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petite partie de l'Illyrie', et gagnèrent l'ile de Corfou, que cette reine avait usurpée. Ils se firent alors respecter en Grèce par une solennelle ambassade, et ce fut la première fois qu'on y connut leur puissance. Les grands progrès d'Asdrubal leur donnaient de la jalousie; mais les Gaulois d'Italie les empêchaient de pourvoir aux affaires de l'Espagne (1). Il y avait quarante-cinq ans qu'ils demeuraient en repos. La jeunesse qui s'était élevée durant ce temps ne songeait plus aux pertes passées, et commençait à menacer Rome (2). Les Romains, pour attaquer avec sûreté de si turbulents voisins, s'assurèrent des Carthaginois. Le traité fut conclu avec Asdrubal, qui promit de ne passer point au-delà de l'Ebre. La guerre entre les Romains et les Gaulois se fit avec fureur de part et d'autre les Transalpins se joignirent aux Cisalpins : tous furent battus. Concolitanus, un des rois gaulois, fut pris dans la bataille: Anéroestus, un autre roi, se tua lui-même. Les Romains victorieux passèrent le Pô pour la première fois, résolus d'ôter aux Gaulois les environs de ce fleuve, dont ils étaient en possession depuis tant de siècles. La victoire les suivit partout: Milan fut pris; presque tout le pays fut assujetti. En ce temps Asdrubal mourut3; et Annibal, quoiqu'il n'eût encore que vingt-cinq ans, fut mis à sa place. Dès lors on prévit la guerre. Le nouveau gouverneur entreprit ouvertement de dompter l'Espagne, sans aucun respect des traités 4. Rome alors écouta les plaintes de Sagonte son alliée. Les ambassadeurs romains vont à Carthage. Les Carthaginois rétablis n'étaient plus d'humeur à céder. La Sicile ravie de leurs mains, la Sardaigne injustement enlevée, et le tribut augmenté, leur tenaient au cœur. Ainsi la faction qui voulait qu'on abandonnât Annibal se trouva faible. Ce général songeait à tout. De secrètes ambassades l'avaient assuré des Gaulois d'Italie, qui,

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(1) Polyb. lib. II, c. 12, 22. (2) Ibid

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n'étant plus en état de rien entreprendre par leurs propres forces, embrassèrent cette occasion de se relever. Annibal traverse l'Ebre, les Pyrénées, toute la Gaule transalpine, les Alpes, et tombe comme en un moment sur l'Italie. Les Gaulois ne manquent point de fortifier son armée, et font un dernier effort pour leur liberté1. Quatre batailles perdues font croire que Rome allait tomber2. La Sicile prend le parti du vainqueur. Hiéronyme3, roi de Syracuse, se déclare contre les Romains: presque toute l'Italie les abandonne4; et la dernière ressource de la république semble périr en Espagne avec les deux Scipions 5. Dans de telles extrémités, Rome dut son salut à trois grands hommes. La constance de Fabius Maximus, qui, se mettant au-dessus des bruits populaires, faisait la guerre en retraite, fut un rempart à sa patrie. Marcellus, qui fit lever le siége de Nole 6, et prit Syracuse, donnait vigueur aux troupes par ses actions. Mais Rome, qui admirait ces deux grands hommes, crut voir dans le jeune Scipion quelque chose de plus grand. Les merveilleux succès de ses conseils confirmèrent l'opinion qu'on avait qu'il était de race divine, et qu'il conversait avec les dieux. A l'âge de vingt-quatre ans il entreprend d'aller en Espagne où son père et son oncle venaient de périr 9; il attaque Carthage-la-Neuve, comme s'il eût agi par inspiration, et ses soldats l'emportent d'abord. Tous ceux qui le voient sont gagnés au peuple romain : les Carthaginois lui quittent l'Espagne 1o; à son abord en Afrique, les rois se donnent à lui; Carthage tremble à son tour, et voit ses armées défaites "; Annibal, victorieux durant seize ans, est vainement rappelé, et ne peut défendre sa patrie; Scipion y donne la loi 12, le nom d'Africain est sa récompense; le peuple romain, ayant abattu les Gaulois et les Africains, ne voit plus rien à craindre, et combat dorénavant sans péril.

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Au milieu de la première guerre punique, Théodote, gouverneur de la Bactrienne 1, enleva mile villes à Antio chus appelé le Dieu, fils d'Antiochus Soter, roi de Syrie. Presque tout l'Orient suivit cet exemple. Les Parthes se révoltèrent sous la conduite d'Arsace, chef de la maison des Arsacides, et fondateur d'un empire qui s'étendit peu à peu dans toute la haute Asie.

Les rois de Syrie et ceux d'Egypte, acharnés les uns contre les autres, ne songeaient qu'à se ruiner mutuellement, ou par la force, ou par la fraude. Damas et son territoire, qu'on appelait la Cœlé-Syrie, ou la Syrie basse, et qui confinait aux deux royaumes, fut le sujet de leurs guerres, et les affaires de l'Asie étaient entièrement séparées de celles de l'Europe.

Durant tous ces temps, la philosophie florissait dans la Grèce. La secte des philosophes italiques, et celle des ioniques, la remplissaient de grands hommes, parmi lesquels il se mêla beaucoup d'extravagants, à qui la Grèce curieuse ne laissa pas de donner le nom de philosophes. Du temps de Cyrus et de Cambyse, Pythagore commença la secte italique dans la grande Grèce, aux environs de Naples. A peu près dans le même temps, Thalès, Milésien, forma la secte ionique. De là sont sortis ces grands philosophes, Héraclite, Démocrite, Empédocle, Parménides, Anaxagore, qui, un peu avant la guerre du Péloponèse, fit voir le monde construit par un esprit éternel; Socrate, qui, un peu après, ramena la philosophie à l'étude des bonnes mœurs, et fut le père de la philosophie morale; Platon, son disciple, chef de l'académie; Aristote, disciple de Platon, et précepteur d'Alexandre, chef des péripatéticiens; sous les successeurs d'Alexandre, Zénon, nommé Cittien, d'une ville de l'île de Chypre où il était né, chef des stoïciens; et Epicure, Athénien, chef des philosophes qui portent son nom, si toutefois on peut nommer philosophes ceux qui niaient ouvertement la Providence, et qui, ignorant ce que c'est

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que le devoir, définissaient la vertu par le plaisir. On peut compter parmi les plus grands philosophes Hippocrate le père de la médecine, qui éclata au milieu des autres dans ces heureux temps de la Grèce. Les Romains avaient dans le même temps une autre espèce de philosophie, qui ne consistait point en disputes, ni en discours, mais dans la frugalité, dans la pauvreté, dans les travaux de la vie rustique, et dans ceux de la guerre, où ils faisaient leur gloire de celle de leur patrie et du nom romain: ce qui les rendit enfin maîtres de l'Italie et de Carthage.

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L'AN 552 de la fondation de Rome, environ 250 ans après celle de la monarchie des Perses, et 202 ans avant Jésus-Christ, Carthage fut assujettie aux Romains. Annibal ne laissait pas sous main de leur susciter des ennemis partout où il pouvait : mais il ne fit qu'entraîner tous ses amis anciens et nouveaux dans la ruine de sa patrie et dans la sienne. Par les victoires du consul Flaminius, Philippe, roi de Macédoine, allié des Carthaginois, fut abattu; les rois de Macédoine, réduits à l'étroit, et la Grèce, affranchie de leur joug. Les Romains entreprirent de faire périr Annibal, qu'ils trouvaient encore redoutable après sa perte. Ce grand capitaine3, réduit à se sauver de son pays, remua l'Orient contre eux, et attira leurs armes en Asie. Par ses puissants raisonnements, Antiochus surnommé le Grand, roi de Syrie, devint jaloux de leur puissance, et leur fit la guerre; mais il ne suivit pas, en la faisant, les conseils d'Annibal qui l'y avait engagé. Battu par mer et par terre, il reçut la loi que lui

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imposa le consul Lucius Scipion, frère de Scipion l'Africain, et il fut renfermé dans le mont Taurus. Annibal réfugié chez Prusias, roi de Bithynie', échappa aux Romains par le poison. Ils sont redoutés par toute la terre, et ne veulent plus souffrir d'autre puissance que la leur. Les rois étaient obligés de leur donner leurs enfants pour otage de leur foi. Antiochus, depuis appelé l'Illustre ou Epiphane, second fils d'Antiochus le Grand, roi de Syrie, demeura long-temps à Rome en cette qualité ; mais sur la fin du règne de Séleucus Philopator, son frère aîné, il fut rendu2; et les Romains voulurent avoir à sa place Démétrius Soter, fils du roi, alors âgé de dix ans. Dans ce contre-temps, Séleucus mourut3, et Antiochus usurpa le royaume sur son neveu. Les Romains étaient appliqués aux affaires de la Macédoine, où Persée inquiétait ses voisins, et ne voulait plus s'en tenir aux conditions imposées au roi Philippe son père. Ce fut alors que commencèrent les persécutions du peuple de Dieu. Antiochus l'Illustre régnait comme un furieux: il tourna toute sa fureur contre les Juifs, et entreprit de ruiner le temple, la loi de Moïse, et toute la nation. L'autorité des Romains l'empêcha de se rendre maître de l'Egypte 5. Ils faisaient la guerre à Persée, qui, plus prompt à entreprendre qu'à exécuter, perdait ses alliés par son avarice, et ses armées par sa lâcheté. Vaincu par le consul Paul Emile, il fut contraint de se livrer entre ses mains. Gentius, roi de l'Illyrie, son allié, abattu en trente jours par le prétenr Anicius, venait d'avoir un sort semblable. Le royaume de Macédoine, qui avait duré sept cents ans, et avait près de deux cents ans donné des maîtres, non-seulement à la Grèce, mais encore à tout l'Orient, ne fut plus qu'une province romaine. Les fureurs d'Antiochus s'augmentaient contre le peuple de Dieu. On voit paraître alors la résistance de Mathathias sacrificateur, de la race de Phinées, et imitateur de son zèle; les ordres qu'il

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