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blée : « Depuis quatre ou cinq ans en ça, il est décédé plusieurs notables, tant du corps de la justice que bourgeois et anciens échevins, qui avaient les charges de quartiniers, cinquanteniers et lieutenans, pour commander aux habitans. » L'orateur ajoute: « Il est besoin d'y pourvoir en leur place. » Alors, parmi les successeurs donnés aux morts, on nomme : « Me Louis Laurens, avocat, quartinier, au lieu et place de feu Me Jehan Mallet, conseiller (1). »

De ce remplacement et de cette nomination d'un successeur à Jehan Mallet, nous tirons la conséquence qu'il mourut en 1623 ou en 1624. Si l'on se rappelle qu'il se montra sur la scène du monde l'année 1568, on présumera aisément qu'à cette époque de sa mort, il dut être d'un âge assez avancé.

Nous n'avons pas fait difficulté de donner quelque étendue à la biographie de Mallet, car elle explique et complète plusieurs faits mentionnés dans notre recueil. Comme à la suite de son ouvrage, nous avons placé celui de Vaultier, passons maintenant aux renseignemens qui concernent Vaultier.

Nous avons feuilleté les vingt-cinq volumes in-folio d'Afforty et les anciens comptes manuscrits, déposés aux archives de la ville de Senlis. Rien ne nous est apparu comme mention biographique sur cet écrivain. Nous ne le connaissons que par le peu de phra

ses qu'il a laissées échapper touchant sa personne, et qui sont éparses dans son journal. Nous ne devons pas être fâchés de la manie qu'avaient anciennement nos auteurs de parler d'eux. On sait que, sans un tel manque de modestie, la vie de notre Brantôme nous serait elle-même presque inconnue aujourd'hui.

Je dirai d'abord quel est le manuscrit de Vaultier.

(1) Collection manuscrite d'Afforty, partie précitée, pages 7719 et suivantes. A la page 3954 de cette même collection, on trouve encore ce qui suit « Le samedi 12 février 1628, M. Louis Lauens, avocat, a été nommé et élu pour l'un des quartiniers de la ville, au lieu et place de feu Me Jehan Mallet; et, à sa place de cinquantenier, a été nommé Raoul Martine... >>

Ce manuscrit forme un volume de format petit in-4o, de 280 pages de texte. Il est d'une écriture moderne assez nette. C'est à l'obligeance extrême de M. Ledru, de Senlis, auteur d'un ouvrage estimé sur la science notariale, que je dois la propriété de ce volume. I le possédait depuis 1811, et le tenait des héritiers Jourdain, alliés de la famille Foullon, l'une des plus anciennes de Senlis. Je crois qu'il a appartenu à M. Afforty, car j'ai trouvé, à la fin, une feuille volante, sur laquelle est inscrite une note qui est évidemment de sa main, ainsi que je m'en suis assuré, au moyen d'une comparaison attentive avec les autres manuscrits de ce laborieux compilateur.

Le titre du manuscrit de Vaultier est perdu. Nous l'avons rétabli pourtant, tel qu'il se trouve à la page 408 où nous lisons : « C'est la fin des présentes histoires et discours d'une partie des choses faites et passées en ce royaume... ... qui ont eu cours depuis le 13 mai 1588, jusqu'an 16 juin 1598......

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Quoique le copiste de Valier ne se soit pas nommé comme le copiste de Mallet, nous avons la preuve que c'est le même, nous voulons dire, M. Jean-Henri Plansson, conseiller au bailliage et présidial de Senlis. L'écriture du copiste de Vaultier ressemble d'une manière frappante à celle de l'autre. De plus, à la page 157 du manuscrit qui nous occupe, une note, au sujet d'un moulin nommé dans le texte, est ainsi conçue : « Ce moulin, appelé depuis de Saintron, par corruption ou autrement, était un moulin à eau, faubourg de Villevert, dans la grande rue allant à Pont, lequel est aboli depuis soixante-dix ou quatre-vingts ans, et dont on a détourné l'eau qui passe, depuis ce tems et encore à présent, 1742, au travers des prés... (1)»

Ainsi, au mois d'avril 1742 (2) M. Planss on copiait Mallet. Cette même année, il a copié Vaultier. Nous pensons que la se

(1) Voyez la note 28 parmi celles sur Vaultier, page 415. (2) Voyez ci-devant la page 6 de cette Introduction.

vrée, sûrement parce que ce prince mourut bientôt après. Au mois de juin 1590, Henri IV satisfit en partie à la promesse faite par son prédécesseur roi, et, par lettres patentes données au camp devant Paris, exempta les Senlisiens des tailles pour neuf ans, et des francs-fiefs et nouveaux acquêts à perpétuité (1). Avant l'expiration de la durée de ce privilége, la ville de Senlis voulut s'en assurer la continuation, à commencer du jour que les premières neuf années seraient écoulées. Me Jehan Mallet, notre conseiller solliciteur, accompagné de Rieul Martine, greffier en l'élection, de Charles de Saint-Leu, marchand, ex-échevin, et d'Antoine Duquesne, échevin, alla à Meaux, au mois de septembre 1596, député, ainsi que ceux-ci, de la ville de Senlis, pour avoir expédition des lettres de continuation. Monseigneur le connétable se mêla de l'affaire; et, par son moyen, on obtint l'affranchissement demandé. Aussi, au mois d'octobre 1596, fallut-il que Mallet avec Martine et d'autres notables allassent vers lui à Mello le remercier. Sans doute qu'à Mello, monseigneur le connétable les accueillit fort gracieusement : il accueillit mieux encore, je crois, deux demyes queues de vin, l'une d'Orléans et l'autre de Beaulne, acheptez à Paris et qui lui furent présentez." Alors un pareil remerciment avait son prix.

Le privilége obtenu, il fut nécessaire de faire vérifier à la chambre des comptes les lettres patentes. Cette vérification ajoutait à leur validité. Donc nouvel embarras. Senlis se souvenait de l'opposition que la chambre des comptes avait manifestée en 1593 et en 1594, à l'entérinement pur et simple de la concession royale du mois de juin 1590. Cette opposition avait été vive et énergiquement motivée. Le motif était très-juste. La cour pensait que chaque élection ayant sa cote fixe à payer, en libérant une partie de l'élection de sa part des charges communes, ceule du plat pays en pouvoient estre surchargez.

Au mois d'avril 1597, deux échevins de Senlis "firent trois

(1) Nous rapportons les actes de la libéralité de Henri IV, et nous invitons le lecteur à y recourir.

voyages pour la vérification des secondes lettres d'exemption des tailles. Senlis recourut à un expédient pour influencer et décider messieurs des comptes. Douze pâtés de venaison leur furent offerts. La vérification se fit néanmoins attendre. Jehan Mallet et Rieul Martine, ces habiles demandeurs, et un échevin de la ville, partirent au mois de mai suivant pour se rendre à Paris, afin d'activer l'accomplissement de la formalité exigée. Au mois de juin suivant, même année, deuxième voyage des mêmes députés. Enfin en juillet, six autres pâtés de venaison, comme les premiers, fabriqués et cuits à Senlis, firent aussi un voyage vers aucuns de messieurs des comptes. Tous ces pâtés, tous ces voyages amenèrent-ils la vérification tant désirée? Nos documens se taisent, mais nous pensons que l'éloquence de Jehan Mallet, ou plutôt la présence des comestibles ne fut pas inutile.

Nous voyons qu'en 1598 les Senlisiens voulurent faire valoir, à l'encontre des trésoriers de France leurs aultres lettres-patentes pour aultres neuf années. Il est probable que s'ils les produisaient, ils les présentaient accompagnées de la formalité propre à leur donner un effet, de la mention de la vérification. Au reste, vérifiées ou non, elles ne furent pas exécutées, et ce en vertu d'un arrêt du conseil du roi, donné au bureau d'état, tenu à Mantes, le 21 avril 1598, qui donna droit de contrainte sur tous les privilégiés et les exemptés, quels qu'ils fussent, sans avoir égard aux lettres patentes qui pourraient être exhibées. Cet arrêt fut signifié aux échevins de Senlis, le 2 juin suivant. A quoi servirent les nombreux deniers déboursés à la poursuicte de l'exemption des tailles, en dons et en frais de voyages (1)?

Le samedi 25 juillet 1609, le conseil de la ville de Senlis fut assemblé. Le lieutenant-général et particulier qui avait droit de présider le conseil, était absent. Il s'éleva une contestation entre Mallet et Me Legrand, prévôt de Senlis, afin de le suppléer. Ce

(1) Actes précités et comptes de Jacques Truyart, faisant mention des divers voyages et des dons qui furent faits. Voyez ci-après, pages 528 et suiv.

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