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que, durant cette guerre, les habitans de Senlis furent fort travaillés lévées de deniers, tant pour les frais de la guerre que pour fortifier la ville et eux maintenir en sûreté.

par

En ce même tems, monseigneur de Guyenne envoya lettres au clergé et habitans de Senlis, par lesquelles il les'priait affectueusement de vouloir donner leur consentement à la nomination de M. Richard de Caurroi, son aumônier, à l'évêché de Senlis ; ce qu'ils lui accordèrent très-volontiers.

En juin 1415, le roi envoya lettres et commissions aux habitans de Senlis pour lever sur eux, par forme d'aide, savoir, sur le diocèse de Senlis 3,000 livres, dont la ville paierait 1,200 livres, et ce pour résister à la male volonté du roi d'Angleterre qui voulait entrer au royaume de France, pour y faire la guerre.

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Le dernier jour du mois, fut apporté en l'hôtel de la ville aux gouverneurs d'icelle, par l'official et un chanoine, les bulles du pape portant provision de l'évêché de Senlis à Me Jean maître en théologie, et un mandement aux habitans de le recevoir bénignement et fussent vrais fils, afin qu'ils leur fût bon père et pasteur.

Le 27 septembre 1415, le roi envoya lettres aux habitans, par lesquelles il les avertissait de la prise faite par Henri V, roi d'Angleterre, de la ville de Harfleur; pourquoi leur enjoignait de lui envoyer le plus d'hommes armés qu'ils pourraient, et enjoignissent à tous gens de guerre de l'aller trouver pour recouvrer la ville et combattre les Anglais.

En mai 1416, la guerre était grande entre le roi de France et les Anglais. Ceux de Senlis, environnés d'ennemis, par l'absence de leur bailli et capitaine, pour mettre un bel ordre à la ville et obéissance, nommèrent le procureur du roi qui s'appelait Gilles Buffet, pour commander et être obéi, et si nommèrent quatre quartiniers, pour commander aux quatre quartiers de la ville, à savoir, Guillaume Lescallot, depuis la porte de Paris jusqu'à celle de Creil; Oudin Douaire, depuis la porte de Creil jusqu'à la porte de Saint-Rieul; Robert Leplat, depuis la porte SaintRieul jusqu'à celle de Meaux ; et Oudart Charon, depuis la porte

de Meaux jusqu'à celle de Paris : en ce tems-là, celle de Bellon n'était pas encore construite.

Le 8 septembre 1417, les habitans reconnaissant les forces du duc de Bourgogne, et qu'ils n'étaient assez puissans ni leur ville assez forte pour lui résister, par l'avis de leur bailli, envoyèrent vers le duc de Bourgogne pour le prier de leur laisser garder leur ville sans garnison pour le roi et pour lui; ce qu'ils firent, et quelque tems après, ayant su que la reine était avec le duc de Bourgogne et qu'ils voulaient partir de Chartres pour aller passer l'hiver ailleurs, étant en doute s'ils viendraient près de Senlis, jugèrent qu'ils ne devaient pas se rebeller contre eux, mais fein, dre qu'ils étaient de leur parti sous le roi.

Le 23 novembre audit an, députèrent deux gentilshommes pour aller vers ladite reine et le duc de Bourgogne les avertir de l'état de la ville et nécessités qui étaient en icelle; et, d'autant qu'ils n'y voulaient aller à cause du danger des chemins, fut résolu que, s'ils étaient pris en y allant, l'on paierait leurs rançons. jusqu'à 200 écus.

Le 5 décembre même année, fut faite une assemblée et remon tré que, depuis que la ville s'était rendue au roi sous le gouverncment du duc de Bourgogue en la main de M. Philippe de Luxembourg, il lui avait mis et ordonné, pour bailli et capitaine, Guillaume de Brenouille, à la charge de vingt hommes d'armes et vingt hommes de traits: à cause des grandes affaires qui étaient survenues à la ville, ils avaient écrit audit duc de Bourgogne pour avoir du secours, lequel les aurait déchargés dudit de Brenouille, et, en son lieu, aurait envoyé et remis pour capitaine Trouillard de Manceaux, qui, autrefois, avait été mis par le roi et si aurait envoyé, pour la garde et sûreté de la ville, deux capitaines et cent hommes d'armes et cent hommes de traits, auxquels fut accordé leur bailler, pour un mois seulement, 400 livres, et qu'ils logeraient aux hôtelleries et non aux maisons des gens. d'église et des bourgeois.

Le 6 avril 1418, fut fait assemblée des habitans où fut remontré qu'ils étaient fort empêchés, à cause que le comte d'Arma

gnac, connétable de France, tenait la ville assiégée et qu'il fallait trouver argent pour supporter les frais des gens de guerre qui étaient dans la ville. Il fut donné pouvoir aux attournés d'en recouvrer et d'obliger tous les biens des habitans.

Il ne se trouve point de ce qui advint du siége et comme il fut levé, d'autant que la ville ne fut point prise.

Le 18 juillet ensuivant, en l'assemblée des habitans, fut résolu que le sieur Aumaury, qui voulait entrer dans la ville et trois ou quatre cents chevaux, n'y entrerait point qu'avec dix chevaux seulement, et qu'il serait envoyé vers le roi pour lui demander vingt mille livres pour les fortifications de la ville; en quoi il se reconnaît que la ville était toujours en l'obéissance du roi, quelque feinte qu'ils fissent d'être du parti du duc de Bourgogne, et néanmoins voulurent apertement se déclarer être au roi seul ; car, en octobre ensuivant, ayant su que Tanneguy du Châtel, prévôt de Paris, les voulait assiéger, comme il fit, ils envoyèrent vers le roi et le duc de Bourgogne pour avoir quarante hommes d'armes et quarante hommes de traits, pour la défense de la ville.

De ce siége ne se trouvent aucuns mémoires en la ville. Il se remarque seulement dans Nicole Gilles et quelques auteurs, que les habitans de Senlis, tenant le parti du duc de Bourgogne, auraient été assiégés par ledit Tanneguy du Châtel, et que ceux de la cité s'étant rendus au cas qu'ils ne fussent secourus à certain jour, lequel passé, ne s'étant point rendus, ledit Tanneguy fit couper la tête des otages qui lui avaieut été envoyés, et, ce fait, leva le siége et se retira; et, pour montrer que cela est véritable, il se trouve qu'en l'année 1446, près de vingt-cinq ans après, un nommé Robert Criselle et Catherine, sa femme, auparavant veuve de feu Guillaume Escallot, firent appeler les habitans de Senlis pour leur payer dommages et intérêts pour la mort de défunt Escallot qui avait été baillé en otage avec autres pour rendre la ville, quand elle fut siégée par le comte d'Armagnac : pourquoi est à croire que la ville ne fut assiégée qu'une fois par ledit comte d'Armagnac et Tanneguy du Châtel, et que les deux ne firent qu'un siége, comme Nicole Gilles ne parle que dudit Tanneguy. Il se

peut aussi reconnaître qu'à la vérité les habitans se maintenaient sous l'autorité du roi et du duc de Bourgogne, selon les occurrences, et que ledit duc avait avec lui la reine de France, et étaient près Senlis, ils ne lui contredisaient point, et néanmoins étaient toujours sujets fidèles au roi, et, pour ce faire, étaient bien empêchés et fallait user de grande prudence.

En 1418, il fut résolu par les habitans d'obtenir du roi, pour eux acquitter des dettes qu'ils avaient faites durant le siége de la ville et frais faits aux fortifications d'icelle, que se leverait sur chacune queue de vin 4 sous parisis, quand le vin se vendrait en détail 4 deniers, le pot, et ainsi à portion du prix, et 2 sous parisis sur chaque queue qui se vendrait en gros.

En 1419, les habitans de Senlis furent en peine pour la monnaie que le duc de Bourgogne avait fait forger, que l'on ne voulait prendre, à cause qu'elle ne valait rien et était affaiblie ; pourquoi le commerce cessait, et fut résolu que personne ne serait contraint de la prendre et serait libre de la recevoir ou refuser.

Cependant le roi de France était détenu par le duc de Bourgogne avec la reine et madame Catherine, leur fille. Les habitans de Senlis se maintenaient toujours doucement sous l'autorité du roi et dudit duc, sans méfaire ni médire à l'une ni à l'autre des parties, sinon que, depuis que le roi Henri V d'Angleterre eut épousé madame Catherine, les habitans furent contraints adhérer au parti du roi d'Angleterre et du duc de Bourgogne; étant environnés de toutes parts des ennemis du roi, sans toutefois se départir de la bonne volonté et du service qu'ils devaient au roi qui était captif entre leurs mains : et est à remarquer que, la mort advenue au duc de Bourgogne en novembre 1419, qui fut tué à Montereau-Faut-Yone par les gens de monseigneur le Dauphin, lorsqu'ils parlementaient ensemble, le fils du duc de Bourgogne comte de Charolois, nommé Jean, par le conseil des Français qui tenaient son parti, prit alliance avec le roi d'Angleterre et firent le mariage du roi d'Angleterre et de madame Catherine de France; lequel roi décéda au bois de Vincennes, mangé des poux, le jour de saint Fiacre, 28 octobre 1422, et laissa ladite dame sa

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femme enceinte d'un fils, et fut régent de France le duc de Betfort.

Durant cette année 1419 et autres suivantes, ainsi qu'il a été déclaré ci-dessus, les habitans de Senlis furent fort empêchés pour eux maintenir, recevaient souvent des lettres de monseigneur le Dauphin et du duc de Bourgogne. Aussi et de fait, le 12 septembre 1419, furent apportées des lettres de Paris auxdits habitans, par lesquelles on leur faisait savoir que assemblée avait été faite au parlement de Paris où s'étaient trouvés le comte de Saint-Paul, lieutenant pour le roi, le chancelier et plusieurs seigneurs, capitaines et gendarmes, le prévôt de Paris, prévôt des marchands et autres conseillers, officiers du roi, bourgeois, manans et habitans de Paris, lesquels avaient fait le serment au comte de SaintPaul d'obéir à lui, comme lieutenant, et entendre avec lui à la conservation de la ville et, généralement, à la réformation et défense du royaume et résister aux damnables entreprises des sédi– tieux et infracteurs de la paix, et homicides du duc de Bourgogne et pour suivre la vengeance et réparation d'icelle, de vivre et mourir avec le comte de Saint-Paul.

Le 18 septembre, furent apportées autres lettres de monseigneur le Dauphin, datées du 11 dudit mois, avec autres lettres du sieur de Trossi, de Compiègne, du 17 dudit mois, sur lesquelles les habitans de Senlis résolurent de bien garder la ville et faire. guerre aux ennemis du roi.

Le 29 du même mois, autres lettres furent apportées de la part de monseigneur le Dauphin, données à Tours, le 22 de ce mois, auxquelles fut faite réponse par les habitans, qu'ils garderaient la ville pour le roi, et que les habitans étaient au roi et assez forts pour la garder et voulaient la paix.

Le 2 octobre ensuivant, reçurent autres lettres du duc de Bourgogne, sans qu'il soit fait mention de ce qu'elles contenaient, écrites de Bourges le 23 juillet.

Le 10 de ce mois, fut publié que nul ne serait contraint à prendre la monnaie du duc de Bourgogne, s'il ne voulait.

Le 17 mai, sur ce qu'il fut donné avis que les Armagnacs et

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