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Les persécutions des rois de Syrie, et les guerres qu'ils font à Juda, lui sont découvertes dans toute leur suite (1). Il voit Jérusalem prise et saccagée; un pillage effroyable et des désordres infinis; le peuple en fuite dans le désert, incertain de sa condition, entre la mort et la vie, à la veille de sa dernière désolation, une nouvelle lumière lui paraît tout-à-coup. Les ennemis sont vaincus; les idoles sont renversées dans toute la Terre-Sainte: on voit la paix et l'abondance dans la ville et dans le pays, et le temple est révéré dans tout l'Orient.

Une circonstance mémorable de ces guerres est révélée au prophète : « Juda même combattra, dit-il (2), contre Jérusalem.» c'était à dire que Jérusalem devait être trahie par ses enfants, et que parmi ses ennemis il se trouverait beaucoup de Juifs.

Quelquefois il voit une longue suite de prospérités (3) : Juda est rempli de force (4); les royaumes qui l'ont oppressé sont humiliés (5); les voisins qui n'ont cessé de le tourmenter sont punis; quelques-uns sont convertis et incorporés au peuple de Dieu. Le prophète voit ce peuple comblé des bienfaits divins, parmi lesquels il leur conte le triomphe aussi modeste que glorieux « du roi pauvre, du roi pacifique, du roi sauveur, qui entre, monté sur un âne, dans sa ville de Jérusalem (6).

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Après avoir raconté les prospérités, il reprend dès l'origine toute la suite des maux (7). Il voit tout d'un coup le feu dans le temple; tout le pays ruiné avec la ville capitale; des meurtres, des violences, un roi qui les autorise. Dieu a pitié de son peuple abandonné : il s'en rend lui-même le pasteur, et sa protection le soutient. A la fin il s'allume des guerres civiles, et les affaires vont en décadence. Le temps de ce changement est désigné par un caractère certain, et trois pasteurs, c'est-à-dire, selon le style ancien, trois princes dégradés en un même mois en marquent le commencement. Les paroles du

(1) Zach. XIV. — (2) Ibid. 14. (3) Ibid. IX, X. — (4) Ibid. x, 6. - (5) Ibid. 11. (6) Ibid. ix, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. (7) Ibid. XI.

prophète sont précises: J'ai retranché, dit-il (1), trois pasteurs, c'est-à-dire trois princes, en un seul mois, et mon cœur s'est resserré envers eux (envers mon peuple), parce qu'aussi ils ont varié envers moi, et ne sont pas demeurés fermes dans mes préceptes; et j'ai dit: Je ne serai plus votre pasteur; je ne vous gouvernerai plus (avec cette application particulière que vous aviez toujours éprouvée); je vous abandonnerai à vous-mêmes, à votre malheureuse destinée, à l'esprit de division qui se mettra parmi vous, sans prendre dorénavant aucun soin de détourner les maux qui vous menacent. Ainsi, ce qui doit mourir ira à la mort; ce qui doit être retranché sera retranché, et chacun dévorera la chair de son prochain. Voilà quel devait être à la fin le sort des Juifs justement abandonnés de Dieu; et voilà en termes précis le commencement de la décadence à la chute de ces trois princes. La suite nous fera voir que l'accomplissement de la prophétie n'a pas été moins manifeste.

Au milieu de tant de malheurs, prédits si clairement par Zacharie, paraît encore un plus grand malheur. Un peu après ces divisions, et dans les temps de la décadence, Dieu est acheté trente deniers par son peuple ingrat, et le prophète voit tout, jusques au champ du potier ou du sculpteur auquel cet argent est employé (2). De là suivent l'extrêmes désordres parmi les pasteurs du peuple; enfin Is sont aveuglés, et leur puissance est détruite (3).

Que dirai-je de la merveilleuse vision de Zacharie, qui voit le pasteur frappé et les brebis dispersées (4)? Que lirai-je du regard que jette le peuple sur son Dieu qu'il a percé, et des larmes que lui fait verser une mort plus amentable que celle d'un fils unique (5), et que celle de Josias? Zacharie a vu toutes ces choses; mais ce qu'il a vu de plus grand, « c'est le Seigncur envoyé par le Seineur pour habiter dans Jérusalem, d'où il appelle les Gentils pour les aggréger à son peuple, et demeurer au nilieu d'eux (6). »

(1) Zach. IX, 8. (4) Ibid. XIII, 7.

(2) Ibid. x1, 12, 13. · (3) Ibid. 15, 16, 17. (5) Ibid. XII. 10. — (6) Ibid. II, 8, 9, 10. 11.

Aggée dit moins de choses, mais ce qu'il dit est surprenant. Pendant qu'on bâtit le second temple, et que les vieillards qui avaient vu le premier fondent en larmes en comparant la pauvreté de ce dernier édifice avec la magnificence de l'autre (1), le prophète, qui voit plus Join, publie la gloire du second temple, et le préfère au premier (2). Il explique d'où viendra la gloire de cette nouvelle maison: c'est que le désiré des Gentils arrivera ; ce Messie promis depuis deux mille ans, et dès l'origine du monde, comme le Sauveur des Gentils, paraîtra dans ce nouveau temple. La paix y sera établie; tout l'univers ému rendra témoignage à la venue de son Rédempteur ; il n'y a plus qu'un peu de temps à l'attendre, et les temps destinés à cette attente sont dans leur dernier période.

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CHAPITRE XI.

La prophétie de Malachie, qui est le dernier des prophètes; et l'achèvement du second temple.

ENFIN le temple s'achève, les victimes y sont immolées; mais les Juifs avares y offrent des hosties défectueuses. Malachie, qui les en reprend, est élevé à une plus haute considération, et à l'occasion des offrandes immondes des Juifs, il voit l'offrande toujours pure et jamais souillée qui sera présentée à Dieu, non plus seulement comme autrefois dans le temple de Jérusalem, mais depuis le soleil levant jusqu'au couchant, non plus par les Juifs, mais par les Gentils, parmi lesquels il prédit que le nom de Dieu sera grand (3).

Il voit aussi, comme Aggée, la gloire du second temple et le Messie qui l'honore de sa présence; mais il voit en même temps que le Messie est le Dieu à qui ce temple est dédié. « J'envoie mon ange, dit le Seigneur (4),

(1) I. Esdr. III, 12. -(4) Ibid. III, 1.

(2) Agg. 11, 7, 8, 9, 10. (3) Mal. I, 11.

pour me préparer les voies, et incontinent vous verrez arriver dans son saint temple le Seigneur que vous cherchez, et l'ange de l'alliance que vous désirez. »

Un ange est un envoyé mais voici un envoyé d'une dignité merveilleuse, un envoyé qui a un temple, un envoyé qui est Dieu, et qui entre dans le temple comme dans sa propre demeure, un envoyé désiré par tout le peuple, qui vient faire une nouvelle alliance, et qui est appelé, pour cette raison, l'ange de l'alliance ou du testament.

C'était donc dans le second temple que ce Dieu envoyé de Dieu devait paraître; mais un autre envoyé précède, et lui prépare les voies. Là nous voyons le Messie précédé par son précurseur. Le caractère de ce précurseur est encore montré au prophète. Ce doit être un nouvel Elie, remarquable par sa sainteté, par l'austérité de sa vie, par son autorité et par son zèle (1).

Ainsi le dernier prophète de l'ancien peuple marque le premier prophète qui devait venir après lui, c'est-à-dire cet Elie, précurseur du Seigneur qui devait paraître. Jusqu'à ce temps le peuple de Dieu n'avait point à attendre de prophète; la loi de Moïse lui devait suffire; et c'est pourquoi Malachie finit par ces mots (2) : « Souvenez-vous de la loi que j'ai donnée sur le mont Horeb à Moïse mon serviteur pour tout Israël. Je vous enverrai le prophète Elie, qui unira les cœurs des pères avec les cœurs des enfants, » qui montrera à ceux-ci ce qu'ont attendu les

autres.

A cette loi de Moïse Dieu avait joint les prophètes, qui avaient parlé en conformité, et l'histoire du peuple de Dieu faite par les mèmes prophètes, dans laquelle étaient confirmées par des expériences sensibles les promesses et les menaces de la loi. Tout était soigneusement écrit; tout était digéré par l'ordre des temps, et voilà ce que Dieu laissa pour l'instruction de son peuple, quand il fit cesser les prophéties.

(1) Mal. III, 1, 1v, 5, 6. — (2) Ibid. IV, 4, 5, 6.

CHAPITRE XII.

Les temps du second temple; fruits des châtiments et des prophéties précédentes; cessation de l'idolâtrie et des faux prophètes.

De telles instructions firent un grand changement dans les mœurs des Israélites. Ils n'avaient plus besoin ni d'apparition, ni de prédiction manifeste, ni de ces prodiges inouïs que Dieu faisait si souvent pour leur salut. Les témoignages qu'ils avaient reçus leur suffisaient; et leur incrédulité, non-seulement convaincue par l'événement, mais encore si souvent punie, les avait enfin rendus dociles.

C'est pourquoi depuis ce temps on ne les voit plus retourner à l'idolâtrie, à laquelle ils étaient si étrangement portés. Ils s'étaient trop mal trouvés d'avoir rejeté le Dieu de leurs pères. Ils se souvenaient toujours de Nabuchodonosor, et de leur ruine si souvent prédite dans toutes ses circonstances, et toutefois plus tôt arrivée qu'elle n'avait été crue. Ils n'étaient pas moins en admiration de leur rétablissement, fait, contre toute apparence, dans le temps et par celui qui leur avait été marqué. Jamais ils ne voyaient le second temple sans se souvenir pourquoi le premier avait été renversé, et comment celui-ci avait été rétabli ainsi ils se confirmaient dans la foi de leurs Ecritures auxquelles tout leur état rendait témoignage.

On ne vit plus parmi eux de faux prophètes. Ils s'étaient défaits tout ensemble de la pente qu'ils avaient à les croire, et de celle qu'ils avaient à l'idolâtrie. Zacharie avait prédit par un même oracle que ces deux choses leur arriveraient (1). En voici les propres paroles : « En ces jours, dit le Seigneur Dieu des armées, je détruirai le nom des idoles dans toute la Terre-Sainte; il ne s'en parlera plus;

(1) Zach. XIII, 2, 3, 4, 5, 5.

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