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XI. MÉDITATION.

Quand on m'aura élevé de la terre, je tirerai tout à moi. Jean; XII, v. 32.

Vous promîtes, Seigneur, que, quand vous seriez élevé sur la croix, vous attireriez tout à vous. Les nations sont venues adorer l'homme de douleur; les Juifs même en grand nombre ont reconnu le sauveur qu'ils avoient crucifié. Voilà votre promesse accomplie aux yeux du monde entier. Mais c'est encore du haut de cette croix que votre vertu toutepuissante attire les ames. Ô Dieu souffrant! vous m'enlevez au monde trompeur ; vous m'arrachez à moi-même et à mes vains desirs pour me faire souffrir avec vous sur la croix. C'est là qu'on vous appartient, qu'on vous connoît, qu'on vous aime, qu'on se nourrit de votre vérité. Tout le reste sans croix n'est qu'une piété en idée. Attachez-moi à vous; que je devienne un des membres de Jésus-Christ crucifié. !

XII. MÉDITATION.

Malheur au monde à cause de ses scandales! Matth. XVIII, v. 7.

Le monde dit: Malheur à ceux qui souffrent! mais la foi répond au fond de mon cœur: Malheur. au monde qui ne souffre pas ! Il seme la terre de pieges funestes pour perdre les ames: la mienne y a été long-temps perdue. Hélas! ô mon Dieu, que vous êtes bon de me tenir par l'infirmité loin de ce monde corrompu! Fortifiez-moi par la douleur, pour achever de me déprendre de tout, avant que de m'exposer au scandale de vos ennemis. Que la maladie m'apprenne à connoître combien toutes les douceurs mondaines sont empoisonnées. On me trouve à plaindre dans mes langueurs. O aveugles amis ! ne plaignez point celui que Dieu aime, et qu'il ne frappe que par amour! C'étoit, il y a six mois, qu'il étoit à plaindre, lorsqu'une mauvaise prospérité empoisonnoit son cœur, et qu'il étoit si loin de Dieu.

XIII. MÉDITATIO N.

Soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur. Rom. XIV, v. 8.

Ô mon Dieu ! que m'importe de vivre ou de mourir? La vie n'est rien, elle est même dangereuse dès qu'on l'aime. La mort ne détruit qu'un corps de boue ; elle délivre l'ame de la contagion du corps et de son propre orgueil; des pieges du démon elle la fait passer à jamais dans le regne de la vérité. Je ne vous demande donc, ô mon Dieu, ni santé ni vie; je vous fais un sacrifice de mes jours. Vous les avez comptés ; je ne demande aucun délai. Ce que je demande, c'est de mourir plutôt que de vivre comme j'ai vécu; c'est de mourir dans la patience et dans l'amour, si vous voulez que je meure. Ô Dieu, qui tenez dans vos mains les clefs du tombeau pour l'ouvrir ou pour le fermer, ne me donnez point la vie, si ne dois en être détaché vivant ou mourant, je ne veux plus être qu'à vous.

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