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De nos jours, l'attention des amis des moeurs et de la société se porte avec intérêt sur les condamnés de divers genres, particulièrement sur ceux qui le sont en matière criminelle. Ils s'accordent tous a reconnaître, que le mode de répression en usage dans notre patrie est déplorable, puisqu'il produit souvent des effets diametralement opposés au but que l'on se propose. Convaincus de la gravité du mal, ils auraient à coeur d'y porter remède. Le meilleur et le plus efficace qu'on ait découvert, et dont on ait essayé l'application jusqu'à cette heure, est sans contredit le système pénitentiaire. Mais on est effrayé des obstacles que son adoption présente, et l'on recule devant les dépenses qu'elle rendrait iné

vitables.

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C'est pour contribuer à fixer l'opinion, encore sur ce sujet indécise, parce qu'elle n'est pas assez éclairée, et pour la mettre à même de se prononcer avec quelque connaissance de cause, sans avoir même besoin de lire des volumes, que nous publions ce mémoire, dans lequel ces graves questions se trouvent sommairement présentées.

Une autre considération est venue se joindre à celle qui précéde : La faculté et le besoin de lireont si fort augmenté depuis quelques années; la presse multiplie et propage chaque jour, comme aliment de ce besoin, tant de choses nuisibles, sans parler de celles qui ne servent de rien, que c'est vraiment un devoir de publier ce qui peut être utile. C'est surtout cet état de choses qui nous détermine : nous désirons qu'il nous justifie aux yeux de ceux qui voudront bien nous lire.

Il nous serait bien doux d'apprendre, plus tard, que ce Mémoire est tombé entre les mains de quelques-uns de ceux qui peuvent contribuer à réaliser nos võux, et que ce n'a pas

été sans fruit pour la société, non plus que pour ceux qui s'en sont fait temporairement exclure.

(Mars 1836.)

EN MATIÈRE CRIMINELLE.

OCCASION ET OBJET DE CE MÉMOIRE.

J'assistais, il y a quelque temps, à l'une des séances de la cour d'assises de la Drôme, alors assemblée dans notre ville. Sur le banc des accusés se trouvait, ce jour-là, un jeune homme déjà traduit en justice, et qui avait été précédemment condamné. La séance fut quelques instans suspendue. Pendant ce temps, j'eus l'honneur de m'entretenir avec un de MM. les jurés, naguère député de ce département (1), qui, n'ayant pas été appelé à siéger dans

à

(1) M. Morin, député de la Drôme , de 1827 jusqu'en 1834. cette affaire, n'avait pas laissé d'en suivre attentivement les débats. — A l'occasion de l'accusé, la con

versation tomba sur les récidives beaucoup trop fréquentes que l'on observe partout. « C'est là, me dit-il, un mal que l'on ne saurait contester. L'exemple que nous avons sous les yeux n'est malheureusement pas seul; cette session en a déjà of. fert plusieurs autres. »

La conversation roula ensuite sur les causes de ce mal, sans contredit bien déplorable, et sur les moyens qu'il conviendrait d'employer pour le prévenir, ou du moins pour le rendre moins grave.

Il me parut que le sujet de cette conversation pouvait fournir une suite d'observations utiles, que je résolus dès lors de rédiger, et que j'ai aujourd'hui l'honneur de vous soumettre, Monsieur le Ministre, vous laissant le soin d'en faire l'usage que vous jugerez convenable.

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CHAPITRE PREMIER.

LE MAL.

Pour bien le constater, je viens de relire dans le Courrier de la Drôme et de l'Ardèche, le

compte fidèle qu'il rend des séances de la cour d'assises. J'ai trouvé que onze accusés ont été jugés dans la session dernière; en voici la liste :

Audience du 23 février 1835. « Pierre Chevalier, natif de Montélimar, déjà condamné, en 1828, à deux ans de détention, pour vol de divers objets, comparaît de nouveau devant la cour d'assises, pour un délit du même genre.

La cour condamne Chevalier à six ans de travaux forcés.

Leméme jour.« Antoine Bastian et Joseph Bruyère sont amenés sur le banc des accusés. Le premier a déjà été condamné, en 1828, à deux ans de prison, pour vol : Bruyère est un ancien militaire, qui parait avoir cédé aux suggestions de Bastian, et dont la physionomie inspire quelque intérêt. — Déclarés

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