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DOCTRINES RELIGIEUSES DU BRAHMANISME.

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Et Maitreyi dit : « Que ferais-je de ce qui ne peut me rendre immortelle ? Ce que mon seigneur sait de l'immortalité, puisset-il me le dire? >>

Yadjnavalkya répondit : « Toi qui m'es vraiment chère, tu dis de chères paroles. Assieds-toi je t'expliquerai ce que je sais, et écoute bien ce que je dis. » Et il dit : « Un époux est aimé, non parce que vous aimez l'époux, mais parce que vous aimez en lui l'Esprit divin. Une épouse est aimée, non parce que nous aimons l'épouse, mais parce que nous aimons en elle l'Esprit divin. Des enfants sont aimés, non parce que nous aimons les enfants, mais parce que nous aimons l'Esprit divin en eux. Cet Esprit est ce que nous aimons, quand nous paraissons aimer les richesses, les brahmanes, les kshattriyas [on guerriers], ce monde, les dieux, tous les êtres, cet univers. L'Esprit divin, ô épouse bien-aimée, voilà l'unique objet que nous devons voir, entendre, comprendre, méditer. Si nous le voyons, l'entendons, le comprenons et le connaissons, alors cet univers entier nous est connu. Quiconque chercherait l'essence du brahmane ailleurs que dans l'Esprit divin serait abandonné par les brahmanes. Quiconque chercherait le pouvoir des kshattriyas ailleurs que dans l'Esprit divin serait abandonné par les kshattriyas. Quiconque chercherait ce monde, les dieux, tous les êtres ailleurs que dans l'Esprit divin serait abandonné par eux tous. Cette essence du brahmane, ce pouvoir du kshattriya, ce monde, ces dieux, ces êtres, tout est l'Esprit divin. Maintenant, de même que nous ne pouvons saisir les sons d'un tambour en eux-mêmes, mais que nous saisissons le son en saisissant le tambour ou la main qui le bat; de même que nous ne pouvons saisir les sons d'une conque en eux-mêmes, mais que nous saisissons le son en saisissant la conque ou le souffleur de conque; de même en est-il avec l'Esprit divin. Comme des nuages de fumée s'élèvent d'un feu allumé par un combustible sec, ainsi, ô Maitreyi, tous les mots sacrés ont été exhalés par ce grand Être. Comme toutes les eaux trouvent leur centre dans la mer, ainsi toutes les sensations trouvent leur centre dans la peau, tous les goûts dans la langue, toutes les odeurs dans le nez, toutes les couleurs dans l'œil, toutes les pensées dans l'intelligence, toute la science dans le cœur, toutes les actions dans les mains, et toutes les écritures dans la parole. Il en est de nous, quand nous entrons dans l'Esprit divin, comme d'une masse de sel qui serait jetée dans la mer; elle se dissout dans l'eau qui l'a produite et ne peut être reprise; mais, en quelque lieu que vous

puisiez l'eau et la goûtiez, elle est salée... De même que l'eau devient sel et que le sel devient eau, ainsi nous naissons du divin Esprit et nous y retournons. Quand nous avons passé, il ne reste de nous aucun nom. »'

Maitreyi répondit : « Ici tu m'as égarée, disant qu'il ne reste de nous aucun nom quand nous avons passé. »

Ce que je dis n'est pas un mensonge, mais la plus haute vérité; car, s'il y avait ici deux êtres en présence [Dieu et l'homme], alors l'un verrait l'autre, l'un entendrait, apercevrait et connaîtrait l'autre. Mais si le seul et divin Soi [ou Dieu] est le grand Tout, qui et par qui verrait-il, entendrait-il, percevrait-il, ou connaîtrait-il (1)?

La production du monde.

Alors rien n'existait, ni le non-être, ni l'être, ni monde, ni air, ni région supérieure. Quelle était donc l'enveloppe de toutes choses? Où était, quel était le réceptacle de l'eau ? Où était la profondeur impénétrable de l'air? Il n'y avait point de mort, point d'immortalité, pas de flambeaux du jour et de la nuit. Mais Lui seul respirait sans respirer, absorbé dans l'ardeur de sa propre pensée. Il n'entendait rien, absolument rien autre que lui. Les ténèbres étaient au commencement enveloppées de ténèbres; l'eau était sans éclat. Mais l'Être reposait dans le vide qui le portait, et cet univers fut enfin produit par la force de son ardeur intellectuelle...

A l'origine, l'être était unique... Il était seul au commencement, sans second. Il éprouva un désir: Plût à Dieu, dit-il, que je fusse plusieurs et que j'engendrasse! Et il créa la lumière. La lumière éprouva le même désir et créa les eaux. Les eaux désirèrent également, et elles dirent: Plût au ciel que nous fussions multipliées et fécondes ! Et elles créèrent la terre.

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1. Voir Max Müller. A history of ancient sanskrit literature, p. 222.

fices ont pour mobile l'espérance: les pratiques de dévotion austère et les observations pieuses sont reconnues provenir de l'espoir d'une récompense.

Que le sage observe constamment les devoirs moraux avec plus d'attention encore que les devoirs pieux. Celui qui néglige les devoirs moraux déchoit, même lorsqu'il observe tous les devoirs pieux.

Un sacrifice est anéanti par un mensonge; le mérite des pratiques austères par la vanité; le fruit des charités par l'action de la fraude.

Celui qui étale l'étendard de la vertu, qui est toujours avide, qui emploie la fraude, qui trompe les gens par sa mauvaise foi, qui est cruel, qui calomnie tout le monde, est considéré comme ayant les habitudes du chat.

Le Dwidja (1) aux regards toujours baissés, d'un naturel pervers, perfide et affectant l'apparence de la vertu, est dit avoir les manières d'un héron.

Tout acte pieux fait par hypocrisie va aux Bakchasas (2).

LOIS DE MANOU (trad. Loiseleur-Deslongchamps), II, 334.
IV, 195, 237. IX, 204.

Humilité, douceur, pardon des injures.

Qu'un homme ne soit pas fier de ses austérités; après avoir sacrifié qu'il ne profère pas de mensonge; après avoir fait un don qu'il n'aille pas le prôner partout.

....

On ne doit jamais montrer de mauvaise humeur, bien qu'on soit affligé, ni travailler à nuire à autrui, ni même en concevoir la pensée; il ne faut pas proférer une parole dont quelqu'un pourrait être blessé et qui fermerait l'entrée du ciel.

Celui qui est doux, patient, étranger à la société des pervers, obtiendra le ciel par sa charité.

Celui qui pardonne aux gens affligés qui l'injurient est honoré dans le ciel.... Celui qui conçoit du ressentiment ira aux enfers. Ibid., II, 161. IV, 236, 246. VIII, 312.

Devoirs relatifs aux femmes.

Renfermées sous la garde des hommes, les femmes ne sont

1. Le prêtre.

2. Aux démons.

pas en sûreté ; celles-là seulement sont bien en sûreté qui se gardent elles-mêmes de leur propre volonté.

Les hommes doivent avoir des égards pour les femmes de leur famille, et leur donner des parures, des vêtements, et des mets recherchés.

Si une femme n'est pas parée d'une manière brillante, elle ne fera pas naître la joie dans le cœur de son époux. Ibid., III, 59, 61. IX, 12.

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La famille.

Le mari ne fait qu'une seule et même personne avec son épouse. Dans toute famille où le mari se plaît avec sa femme, et la femme avec son mari, le bonheur est assuré pour jamais. L'union d'une jeune fille et d'un jeune homme, résultant d'un amour mutuel, est dit le mariage des musiciens célestes. - Qu'une femme chérisse et respecte son mari, elle sera honorée dans le ciel ; et qu'après avoir perdu son époux, elle ne prononce pas même le nom d'un autre homme. Un père est l'image du Seigneur de la création; une mère l'image de la Un père est plus vénérable que cent instituteurs; une mère plus vénérable que mille pères. - Pour qui néglige de les honorer, toute œuvre pie est sans prix. C'est là le premier devoir; tout autre est secondaire. Ibid., II, 145, 227, 234, 237. III, 59, 32. V, 155, 157, 160, 166. IX, 45.

terre.

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Supériorité des prêtres.

Un brahmane âgé de dix ans et un kshattriya (guerrier), parvenu à l'âge de cent ans, doivent être considérés comme le père et le fils; et des deux c'est le brahmane qui est le père et qui doit être respecté comme tel. Ibid., II, 133.

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Ce monde, privé de rois, étant de tous côtés bouleversé par la crainte, pour la conservation de tous les êtres le Seigneur créa un roi en prenant des particules éternelles de la substance d'Indra, d'Anita, de Yama, de Sourya, d'Agni, de Varouna, de Tchandra, et de Couvera ; et c'est parce qu'un roi a été formé de particules tirées de l'essence de ces principaux dieux, qu'il surpasse en éclat tous les autres mortels. De même que le soleil,

il brûle les yeux et les cœurs, et personne sur la terre ne peut le regarder en face. Il est le feu, le vent, le soleil, le génie qui préside à la lune, le roi de la justice, le dieu des richesses, le dieu des eaux, et le souverain firmament par sa puissance. On ne doit pas mépriser un monarque, même dans l'enfant, en disant: c'est un simple mortel; car c'est une grande divinité sous une forme humaine. Ibid., VII, 3, 8.

Le châtiment érigé en divinité.

Pour aider le roi dans ses fonctions, le Seigneur produisit dès le principe le Génie du châtiment, protecteur de tous les êtres, exécuteur de la justice, son propre fils et dont l'essence est toute divine. C'est la crainte du châtiment qui permet à toutes les créatures mobiles et immobiles de jouir de ce qui leur est propre, et qui les empêche de s'écarter de leurs devoirs. Le châtiment est un roi plein d'énergie, c'est un administrateur habile, un sage dispensateur de la loi; il est reconnu comme le garant de l'accomplissement du devoir des quatre ordres. Le châtiment gouverne le genre humain, le châtiment le protége: le châtiment veille pendant qu'il dort; le châtiment est la justice, disent les sages. Infligé avec circonspection et à propos, il procure aux hommes le bonheur; mais appliqué inconsidérément, il le détruit de fond en comble. Si le roi ne châtiait pas sans relâche ceux qui méritent d'être châtiés, les plus forts rôtiraient les plus faibles, comme des poissons sur une broche. La corneille viendrait becqueter l'offrande du pain, le chien lécherait le beurre clarifié, il n'existerait plus de droit de propriété, l'homme du rang le plus bas prendrait la place de l'homme de la classe la plus élevée. Toutes les classes se corrompraient, toutes les barrières seraient renversées, l'univers ne serait que confusion, si le châtiment ne faisait plus son devoir. Partout où le châtiment, à la couleur noire, à l'œil rouge, vient détruire les fautes, les hommes n'éprouvent aucune épouvante, si celui qui dirige le châtiment est doué d'un jugement sain. Ibid., VII, 14, 25.

La vie contemplative et mystique d'après
le Bhagavad-Gita.

Les sens sont puissants, mais l'âme est plus puissante que les sens, l'intelligence est plus puissante que l'âme, et au-dessus

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