écoulement rapide de l'eau. Au reste, à quelqu'endroit qu'on les place,

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