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trouver en Egypte les prêtres de ce pays, qu'il apprit d'eux la géométrie, qu'il se rendit en Perse auprès des philosophes chaldéens et pénétra jusqu'à la mer Rouge. Il y en a qui assurent qu'il passa dans les Indes, qu'il conversa avec des gymnosophistes, et fit un voyage en Ethiopie.

« Démétrius raconte qu'il vint à Athènes; qu'à cause du mépris qu'il avait pour la gloire il ne chercha point à s'y faire connaître, et que, quoiqu'il eût occasion de voir Socrate, il ne fut pas connu de ce philosophe; aussi dit-il: « Je suis venu à Athènes, et en suis sorti inconnu. >> « On a de lui cette maxime: La parole est l'ombre des actions. >> « Démétrius raconte qu'après avoir fini ses voyages et dépensé tout son bien, il vécut pauvrement; de sorte que son frère Damaste, pour soulager son indigence, fut obligé de le nourrir. L'événement ayant répondu à quelques-unes de ses prédictions, plusieurs le crurent inspiré, et le jugerent déjà digne qu'on lui rendit les honneurs divins. Il y avait une loi qui interdisait la sépulture dans sa patrie à quiconque avait dépensé son patrimoine. Démocrite, dit Antisthène, informé de la chose, et ne voulant point donner prise à ses calomniateurs, leur lut son ouvrage intitulé du Grand monde, ouvrage qui surpasse tous ses autres écrits. Il ajoute que cela lui valut cinq cents talents, qu'on lui dressa des statues d'airain, et que, lorsqu'il mourut, il fut enterré aux dépens du public, après avoir vécu cent ans et au delà. » DIOGÈNE LAERCE, trad. Lefèvre, IX.

Démocrite admettait pour principes de l'univers les atomes et le vide, rejetant tout le reste comme fondé sur des conjectures. Il croyait qu'il y a des mondes à l'infini, sujets à la génération et à la corruption; que rien ne se fait de rien ni ne s'anéantit; que les atomes sont infinis par rapport à la grandeur et au nombre; qu'ils se meuvent en tourbillon, et que de là proviennent le feu, l'eau, l'air et la terre; que ces matières sont des assemblages d'atomes; que leur solidité les rend impénétrables, et fait qu'ils ne peuvent être détruits; que le soleil et la lune sont formés par les mouvements et les circuits grossis de ces masses agitées en tourbillon; que l'âme est un composé de même nature; que tout s'opère absolument par la raison du mouvement circulaire qui est le principe de la génération, raison qu'il appelle nécessité; que la fin de nos actions est la tranquillité d'esprit; non celle qu'on peut confondre avec la volupté, comme quelques-uns l'ont compris, mais celle qui met l'âme dans un état de parfait repos, de manière que, constamment satisfaite, elle n'est troublée ni par la crainte, ni par la superstition ou par quelque autre passion que ce soit.

DIOGENE LAERCE, IX.

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Pythagore, Grec d'Ionie, né à Samos en 584, fonda à Crotone une association philosophique, mystique et politique. Les pythagoriciens acquirent une grande influence à Crotone et dans d'autres colonies grecques d'Italie. Leur association fut persécutée et dispersée, et Pythagore fut tué à Métapont en 504. Les principaux disciples de Pythagore furent Philolaüs et Archytas de Tarente.

« Pythagore partageait de cette manière les différents temps de la vie. Il donnait vingt ans à l'enfance, vingt à l'adolescence, vingt à la jeunesse, et autant à la vieillesse; ces différents âges correspondaient aux saisons, l'enfance au printemps, l'adolescence à l'été, la jeunesse à l'automne, la vieillesse à l'hiver. Selon Timée, il fut le premier qui avança que les amis doivent avoir toutes choses communes, et qui dépeignit l'amitié une égalité de biens et de sentiments. Conformément au principe du philosophe, ses disciples se dépouillaient de la propriété de leurs biens, mettaient leurs facultés en commun, et s'en faisaient une fortune à laquelle chacun avait part avec autant de droit que tout autre. Il fallait qu'ils observassent un silence de cinq ans, pendant lesquels ils ne devaient être attentifs qu'à écouter. Aucun n'était admis à voir Pythagore qu'après cette épreuve finie. Alors ils étaient conduits à sa maison, et avaient la permission de fréquenter son école.

«... Apollodore rapporte qu'il immola une hécatombe lorsqu'il eut découvert que le carré construit sur le côté de l'hypoténuse du triangle rectangle est égal aux deux autres.

«... Il défendait de tuer les animaux, comme ayant en commun avec les hommes un droit à cause de l'àme dont ils sont doués aussi bien que nous. Rien n'est plus fabuleux que ce conte; mais ce qu'il y a de vrai, c'est qu'il recommandait l'abstinence de toute viande, afin que les hommes s'accoutumassent à une manière de vivre plus commode, qu'ils se contentassent d'aliments sans apprèt, qu'ils s'accommodassent de mets qui n'eussent pas besoin de passer par le feu, et qu'ils apprissent à étancher leur soif en ne buvant que de l'eau claire. Il insistait d'autant plus sur la nécessité de sustenter le corps de cette manière, qu'elle contribue à lui donner de la santé et à aiguiser l'esprit. >>

DIOGENE LAERCE, trad. Lefèvre.

LES VERS DORÉS ATTRIBUÉS A PYTHAGORE (1).

Révère les dieux immortels, c'est ton premier devoir. Honore-les comme il est ordonné par la loi.

Respecte le serment. Vénère aussi les héros dignes de tant

1. Ils sont probablement de quelque disciple de Pythagore.

d'admiration, et les génies terrestres; rends-leur le culte qui leur est dû.

Respecte ton père et ta mère, et tes proches parents.

Choisis pour ton ami l'homme que tu connais le plus vertueux. Ne résiste point à la douceur de ses conseils, et suis ses utiles exemples.

Crains de te brouiller avec ton ami pour une faute légère.

Si tu peux faire le bien, tu le dois : la puissance est ici voisine de la nécessité.

Prends l'habitude de commander à la gourmandise, au sommeil, à la luxure, à la colère.

Ne fais rien de honteux en présence des autres ni dans le secret. Que ta première loi soit de te respecter toi-même.

Que l'équité préside à toutes tes actions, qu'elle accompagne toutes tes paroles.

Que la raison te conduise jusque dans les moindres choses.

La fortune se plaît à changer; elle se laisse posséder, elle s'échappe. Éprouves-tu quelques-uns de ces revers que les destins font éprouver aux mortels, sache les supporter avec patience, ne t'indigne pas contre le sort. Il est permis de chercher à réparer nos malheurs ; mais sois bien persuadé que la fortune n'envoie pas aux mortels vertueux des maux au-dessus de leurs forces.

Il se tient parmi les hommes de bons discours et de mauvais propos. Ne te laisse pas effrayer par de vaines paroles : qu'elles ne te détournent pas des projets honnêtes que tu as formés.

Tu te vois attaqué par le mensonge? prends patience, supporte ce mal avec douceur.

Observe bien ce qui me reste à te prescrire; que personne par ses actions, par ses discours, ne puisse t'engager à rien dire, à rien faire qui doive te nuire un jour.

Consulte-toi bien avant d'agir: crains, par trop de précipitation, d'avoir à rougir de ta folie. Dire et faire des sottises est le partage d'un sot.

Ne commence rien dont tu puisses te repentir dans la suite. Garde-toi d'entreprendre ce que tu ne sais pas faire, et commence par t'instruire de ce que tu dois savoir. C'est ainsi que tu mèneras une vie délicieuse.

Ne néglige pas ta santé donne à ton corps, mais avec modération, le boire, le manger, l'exercice. La mesure que je te prescris est celle que tu ne saurais passer sans te nuire.

LES VERS DORÉS ATTRIBUÉS A PYTHAGORE.

31

... Rien n'est préférable à la juste mesure, qu'il faut observer en toutes choses.

N'abandonne pas tes yeux aux douceurs du sommeil avant d'avoir examiné par trois fois les actions de ta journée. Quelle faute ai-je commise? Qu'ai-je fait ? A quel devoir ai-je manqué ? Commence par la première de tes actions, et parcours ainsi toutes les autres. Reproche-toi ce que tu as fait de mal; jouis de ce que tu as fait de bien.

... Tu connaîtras, comme il est juste, que la nature est, en tout, semblable à elle-même. Alors tu cesseras d'espérer ce que tu espérais en vain, et rien ne te sera caché.

Tu connaîtras que les hommes sont eux-mêmes les artisans de leurs malheurs. Infortunés! ils ne savent pas voir les biens qui sont sous leurs yeux; leurs oreilles se ferment à la vérité qui leur parle. Combien peu connaissent les vrais remèdes de leurs maux ! C'est donc ainsi que la destinée blesse l'entendement des humains! Semblables à des cylindres fragiles, ils roulent çà et là, se heurtant sans cesse et se brisant les uns contre les autres.

La triste discorde, née avec eux, les accompagne toujours et les blesse, sans se laisser apercevoir. Il ne faut pas lutter contre elle, mais la fuir en cédant.

Mortel, prends une juste confiance. C'est des dieux mêmes que les humains tirent leur origine : la sainte nature leur découvre tous ses secrets les plus cachés. Si elle daigne te les communiquer, il ne te sera pas difficile de remplir nos préceptes. Cherche des remèdes aux maux que tu endures; ton âme recouvrera bientôt la santé.

Examine tout, donne à la raison la première place, et, content de te laisser conduire, abandonne-lui les rênes.

Ainsi, quand tu auras quitté tes dépouilles mortelles, tu monteras dans l'air libre, tu deviendras un dieu immortel, incorruptible, et la mort n'aura plus d'empire sur toi. (Trad. LEFÈVRE.)

Les nombres et l'harmonie.

« Alexandre dit avoir lu, dans les commentaires des pythagoriciens, que l'unité est le principe de toutes choses; que de là est venue la dualité, qui est infinie, et qui est subordonnée à l'unité comme à sa cause; que de l'unité et de la dualité infinie proviennent les nombres, des nombres les points, et des points

les lignes; que des lignes procèdent les figures planes, des figures planes les solides, des solides les corps, qui ont quatre éléments, le feu, l'eau, la terre et l'air; que de l'agitation et des changements de ces quatre éléments dans toutes les parties de l'univers résulte le monde, qui est animé, intellectuel et sphérique, ayant pour centre la terre, qui est de même figure et habitée tout autour; qu'il y a des antipodes, qu'eux et nous marchons pieds contre pieds ; que le soleil, la lune et les autres astres sont autant de dieux par l'excès de chaleur qu'ils communiquent et qui est la cause de la vie; que la lune emprunte sa lumière du soleil; que les hommes ont de l'affinité avec les dieux, en ce qu'ils participent à la chaleur, que pour cette raison la Divinité prend soin de nous; qu'il y a une destinée pour tout l'univers en général, pour chacune de ses parties en particulier, et qu'elle est le principe du gouvernement du monde....

<< Pythagore disait qu'en ce qui regarde l'homme, rien n'est plus considérable que la disposition de l'âme au bien ou au mal; la vertu, la santé, et en général toute sorte de bien, sans en excepter Dieu même, sont une harmonie au moyen de laquelle toutes choses se soutiennent; l'amitié est aussi une égalité harmonique. >> DIOGÈNE LAERCE, trad. Lefèvre.

PHILOLAUS.

« Philolaüs de Crotone fut de la secte de Pythagore... Ce philosophe mourut soupçonné d'aspirer à la tyrannie.

«Il était dans l'opinion que tout se fait par le moyen de la nécessité et de l'harmonie. Il enseigna le premier que la terre se meut en cercle, doctrine que d'autres attribuent à Hicétas de Syracuse. Il composa un livre que Platon, lorsqu'il vint trouver Denys en Sicile, acheta des parents de Philolaüs pour la somme de quarante mines. Platon tira de ce livre des matériaux dont il se servit pour bàtir son Timée. »> DIOGÈNE LAERCE, ibid.

Le nombre réside dans tout ce qui est connu. Sans lui, il est impossible de rien penser, de rien connaître..... Ce n'est pas seulement dans la vie des dieux et des démons que se manifeste la toute-puissance du nombre, mais dans toutes les actions et toutes les paroles de l'homme, dans tous les arts et surtout dans la musique. Le nombre et l'harmonie repoussent l'erreur; le faux ne convient pas à leur nature. L'erreur et l'envie sont filles de

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