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blable au jugement des hommes les plus savants. Ce n'est point un homme qui semble y avoir tenu la plume; c'est l'Eglise même, notre sainte mère, guidée et inspirée par le Saint-Esprit, qui y parle et qui nous y instruit. Vous qui êtes déjà un peu avancés en âge, lisez-le sept fois et plus. Vous en retirerez les fruits les plus admirables. Démosthène, dit-on, pour se rendre éloquent, écrivit huit fois de sa main les harangues de Thucydide, tellement qu'il les savoit par cœur : à combien plus juste titre, vous, qui devez travailler de toutes vos forces à procurer la gloire de Dieu, votre salut et celui du prochain, ne devez-vous pas lire et copier même plusieurs fois un livre composé par l'ordre du concile de Trente, et, pour ainsi dire, sous la dictée du Saint-Esprit ? » t?

Nous ne pourrions rien ajouter à cet éloge; mais il n'y a rien à en retrancher. Le Catéchisme du concile de Trente est un abrégé de toute la théologie dogmatique et morale. On y trouve tout ce qu'il peut être utile ou nécessaire d'expliquer au peuple, de la doctrine chrétienne; et il peut également servir pour préparer et les catéchismes et les prônes. Nous mettrons, à la fin du deuxième volume, une espèce de table pratique où l'on verra d'un coupd'œil, et les divers sujets que le pasteur peut traiter d'après l'Evangile de chaque dimanche, et les endroits de ce catéchisme où ces sujets sont expliqués d'une manière plus ou moins développée.

DE LA FOI DANS L'ÉGLISE CATHOLIQUE.

§ I.

CROIRE, c'est tout le chrétien, tout l'homme : il n'y a point d'action sans la foi. Celui qui croit vivement, agit avec force; il est nécessairement fervent. Celui qui ne croit pas, n'agit point; il est impie de pensée et d'action. Celui qui croit foiblement, est tiède. Enfin, celui qui croit mal, comme le protestant, le déiste, etc., mêle dans sa conduite le bien et le mal; et sa croyance, n'ayant rien de divin dans les motifs qui lui servent de base, n'est point à l'épreuve des grands combats, même dans les choses dont il semble le plus vivement persuadé.

Il suit de là que rien n'importe plus au chrétien que d'avoir une foi vraic, éclairée, ferme et vive. Les pasteurs peuvent donc, en un sens, rapporter à ce but tout l'exercice de leur saint et laborieux ministère; et, s'ils ont le bonheur d'avoir des paroissiens remplis d'une telle foi, ils pourront, avec une juste confiance, espérer de les voir constamment victorieux du monde, de la chair et du démon; fidèles à toutes leurs obligations; et saints, au milieu de la corruption qui nous gague de toutes parts: Hæc est victoria quæ vincit mundum, fides nostra1.

§ II.

Le catholique croit, comme vérité incontestable, tout ce qui lui est enseigné par l'Eglise; soit que l'Ecriture le renferme, soit que la tradition seule en ait conservé la connoissance. Il n'interprète ni la tradition, ni l'Ecriture, suivant son sens particulier; mais il attend et reçoit cette interprétation de la bouche des pasteurs, en qui il reconnoît la fonction et la mission divine d'enseigner, d'expliquer et d'interpréter, d'une manière infaillible, toute la religion de Jésus-Christ, pour le dogme, la morale, le culte, et par conséquent la discipline. Ainsi il croit sa religion vraie, parce qu'il la

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croit instituée et révélée de Dieu, qui ne peut faillir. Il croit sa religion révélée de Dieu, il croit que tel et tel dogme sont réveles, que telle partie de l'Ecriture doit s'entendre de telle manièrc, ou plutôt que Dieu y a attaché, en l'inspirant à l'auteur sacré, telle signification, etc., parce que l'Eglise l'assure qu'il en est ainsi. Il croit à l'Eglise, à son autorité, à la nécessité et à l'infaillibilité de son enseignement, parce qu'il voit tous les catholiques y croire; parce qu'il voit ce dogme constamment enseigné et reçu dans l'Eglise avec tous les autres; parce qu'il sent que l'Eglise catholique cesseroit d'être ce qu'elle est et ce qu'elle a toujours été, c'est-à-dire, d'exister, si elle n'avoit pas l'autorité d'enseigner; parce qu'il comprend parfaitement qu'il ne peut pas plus refuser d'acquiescer à la doctrine et à l'enseignement des pasteurs de l'Eglise, pas plus l'interpréter à sa façon ni le contrôler par son jugement particulier, que les premiers chrétiens n'avoient le droit d'entendre à leur manière ou de rejeter ce que les apôtres leur enseignoient au nom de celui qui les avoit envoyés; pas plus que les apôtres et les disciples eux-mêmes ne pouvoient exiger du Sauveur, quand il daignoit leur révéler ses pensées divines, qu'il les leur fit comprendre, ni réclamer le droit de n'en croire que ce que leur raison pourroit en concevoir.

En deux mots, le catholique croit les différents dogmes de sa religion, par l'autorité de l'enseignement de l'Eglise ; et il croit l'enseignement de l'Eglise, parce qu'il croit que les pasteurs sont les interprètes divinement établis, pour lui apprendre le sens de toute la révélation, traditionnelle ou écrite.

Au contraire, le protestant croit sa religion vraie, parce qu'il croit la voir dans l'Ecriture, et surtout dans le nouveau Testament. Il croit l'Ecriture, le nouveau Testament, parce qu'il croit que la parole de Dieu, la révélation, y est certainement et clairement renfermée. Enfin, il croit que l'Ecriture sainte est la parole de Dieu, parce que sa raison lui démontre le contraire absurde ou impossible; soit d'ailleurs qu'il prenne pour point de départ de ses raisonnements ou les miracles, ou les prophétics, ou l'établissement merveilleux de la religion chrétienne, ou la sublimité de ses dogmes, la beauté et la pureté de sa morale, ou tout cela ensemble. Il croit, en dernier résultat, à lui-même, et uniquement d'après les lumières de sa raison.

Quant au philosophe, il ne croit que les choses dont il a l'évidence, ou qu'il peut démontrer par voie de raisonnement. Comprendre est pour lui la condition essentielle de croire. Il rejette done comme faux ou douteux tout ce qu'il ne comprend pas

Mais, en partant de ce point, les philosophes ne marchent pas long-temps ensemble. Les uns, et ce sont les plus raisonnables, ou du moins ceux qui raisonnent le mieux, prétendent que l'homme ne comprend réellement aucune vérité (et en cela ils ont certainement raison); d'où ils concluent qu'ils ne doivent rien croire, mais douter de tout. Les autres ne comprennent que ce que leurs sens physiques aperçoivent. Ils croient la matière et ses divers phénomènes; mais ils ne comprennent rien aux choses spirituelles et morales; et, par conséquent, ils n'admettent ni Dieu, ni l'âme spirituelle de l'homme, ni la loi morale, etc. Une troisième classe de philosophes admet, outre la matière, Dicu, l'âme humaine, la loi morale ou la religion naturelle, parce qu'ils croient comprendre ces vérités; mais ils ne reçoivent ni mystères, ni révélation, ni culte positif, ni miracles, parce que toutes ces choses leur semblent au-dessus de la raison, et qu'ils ne les comprennent point, ou même parce qu'ils prétendent en comprendre l'impossibilité et la contradiction.

Enfin, entre les protestants qui reçoivent tout ce qui est dans l'Ecriture, comme révélé de Dieu, à condition cependant de l'interpréter à leur façon et selon les lumières de leur raison, et les philosophes naturalistes qui ne croient à aucune révélation, et n'admettent que les devoirs ou la religion que leur raison peut deviner et comprendre, il s'est glissé depuis peu une sorte de secte tout à la fois philosophique et religieuse, qui, admettant comme révélée de Dieu toute la partie dogmatique et morale des livres saints, et re.connoissant même, avec les catholiques, qu'une autorité enseignante a été jusqu'ici nécessaire pour les interpréter et pour conserver l'unité de la foi au milieu de la barbarie et de l'ignorance, nient tranchément que cette autorité soit encore nécessaire, et affirment que bientôt le progrès des sciences et des lumières sera tellement général, que chacun comprendra aisément tout ce qui est vrai, même dans l'ordre religieux d'où ils concluent qu'il y aura nécessairement unité de foi, à cause de l'unité essentielle de la vérité. Selon eux nous n'avons désormais plus rien à faire qu'à philosopher pour hâter la découverte de tous les mystères même les plus cachés, et dégager enfin, pour le montrer aux yeux de tous, ce grand inconnu, qui jusqu'ici a été l'objet ou de la foi, ou des recherches, ou des doutes, ou de l'incrédulité des hommes'.

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