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autres, conviennent également aux trois personnes, suivant l'enseignement de la foi catholique.

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Ce que nous avons à dire maintenant de la création de l'univers, nous fera connoître combien il étoit nécessaire d'instruire les fidèles sur la toute-puissance de Dieu; car il est d'autant plus facile de croire un mystère si grand, que l'on doute moins du pouvoir infini du créateur.

Or Dieu n'a pas formé le monde d'aucun élément préexistant, mais il l'a tiré du néant, sans nécessité ni contrainte, librement et de son plein gré. Rien ne l'a porté à l'œuvre de la création, si ce n'est sa bonté, dont il vouloit répandre les bienfaits sur ses créatures. Infiniment heureux, par sa nature, il n'a besoin de rien, comme le témoigne David par ces paroles : j'ai dit à mon Seigneur : vous éles mon Dieu, et vous n'avez pas besoin de mes biens. Et de même que, guidé par sa bonté scule, il a fait tout ce qu'il a voulu, ainsi, pour former toutes choses, il n'a pas eu besoin de suivre aucun modèle qui ne fût pas en lui. Il possède, dans sa souveraine intelligence, l'idée exemplaire

modi nomina communiter in tribus personis, ex catholicæ fidei regula di

cántur.

Creatorem cæli et terræ. Quam necessarium fuerit, omnipotentis Dei cognitionem paulo ante fidelibus tradi ex iis quæ nunc de universorum creatione explicanda erunt, perspici potest. Tanti enim operis miraculum facilius creditur, quod nullus de immensa Creatoris potestate dubitandi locus relinquitur.

Deus enim non ex materia aliqua mundum fabricatus est, sed ex nihilo creavit, idque nulla vi aut necessitate coactus, sed sua sponte et voluntate instituit. Neque vero ulla alia fuit causa, quæ illum ad opus creationis impelleret, nisi ut rebus, quæ ab ipso effecta essent, bonitatem suam impertiretur. Nam Dei natura ipsa per se beatissima nullius rei indigens est, ut inquit David: Dixi Domino : Deus meus es tu, quoniam bonorum meorum non eges'. Quemadmodum autem sua bonitate adductus, quæcumque voluit, fecit: ita non exemplum aliquod aut formam, quæ extra se Psal. 15. 2. Ps. 113. 3. ibid. 148. 5.

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de toutes choses. Il a donc suffi à l'ouvrier suprême de considérer cette idée en lui-même, et de l'exprimer dans son ouvrage, pour produire dès le commencement, avec la sagesse infinie et la puissance souveraine qui lui est propre, l'universalité des choses existantes. Il a dit et les choses on été faites; il a ordonné, et elles ont été tirées du néant (c).

On entend par le ciel et la terre tout ce qui est renfermé dans l'un et dans l'autre. Dieu a non-seulement formé l'étendue des cieux, dont le prophète a dit qu'ils étoient l'ouvrage de ses doigts; mais c'est lui qui les a ornés de la lumière du soleil, de la lune, et des autres astres, pour les faire servir de signes, afin de distinguer les saisons, les jours et les années. C'est lui encore qui a donné à tous les globes célestes leur course constante et réglée, dont le mouvement perpétuel est si rapide et la direction si invariable.

Dieu créa encore des êtres spirituels et une multitude d'anges, pour être ses serviteurs et ses ministres, les orna des dons de sa grâce, et leur communiqua une grande puissance. Puisque en effet nous lisons dans les saintes lettres que le demon n'a pas demeuré dans la verité, il est clair que lui et les autres anges déserteurs avoient reçu le don de la grâce, dès leur création. Saint Augustin l'affirme po

posita esset, cum universa conderet, secutus est: verum quia rerum omnium exemplar divina intelligentia continetur, id summus artifex in se ipso intuens, ac veluti imitatus, summa sapientia et infinita virtute, quæ ipsius propria est, verum universitatem initio procreavit; ipse enim dixit, et facta sunt: ipse mandavit, et creata sunt.

Verum cœli et terræ nomine, quidquid cœlum et terra complectitur, intelligendum est. Nam præter cælos, quos opera digitorum ejus propheta appellavit, solis etiam splendorem, lunæque, et cæterorum siderum ornatum addidit: atque, ut essent in signa, et tempora, et dies, et annos 2, ita cœlorum orbes certo et constanti cursu temperavit, ut nihil perpetua eorum conversione mobilius, nihil mobilitate illa certius videri possit.

Præterea spiritualem naturam, innumerabilesque angelos qui Deo ministrarent atque adsisterent, ipse ex nihilo creavit, quos deinde admirabili gratiæ suæ et potestatis munere auxit atque ornavit. Nam cum illud sit in divinis litteris, diabolum in veritate non stetisse, perspicuum est eum reliquosque desertores angelos ab ortus sui initio gratia præditos fuisse 3. De quo ita est apud sanctum Augustinum: Cum bona voluntate, id est, cum

Psal. 8. 4. Gen 1. 14.- .3 Joan. 3. 44.

sitivement, lorsqu'il dit que Dieu crea les anges avec une volonté droite, c'est-à-dire avec un amour chaste, qui les attachoit à lui, formant en même temps leur nature et y ajoutant la grâce comme un bienfait. Il faut donc croire que les saints anges n'ont jamais été privés de cette volonté droite, c'està-dire de l'amour de Dieu. Pour ce qui regarde l'étendue de leur science, voici ce que nous lisons au livre des Rois : Roi, mon Seigneur, vous avez la sagesse comme un ange de Dieu, et vous connoissez tout ce qui est sur la terre. Enfin le saint roi David leur attribue la puissance, dans ces paroles : les anges sont puissants en vertu, et ils exécutent les ordres de Dieu; et c'est pour cela qu'ils sont souvent appelés vertus et armée du Seigneur.

Mais quoiqu'ils eussent tous été doués de ces dons céJestes, plusieurs cependant étant devenus infidèles à Dieu leur père et leur créateur, furent chassés de leurs demeures divines, et renfermés dans une obscure prison, au milicu de la terre, où ils reçoivent la peine éternelle de leur orgucil. C'est d'eux que le prince des apôtres a dit que Dieu n'a point épargné les anges pécheurs, mais qu'il les a precipités dans l'enfer et liés de chaînes, pour y être lourmentés et pour y attendre le jugement (d).

Dieu affermit aussi par sa parole la terre sur son propre

amore casto, quo illi adhærent, angelos creavit, simul in cis et condens naturam et largiens gratiam '. Unde sine bona voluntate, hoc est Dei amore, nunquam sanctos angelos fuisse credendum est. Quod autem ad scientiam attinet, exstat illud sacrarum litterarum testimonium : Tu, Domine mi! rex sapiens es, sicut habet sapientiam angelus Dei, ut intelligas omnia super terram. Potestatem denique eis tribuit divinus David illis verbis: Potentes virtute, facientes verbum illius 3; atque ob cam rem, sæpe in sacris litteris virtutes et exercitus Domini appellantur.

Sed quamvis omnes ii cœlestibus donis ornati fuerint, plurimi tamen qui à Deo parente et creatore suo defecerunt, ex altissimis illis sedibus deturhati, atque in obscurissimum terræ carcerem inclusi, æternas superbiæ suæ pœnas luunt ; de quibus princeps apostolorum scribit in hune modum: angelis peccantibus non pepercit, sed rudentibus inferni detractos in tartarum tradidit cruciandos, in judicium reservari 4.

2

At vero terram etiam super stabilitatem suam fundatam Deus verbo suc

August 12, de Civ. Dei, cap. 9. a. Reg. 14. 20.3 Pa. 102, 20.-2. Petr.

poids, et la suspendit au milieu du monde. Il éleva les montagnes, il creusa les vallées, et posa des bornes à la mer, pour empêcher les eaux d'inonder la terre. Ensuite il couvrit sa surface de toute sorte d'arbres, de plantes et de fleurs, qui lui servent d'ornements, et remplit la terre, les eaux et l'air d'une multitude innombrable d'animaux de toute espèce.

Enfin il forma le corps de l'homme du limon de la terre, et lui accorda, par un effet de sa bonté, le don de l'immortalité et de l'impassibilité, qui ne tenoit pas essentiellement à sa nature. Quant à l'âme, il la créa à son image propre et à sa ressemblance, la douant du libre arbitre, et réglant tellement les mouvements et les désirs de son esprit, qu'ils devoient être toujours soumis à l'empire de la raison. A cela il joignit encore le don admirable de la justice, et soumit tous les animaux à son pouvoir.

Pour mieux instruire les fidèles de toutes ces choses, le pasteur pourra facilement consulter les détails qu'en donne l'histoire de la Genèse.

Voilà donc ce qu'il faut savoir de la création de toutes les choses, du ciel et de la terre. Le prophète l'a renfermé

jussit in media mundi parte consistere, effecitque ut ascenderent montes, et descenderent campi in locum quem fundavit eis1; ac ne aquarum vis illam mundaret, terminum posuit, quem non transgredientur, neque convertentur operire terram. Deinde non solum arboribus, omnique herbarum et florum varietate convestivit atque ornavit: sed innumerabilibus etiam animantium generibus, quemadmodum antea aquas, et aera, ita etiam terras complevit.

Postremo Deus ex limo terræ hominem sic corpore affectum, constitutum cffinxit, ut non quidem naturæ ipsius vi, sed divino beneficio immortalis esset et impassibilis. Quod autem ad animam pertinet, eum ad imaginem et similitudinem suam formavit 2, liberumque ei arbitrium tribuit : omnes præterea motus animi atque appetitiones ita in co temperavit, ut rationis imperio nunquam non parerent. Tum originalis justitiæ admirabile donum addidit, ac deinde cæteris animantibus præesse voluit, quæ quidem facile erit parochis ad fidelium institutionem ex sacra Genesis historia cog

noscere.

flac igitur de universorum creatione, coli et terræ, verbis intelligenda sunt: quæ omnía breviter quidem propheta complexus est illis verbis :

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dans ce peu de mots : les cieux sont à vous, et la terre vous appartient; c'est vous qui avez formé le globe de la terre et tout ce qui le remplit. C'est aussi ce qu'a exprimé le concile de Nicée, en ajoutant au symbole ces paroles : les choses visibles et invisibles. Car toutes les choses qui sont dans l'univers et que Dieu a créées, sont ou visibles, si elles tombent sous les sens, ou invisibles, si elles ne peuvent être aperçues que par l'esprit.

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MAIS en reconnoissant Dieu pour l'auteur et pour le créateur de toutes choses, il ne faut pas s'imaginer que son ouvrage, après avoir été achevé et fini par lui, lui, ait pu subsister indépendamment de sa puissance infinie. De même en effet que toutes les choses ont eu besoin, pour exister, de ia sagesse, de la puissance et de la bonté du créateur : ainsi elles réclament l'action continuelle de sa providence et ne se conservent que par la même force qui leur a donné l'existence. Sans cette assistance nécessaire, elles rentreroient aussitôt dans le néant. Ainsi l'enseigne l'Ecriture. Comment quelque chose pourroit-il subsister, dit-elle à Dieu, si

Tui sunt cæli, et tua est terra, orbem terræ et plenitudinem ejus tu fundasti; sed multo etiam brevius Patres Nicæni conciiii, additis in symbolo duobus illis verbis, visibilium et invisibilium, significaverunt. Quæcumque enim rerum universitate comprehenduntur atque à Deo creata esse confitemur, ea vel sub sensum cadunt, et visibilia dicuntur, vel mente et intelligentia percipi à nobis possunt, quæ invisibilium nomine siguificatur.

Nec vero ita Deum creatorem atque effectorem omnium credere opor tet, ut existimemus, perfecto absolutoque opere, ea quæ ab ipso effecta sunt, deinceps sine infinita ejus virtute constare potuisse: Nam quemadmodum omnia ut essent creatoris summa potestate, sapientia et bonitate effectum est: ita etiam nisi conditis rebus perpetua ejus providentia adesset, atque cadem vi, qua ab initio constitutæ sunt, illas conservaret, statim a nihilum reciderent. Atque id Scriptura declarat, cum inquit : Quomodo

• Peal. 88. 12.

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