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CHAPITRE DEUXIÈME.

PREMIER ARTICLE DU SYMBOLE.

SOMMAIRE.

D. Quel est le sens général de cet article : je crois en Dieu, etc.? R. Il exprime deux choses : l'une, que le chrétien croit fermement à l'existence d'un seul Dieu en trois personnes, créateur de l'univers et souverainement parfait : l'autre, qu'il le reconnoît comme la source de tout bien, et qu'il s'attache à lui de tout son cœur, comme à sa fin dernière.

D. Quel est le caractère particulier de la foi?

• R. C'est qu'étant fondée sur la parole même de Dieu, elle donne au chrétien une certitude entière des vérités qu'elle enseigne, et le dispense par-là même de toute recherche inutile et curieuse, par rapport à ces vérités : ce qui doit nécessairement le préserver d'une multitude infinie d'erreurs.

D. La foi est-elle une vertu purement intérieure?

R. Non: on doit encore la confesser dans ses discours et dans ses actions, toutes les fois que cela est nécessaire.

D. Qu'est-ce que la foi nous enseigne de Dieu?

R. Ce que la philosophie humaine n'avoit jamais pu parvenir à faire connoître, à établir, l'existence de Dieu et ses infinics perfections, la foi nous l'enseigne dès notre enfance, d'après la révélation même de Dieu et le témoignage des écritures, qui ne sont que sa parole.

D. Pourquoi le nom de père est-il donné à Dieu ?

R. D'abord parce que Dieu est notre créateur, ensuite parce
qu'il a adopté tous les chrétiens pour ses enfants; mais prin-
cipalement, parce qu'il y a trois personnes en Dieu, qui sont le
Père, le Fils et le Saint-Esprit. C'est le mystère de la sainte
Trinité, qui nous fait reconnoître en Dieu trois personnes et
une seule nature.

D. Pourquoi le symbole ne nomme-t-il que la toute-puissance de
Dieu, parmi toutes ses perfections?

R. D'abord parce qu'une seule perfection, si elle est infinie, renferme nécessairement toutes les autres; et encore, parce que c'est par les œuvres de sa puissance principalement que Dieu nous est connu. C'est aussi ce qui frappe davantage l'esprit des fidèles.

D. Dicu peut-il faire le mal?

R. Non, parce que sa puissance est parfaite, unie à une bonté, à une sagesse infinies.

D. Quels sentiments doit inspirer au chrétien la foi en la puissance de Dieu?

R. Elle doit lui inspirer la crainte et l'humilité, parce que nous dépendons en tout de cette puissance souveraine; la confiance, parce qu'elle peut nous accorder tous les biens; et le courage dans la pratique de toutes les bonnes œuvres.

D. Qu'est-ce que la création?

R. C'est l'action par laquelle Dieu a donné l'existence à tout ce qui est, les anges, les hommes, les animaux, les plantes, etc.; toutes ces choses sont comprises dans ces mots : créateur du ciel et de la terre.

D. Qu'y a-t-il eu de particulier dans la création des anges et de l'homme?

R. Les anges furent créés bons et ornés de tous les dons, mais doués de liberté, pour choisir à leur gré le bonheur ou le malheur. Il en fut de même de l'homme. Mais une partie des anges se révolta contre Dieu, qui les punit sur-le-champ ; et l'homme s'étant laissé séduire par ces esprits pervers, fut aussi puni de sa prévarication. Mais Dieu lui promit un libérateur, et le remit par sa bonté dans les droits qu'il avoit perdus. D. Qu'est-ce que la Providence.

R. C'est le soin que Dieu prend de toutes les choses qu'il a créées, et principalement, ce sont, d'une part, les lois qu'il donne à l'homme, pour régler ses actions, et, de l'autre, les récom penses des bons, les châtiments des méchants, après cette vie. Toutes ces choses sont renfermées dans la religion.

Je crois en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre.

Voici le sens de ces paroles: Je crois fermement et je confesse sans aucun doute Dieu le Père, première personne

Credo in Deum Patrem omnipotentem, creatorem cœli et terræ. His verbis ea sententia subjecta est : certo credo, ac sine ulla dubitatione profiteor

de la Trinité, qui par sa vertu toute-puissante a créé de rien le ciel, la terre et tout ce qui est contenu dans l'univers; qui conserve et qui gouverne toutes choses. Et nonseulement je le crois de coeur et je le confesse de bouche, mais encore je tends à lui de toute l'affection et de toute la force de mon âme, comme au parfait et souverain bien. Tel est en peu de mots le sens de ce premier article. Mais parce que toutes les paroles renferment chacune de grands mystères, le pasteur doit maintenant les peser et les expliquer avec beaucoup d'exactitude, afin que les fidèles ne viennent, s'il est possible, qu'avec une religieuse frayeur, contempler la gloire de la majesté divine.

§ I.

P

CROIRE en cet endroit n'est pas la même chose que penser, s'imaginer, former une opinion. C'est, suivant ce qu'enseignent les Ecritures, un acquiescement inébranlable, ferme et constant, de notre esprit, aux mystères que Dieu a révélés. Ainsi, pour ce qui regarde notre objet actuel, celui-là croit, qui est tellement persuadé d'une chose, qu'il la tient pour absolument certaine, sans conserver aucun doute.

Deum Patrem, primam scilicet Trinitatis personam, qui sua omnipotenti virtute cœlum ipsum et terram, et omnia quæ cœli et terræ ambitu continentur, ex nihilo condidit, et condita tuetur ac regit: neque solum eum corde credo et ore confiteor, verum summo studio ac pietate ad illum, veluti summum et perfectissimum bonum contendo. Hæc igitur sit brevis quædam primi hujus articuli comprehensio. Sed quoniam magna mysteria in singulis fere verbis latent, ea nunc diligentius parocho perpendenda sunt: ut, quantum Dominus permiserit, ad ejus majestatis gloriam contemplandam cum timore et tremore fidelis populus accedat.

Igitur credendi vox hoc loco putare, existimare, opinari non significat: sed, ut docent sacræ litteræ, certissimæ assensionis vim habet, qua mens Deo sua mysteria aperienti, firme constanterque assentitur. Quamobrem is credit (quod ad hujus loci explicationem attinet ) cui aliquid sine ulla hæsifatione certum, et persuasum est *.

Rom. 4. 18, 19, 20, 21.

Et qu'on ne s'imagine pas que les connoissances de la foi soient moins certaines, parce que nous ne voyons pas les choses qu'elle nous propose de croire. Si la lumière divine qui nous les fait connoître, n'en donne pas l'évidence, elle ne nous permet cependant point d'en douter; car le même Dieu qui a fait sortir la lumière des ténèbres, a fait briller sa lumière dans nos cœurs, afin que l'Evangile ne fût point caché pour nous, comme il est caché pour ceux qui pé

rissent.

Il suit de là que celui qui possède cette connoissance céleste de la foi, n'a plus besoin d'aucune recherche curieuse. Car lorsque Dieu nous a commandé de croire, il ne nous a pas proposé de scruter ses jugements, ni d'en rechercher les raisons et les motifs; mais il a voulu que notre foi fût immuable, et que notre esprit se reposât entièrement dans la connoissance qu'elle lui donne de la vérité éternelle. En effet Dieu est véritable, dit l'Apôtre, et tout homme est menteur. Si donc on ne peut, sans arrogance et sans témérité, non- seulement repousser ce qu'un homme sage et prudent affirme être vrai, mais encore lui demander de prouver par des raisons ou par des témoins les choses qu'il avance, quelle ne sera pas la témérité ou plutôt la folie de celui qui, entendant la voix de Dieu même, cherchera encore des raisons pour croire la céleste doctrine du salut?

Neque vero existimare quisquam debet fidei notitiam minus certam esse, quod ea non cernantur quæ nobis credenda fides proponit: etenim divinum lumen, quo ea percipimus, tametsi rebus perspicuitatem non afferat, nos tamen de his dubitare non sinit. Deus enim qui dixit de tenebris lucem splendescere, ipse illuxit in cordibus nostris, ut non sit nobis opertum Evangelium, sicut iis qui pereunt.

Jam vero ex iis quæ dicta sunt, consequitur, eum qui cœlesti hac fidei cognitione præditus est, inquirendi curiositate liberum esse. Deus enim cum jussit nos credere, non divina judicia scrutanda, eorumque rationem et causam perquirendam nobis proposuit, sed immutabilem fidem præcepit, quæ efficit ut animus in æternæ veritatis notitia conquiescat. Ac profecto cum Apostolus testetur, Deus verax est, omnis autem homo mendax 3, si arrogantis et impudentis hominis est gravi ac sapienti viro aliquid affirmanti fidem non habere, sed præterea urgere, ut, quod dixerit rationibus aut testibus probetur: cujus temeritatis atque adeo stultitiæ fuerit, Dei voces audientem, cœlestis ac salutaris doctrinæ rationes requirere?

12. Cor. 4. 6.. -22 Cor. 3.-3 Rom. 3. 4.

Il faut donc croire, non seulement sans aucun doute, mais encore sans rechercher aucune démonstration.

Le pasteur enseignera aussi que celui qui dit : je crois, exprimant par ces mots l'assentiment intime de son esprit, qui est l'acte intérieur de la foi, est obligé de professer hautement et de manifester avec joie devant tout le monde la foi qu'il a dans son cœur. Tous les fidèles doivent être animés de cet esprit qui a fait dire au Prophète : J'ai cru, et c'est pourquoi j'ai parlé; imiter les apôtres, lorsqu'ils répondoient aux princes du peuple: sur des choses que nous avons vues et entendues, nous ne pouvons point garder le silence ; et s'encourager soit par ces belles paroles de saint Paul Je ne rougis pas de l'Evangile, car il est la vertu de Dieu pour le salut de tous les croyants; soit par celles-ci, qui prouvent particulièrement la vérité en question on croit de cœur pour être justifié, et l'on confesse de bouche pour être sauvé.

:

Fides itaque, seclusa omni non solum ambiguitate, sed etiam demonstrandi studio, tenenda est.

Verum illud præterea doceat parochus, eum qui dixit, Credo, præterquam quod intimum mentis suæ assensum declarat, qui interior fidei actus est, debere id, quod animo inclusum habet, aperta fidei professione præ se ferre summaque alacritate palam fateri ac prædicare. Oportet enim fideles eum spiritum habere, quo fretus Propheta dixit: Credidi, propter quod locutus sum'; iraitari Apostolos qui ad principes populi responderunt: non possumus, quæ videmus et audivimus, nen loqui; divi Pauli præclara illa voce excitari: Non erubesco Evangelium3: virtus enim Dei est in salutem omni credenti. Item quo maxime bujus sententiæ veritas confirmatur, Corde creditur ad justitiam, ore autem confessio fit ad salutem4.

'Psal, 115, 1.- Act. 4. 20.—3 Rom. 1. 16. —4 Rom. 10. 10.

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