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feux (love), flamme (love), appas, hymen (marriage), respectable ennemi, digne Français, etc.

The recognition scene is an artificial and unconvincing device. How the cross, which serves to identify Zaïre, is preserved in a Moslem harem through all these years, Voltaire does not explain. The whole tragedy hangs upon the slender thread of Nérestan not being known to Orosmane as Zaïre's brother. Nevertheless the play has real merits. The struggle in Zaïre's mind between her love and her religion, constitutes a universal problem, which often occurs in life. Voltaire's affection for the great actress, Adrienne Lecouvreur (died in 1730), coupled with the striking story of Mlle Aïssé,12 perhaps explain the convincing warmth and sincerity he has put into Zaïre's love. In any case the play is less abstract, more vécue, than is usual with Voltaire.

Lusignan is impressive. Voltaire himself played the rôle of this aged Christian in amateur performances (Moland, II, 534), and later, says Brunetière,13 at Ferney. It must have been an interesting sight to see the aged Voltaire, his hands upraised, exclaim:

«Mon Dieu! j'ai combattu soixante ans pour ta gloire.>>
(Moland, II, 578.)

Les Lettres Philosophiques (1734)

The Lettres philosophiques are Voltaire's first great work, and of all the enormous bulk of his writings none today preserves more vigor and freshness nor more deserves an attentive reading. The title philosophiques already announces Voltaire as a forerunner of the socalled "philosophic" movement which, with Diderot, D'Alembert, Grimm, D'Holbach, Voltaire himself, and many others, held the center of the stage shortly after the middle of the century. This title with its suggestion of unorthodoxy, radicalism, and reform was obnoxious to the authorities, and the title Lettres anglaises was often used in its place. The work was condemned and publicly burned, a circumstance which doubtless stimulated, rather than hindered, its circulation.

The Lettres philosophiques were, as M. Lanson says,14 a bombshell thrown among the reading public of contemporary France. Nearly everything said in favor of England .was an implied criticism of the author's native country. Here the generalized criticisms of Edipe and the Henriade become specific and cutting. This little book, moreover, is Voltaire's first important work in prose. His characteristic prose style is already formed. The sentences are short, epigrammatic, full

12 Used later by the Abbé Prévost in his Histoire d'une Grecque moderne (1740).

13 F. Burnetière, Époques du théâtre français (1896), p. 258. 14 Voltaire, p. 52.

of life, with a wit and a biting irony that either amuse or sting. It was a work impossible to ignore. It had to be received either with delight or anger according to the point of view.

Moreover, it shows already present in Voltaire a kind of universality of interest eminently characteristic of him and of his encyclopedic century. Religion, government, commerce, vaccination, gravitation, Lord Bacon, Locke, Descartes, Newton, English tragedy (particularly Shakespeare), and English comedy are among the subjects treated briefly, even of necessity superficially, but with a verve and an ironic wit never surpassed; while the number of ideas that are sound, keen, penetrating, vastly exceeds those that may be criticized as partisan and

erroneous.

The Lettres philosophiques were many times reprinted during the eighteenth century and were much read. They help make clear to us the unique position of England in furthering liberal religious and political ideas in the world. A popular edition has only recently appeared (Paris, Aveline, 1924), demonstrating in this concrete way the vitality of Voltaire's book. It is of special interest to note that the Lettres philosophiques had more influence than any other work in stimulating the intellectual life of Jean-Jacques Rousseau, who was to be Voltaire's great rival.15 They were, of course, a most important result of Voltaire's English journey, recently terminated. The dates of composition given by Moland cannot be accepted as trustworthy. The main work of composition is placed by M. Lanson between the years 1729-1731, after Voltaire's return.16 The work was first published in an English translation in 1733, the year before its appearance in France. The Moland text is a composite of the various editions from 1734 to 1784. The original text of 1734 is to be found, accompanied by most valuable notes and commentary, in M. Lanson's critical edition mentioned in the footnote below. This edition, which should certainly be consulted by the student, has been followed, except for modernization of the spelling, in the excerpts here given.

LETTRE I

Sur les quakers

J'ai cru que la doctrine et l'histoire d'un peuple si extraordinaire méritaient la curiosité d'un homme raisonnable. Pour m'en instruire, j'allai trouver un des plus célèbres

15 Cf. George R. Havens, "The Sources of Rousseau's Édouard Bomston," Modern Philology, July 1919, p. 126.

16 G. Lanson, Lettres philosophiques, édition critique, 2nd ed. Paris, 1915-1917, I, p. xxxviii.

quakers d'Angleterre, qui, après avoir été trente ans dans le commerce, avait su mettre des bornes à sa fortune et à ses désirs, et s'était retiré dans une campagne auprès de Londres. Je fus 17 le chercher dans sa retraite; c'était une maison petite, mais bien bâtie, pleine de propreté sans ornement. Le quaker était un vieillard frais qui n'avait jamais eu de maladie, parce qu'il n'avait jamais connu les passions ni l'intempérance; je n'ai point vu en ma vie d'air plus noble ni plus engageant que le sien. Il était vêtu, comme tous ceux de sa religion, d'un habit sans plis dans les côtés, et sans boutons sur les poches ni sur les manches, et portait un grand chapeau à bords rabattus comme nos ecclésiastiques. Il me reçut avec son chapeau sur la tête, et s'avança vers moi sans faire la moindre inclination de corps; mais il y avait plus de politesse dans l'air ouvert et humain de son visage qu'il n'y en a dans l'usage de tirer une jambe derrière l'autre, et de porter à la main ce qui est fait pour couvrir la tête. "Ami, me dit-il, je vois que tu es un étranger; si je puis t'être de quelque utilité, tu n'as qu'à parler.-Monsieur, lui dis-je, en me courbant le corps et en glissant un pied vers lui, selon notre coutume, je me flatte que ma juste curiosité ne vous déplaira pas, et que vous voudrez bien me faire l'honneur de m'instruire de votre religion.-Les gens de ton pays, me répondit-il, font trop de compliments et de révérences; mais je n'en ai encore vu aucun qui ait eu la même curiosité que toi. Entre, et dînons d'abord ensemble." Je fis encore quelques mauvais compliments, parce qu'on ne se défait pas de ses habitudes tout d'un coup; et, après un repas sain et frugal, qui commença et qui finit par une prière à Dieu, je me mis à interroger mon homme. Je débutai par la question que de bons catholiques ont faite plus d'une fois aux huguenots. "Mon cher monsieur, lui dis-je, êtes-vous baptisé ?—Non, me répondit le quaker, et mes confrères ne le sont point.

17 J'allai.

Comment, morbleu, repris-je, vous n'êtes donc pas chrétiens? -Mon fils, repartit-il d'un ton doux, ne jure point; nous sommes chrétiens, et tâchons d'être bons chrétiens; mais nous ne pensons pas que le christianisme consiste à jeter de l'eau froid sur la tête avec un peu de sel.18-Eh! ventrebleu, repris-je, outré de cette impiété, vous avez donc oublié que Jésus-Christ fut baptisé par Jean?-Ami, point de jurements, encore un coup, dit le bénin quaker. Le Christ reçut le baptême de Jean, mais il ne baptisa jamais personne; nous ne sommes pas les disciples de Jean, mais du Christ.-Hélas! dis-je, comme vous seriez brûlé en pays d'inquisition, pauvre homme. Eh pour l'amour de Dieu, que je vous baptise, et que je vous fasse chrétien.-S'il ne i fallait que cela pour condescendre à ta faiblesse, nous le ferions volontiers, repartit-il gravement: nous ne condamnons personne pour user de la cérémonie du baptême, mais nous croyons que ceux qui professent une religion toute sainte et toute spirituelle doivent s'abstenir, autant qu'ils le peuvent, des cérémonies judaïques. En voici bien d'une autre,10 m'écriai-je, des cérémonies judaïques ?-Oui, mon fils, continua-t-il, et si judaiques, que plusieurs juifs encore aujourd'hui usent quelquefois du baptême de Jean. Consulte l'antiquité, elle t'apprendra que Jean ne fit que renouveler cette pratique, laquelle était en usage longtemps avant lui parmi les Hébreux, comme le pèlerinage de la Mecque l'était parmi les Ismaélites. Jésus voulut bien recevoir le baptême de Jean, de même qu'il s'était soumis à la circoncision; mais et la circoncision et le lavement d'eau doivent être tous deux abolis par le baptême du Christ, ce baptême de l'esprit, cette ablution de l'âme qui sauve les hommes; aussi le précurseur Jean disait: "Je vous baptise "à la vérité avec de l'eau, mais un autre viendra après moi, "plus puissant que moi, et dont je ne suis pas digne de porter 18 Allusion to baptism. Salt was sometimes mingled with the holy water. 19 Here's another extraordinary idea!

"les sandales; celui-là vous baptisera avec le feu et le Saint"Esprit." 20 Aussi le grand apôtre des Gentils, Paul, écrit aux Corinthiens: Le Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour prêcher l'Évangile; aussi ce même Paul ne baptisa jamais avec de l'eau que deux personnes, encore fut-ce malgré lui; il circoncit son disciple Timothée: les autres apôtres circoncisaient aussi tous ceux qui voulaient. Es-tu circoncis ajouta-t-il. Je lui répondis que je n'avais pas cet honneur.-Eh bien! dit-il, l'ami, tu es chrétien sans être circoncis, et moi sans être baptisé."

Voilà comme mon saint homme abusait assez spécieusement de trois ou quatre passages de la sainte Écriture, qui semblaient favoriser sa secte: mais il oubliait de la meilleure foi du monde une centaine de passages qui l'écrasaient. Je me gardai bien de lui rien contester; il n'y a rien à gagner avec un enthousiaste : il ne faut point s'aviser de dire à un homme les défauts de sa maîtresse, ni à un plaideur le faible de sa cause, ni des raisons à un illuminé; ainsi je passai à d'autres questions.

"A l'égard de la communion, lui dis-je, comment en usezvous?—Nous n'en usons point, dit-il.-Quoi! point de communion? Non, point d'autre que celle des cœurs." Alors il me cita encore les Écritures. Il me fit un fort beau sermon contre la communion, et me parla d'un ton inspiré pour me prouver que les sacrements étaient tous d'invention humaine, et que le mot de sacrement ne se trouvait pas une seule fois dans l'Évangile. "Pardonne, dit-il, à mon ignorance, je ne t'ai pas apporté la centième partie des preuves de ma religion; mais tu peux les voir dans l'Exposition de notre foi par Robert Barclay: 21 c'est un des meilleurs livres qui soient jamais sortis de la main des hommes. Nos ennemis conviennent qu'il est très dangereux: cela prouve combien il est rai

20 Cf Matthew III, 11; Mark I, 8; Luke III, 16; John I, 26-27. 21 Robert Barclay (1648-1690), important expounder of the Quaker faith.

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