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mosate, évêque d'Antioche; ils rejetaient la distinction des trois personnes divines. Le quatrième siècle vit paraître, successivement, Arius, prêtre d'Alexandrie, qui attaqua le dogme de la Trinité, en attaquant la divinité du Fils; et Macédonius, évêque de Constantinople, qui, en niant la divinité du Saint-Esprit, niait également le dogme de la Trinité. Ces erreurs ont été renouvelées, au seizième siècle, par les sociniens, ainsi appelés de Lélie et de Fauste Socin, oncle et neveu, originaires de Sienne; et, dans ces derniers temps, par les déistes et les rationalistes, qui, ne prenant que la raison pour guide en matière de religion, rejettent absolument tous les mystères du christianisme.

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Pour établir le dogme catholique, il suffira d'exposer la croyance de l'Église ce que nous ferons dans ce chapitre d'abord, où nous rapporterons les preuves en faveur de la distinction des trois personnes divines; puis dans les deux chapitres suivants, où nous prouverons plus directement la divinité du Fils et du SaintEsprit.

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ARTICLE I..

On doit admettre le mystère de la sainte Trinité.

263. Il est de foi qu'il y a trois personnes divines, le Père, le Fils et le Saint-Esprit; que ces trois personnes sont réellement distinctes entre elles, et qu'elles ne sont qu'un seul Dieu, n'ayant qu'une seule et même nature. Il est de foi, par conséquent, que le mystère de la sainte Trinité existe, puisque ce mystère consiste dans l'unité de nature ou de substance, et dans la trinité des personnes en Dieu.« Nous croyons fermement et nous confessons ⚫ simplement, avec les Pères du quatrième concile général de La<«tran, qu'il n'y a qu'un seul vrai Dieu, éternel, immense, toutpuissant, immuable, incompréhensible et ineffable; qu'il y a « trois personnes en Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, mais << une seule essence, substance ou nature absolument simple; que « le Père n'est d'aucun autre, que le Fils est du Père seul, et que << le Saint-Esprit est du Père et du Fils, sans commencement et « sans fin ; que le Père est engendrant, le Fils engendré, et le SaintEsprit procédant; que ces trois personnes sont consubstantielles et coégales, également toutes-puissantes et coéternelles, l'unique « principe et créateur de toutes choses invisibles et visibles, spi⚫ rituelles et corporelles (1).» Ainsi, la foi catholique veut que (1) Firmiter credimus, et simpliciter confitemur, quod unus solus est verus

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nous adorions un seul Dieu en trois personnes, et trois personnes en un seul Dieu, sans confondre les personnes et sans diviser la substance: «< Fides catholica hæc est: ut unum Deum in Trinitate • et Trinitatem in unitate veneremur; neque confundentes perso« nas, neque substantiam separantes (1). Elle veut que nous croyions, avec les apôtres, en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ, son Fils unique, Notre-Seigneur, et au Saint-Esprit (2). Elle veut que nous croyions, avec les Pères du concile de Nicée de l'an 325, et du concile de Constantinople de l'an 381, les deux premiers conciles œcuméniques, en un seul Dieu, le Père tout-puissant, qui a créé le ciel et la terre, les choses visibles et invisibles; que nous croyions en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, qui est né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, qui n'a pas été fait, mais engendré, consubstantiel au Père, et par qui tout a été fait; que nous croyions en même temps au Saint-Esprit, qui est aussi Seigneur et vivifiant, qui procède du Père (et du Fils), qui est adoré et glorifié conjointement avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes (3). Elle veut que, d'après les oracles sacrés, nous admettions, comme fondement de la doctrine chrétienne, cet adorable mystère, que l'Église a toujours admis, depuis le premier jusqu'au quatrième siècle, et depuis le quatrième siècle jusqu'à nous, sans interruption. En effet, le dogme de la Trinité est fondé tout à la fois sur l'Écriture sainte, sur l'enseignement des saints Pères, et sur la croyance générale, universelle et constante de l'Église.

SI. Preuve du mystère de la Trinité, tirée de l'Écriture

sainte.

264. Jésus dit à ses apôtres: Allez, enseignez les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit: Bap

Deus, æternus et immensus, omnipotens, incommutabilis, incomprehensibilis et ineffabilis, Pater, et Filius, et Spiritus Sanctus; tres quidem personæ, sed una essentia, substantia, seu natura simplex omnino. Pater a nullo, Filius autem a solo Patre, ac Spiritus Sanctus ab utroque pariter, absque initio semper et fine, Pater generans, Filius nascens, et Spiritus Sanctus procedens; consubstantiales et coæquales, coomnipotentes et coæterni, unum universorum principium, creator omnium invisibilium et visibilium, spiritualium et corporalium. Capit. 1. — (1) Symbole de saint Athanase. - (2) Symbole des apôtres. (3) Symbole de Nicée et de Constantinople.

«tizantes eos in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti (1). » Le dessein de Notre-Seigneur ne fut certainement pas de faire baptiser en un autre nom que celui de Dieu. Cependant il prescrit aux apôtres de baptiser au nom du Père, et du Fils, et du SaintEsprit, qu'il désigne comme trois personnes distinctes: il faut donc reconnaître que chacune de ces trois personnes est véritablement Dieu, quoiqu'il n'y ait réellement qu'un seul Dieu. Aussi Notre-Seigneur, en disant au nom, in nomine, se sert-il du singulier, afin de montrer qu'il n'y a qu'une nature ou substance divine, et que cette substance est commune au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. C'est la remarque de saint Athanase, de saint Hilaire de Poitiers, de saint Basile, de saint Grégoire de Nazianze, de Didyme d'Alexandrie, de saint Ambroise, de Théodoret, de saint Fulgence, et généralement de tous les interprètes anciens et modernes qui ont expliqué le passage dont il s'agit.

265. Nous avons encore un autre texte de saint Matthieu, où l'on trouve la distinction de trois personnes en Dieu. Le voici : « Dès que Jésus fut baptisé, il sortit hors de l'eau, et les cieux « s'ouvrirent à lui, et il vit l'Esprit de Dieu descendre en forme de colombe et venir sur lui; et au même instant une voix se fit en• tendre du ciel, en disant: Celui-ci est mon fils bien-aimé, en « qui j'ai mis mes complaisances (2). » On distingue ici trois personnes la personne du Père, qui fit entendre sa voix du haut du ciel; la personne du Fils, en qui le Père se complait; et la personne du Saint-Esprit, qui est appelé l'Esprit de Dieu.

266. Jésus dit à ses disciples : « Je prierai mon Père, et il vous ⚫ donnera un autre paraclet (consolateur), afin qu'il demeure avec « vous pour toujours (3). » Ailleurs: « Quand viendra le paraclet « que je vous enverrai de la part de mon Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, c'est lui qui rendra témoignage de moi (4). » Nous remarquons encore ici trois personnes, le Père, son Fils, et le paraclet ou le Saint-Esprit, qui est appelé l'Esprit de vérité. Les apôtres s'expriment dans le même sens. Saint Paul,

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(1) Saint Matthieu, c. xxvIII, v. 19. (2) Baptizatus autem Jesus, confestim ascendit de aqua, et ecce aperti sunt ei cœli; et vidit Spiritum Dei descendentem sicut columbam et venientem super se. Et ecce vox de cœlis dicens: Hic est Filius meus dilectus, in quo mihi complacui. Saint Matthieu, c. 11, v. 16 et 17. — (3) Et ego rogabo Patrem, et alium paraclitum dabit vobis, ut maneat vobiscum in æternum. Saint Jean, c. XIV, v. 16. . (4) Cum autem venerit paracletus, quem ego mittam vobis a Patre, Spiritum veritatis, qui a Patre procedit, ille testimonium perhibebit de me. Ibidem, c. xv, v. 26.

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s'adressant aux fidèles de Corinthe, leur dit : « Que la grâce de • Notre-Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu, et la communi«< cation du Saint-Esprit, soient avec vous tous (1). » Saint Pierre disait aux premiers fidèles qu'ils sont élus «< selon la prescience de « Dieu le Père, pour être sanctifiés par l'Esprit, et pour être lavés « par le sang de Jésus-Christ (2). » Ces différents passages établissent bien clairement la distinction de trois personnes en Dieu. Et qu'on ne dise pas que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont que de simples dénominations, que trois manières de parler d'une même personne : car le Sauveur du monde et ses apôtres en parlent comme de trois personnes qu'ils distinguent, comme de trois hypostases ou subsistances qui ont elles-mêmes une action qui est propre à chacune d'elles. Aussi les Pères et les docteurs de l'Église, principalement ceux qui ont combattu les erreurs de Praxéas, de Sabellius, d'Arius et de Macédonius, ont constamment invoqué, en faveur du mystère de la Trinité, les textes que nous venons de

citer.

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267. Enfin saint Jean fait mention, de la manière la plus expresse, des trois personnes en une seule et même substance divine : Il y en a trois, dit-il, qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et le Saint-Esprit ; et ces trois personnes ne sont « qu'un seul être (3). » Le Père, le Fils ou le Verbe, et le SaintEsprit, qui rendent témoignage à la vérité, sont bien trois personnes distinctes, et hi tres; or ces trois personnes ne sont qu'un seul être, qu'une seule nature, qu'une seule substance, et hi tres UNUM sunt. L'Apôtre ne dit pas, Ces trois personnes ne sont qu'une seule personne; ces trois êtres ne sont qu'un seul être; ces trois principes ne sont qu'un seul principe; ces trois Dieux ne sont qu'un seul Dieu; mais il dit : Ces trois qui rendent témoignage ne sont qu'un seul être, une seule substance, une seule chose, et hi tres UNUM sunt: UNUM, et non UNUS, comme l'observe Tertullien (4). 268. Il est vrai que l'authenticité de ce texte a été contestée, qu'il ne se trouve pas dans tous les anciens manuscrits de la Bible;

(1) Gratia Domini nostri Jesu Christi, et charitas Dei, et communicatio Sancti Spiritus sit cum omnibus vobis. Il épître aux Corinthiens, c. xIII, v. 13. (2) Petrus apostolus Jesu Christi, electis.... secundum præscientiam Dei Patris, in sanctificationem Spiritus, in obedientiam, et aspersionem sanguinis Jesu Christi. 1 épitre, c. 1, v. 1 et 2.-(3) Tres sunt, qui testimonium dant in cœlo: Pater, Verbum, et Spiritus Sanctus ; et hi tres unum sunt. Ire épître, c. v, v. 7. − (4) Connexus Patris in Filio, et Filii in Paracleto, tres efficit cohærentes, alterum ex altero qui tres unum sunt, non unus. Liv. contre Praxéas, n° xxv.

mais, pour avoir été contestée, l'authenticité de ce passage n'en est pas moins certaine. L'Eglise, à qui Notre-Seigneur a confié le dépôt des livres sacrés, veille constamment à leur intégrité, et ne permet pas qu'ils soient jamais altérés, même en faveur du dogme. catholique. Le mensonge ne lui est point nécessaire; elle n'a pas besoin de recourir à l'imposture pour justifier sa croyance. Si donc elle reçoit comme authentique le verset de saint Jean, Tres sunt qui dant testimonium, c'est qu'elle en a reconnu l'authenticité d'après les anciens manuscrits de la Bible et les ouvrages des anciens Pères, qui ont cité le même verset pour établir la distinction des personnes en Dieu. En effet, outre Tertullien que nous citions à l'instant, saint Cyprien dit formellement que les trois personnes ne sont qu'un être, parce qu'il est écrit du Père, du Fils et du Saint-Esprit, qu'ils ne sont qu'une seule substance: De Patre, et Filio, et Spiritu Sancto scriptum est : Et hi tres UNUM sunt (1). Saint Ephrem fait aussi clairement allusion au texte de saint Jean, lorsqu'en parlant du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, il dit que ces trois personnes ne sont qu'un : tres UNUM sunt (2). Saint Fulgence est plus exprès : « Nous admettons, dit-il, l'unité de << substance dans le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit, et nous « n'avons pas la témérité de confondre les personnes. Le bienheu<< reux Jean l'atteste en disant: Il y en a trois qui rendent témoi«gnage dans le ciel, le Père, le Verbe et le Saint-Esprit; et ces << trois personnes ne sont qu'un (3). » De plus, en 484, quatre cents évêques catholiques présentèrent à Hunéric, roi des Vandales, une profession de foi qui renferme le passage suivant : « Il est plus << clair que le jour que le Saint-Esprit est, avec le Père et le « Fils, un seul Dieu. Cela est prouvé par l'autorité de Jean l'Évan«géliste; car il dit: Il y en a trois qui rendent témoignage dans a le ciel, le Père, le Verbe, et le Saint-Esprit ; et ces trois per« sonnes ne sont qu'un (4). » Ce texte était donc regardé comme uathentique par tous les évêques qui souscrivirent à cette profes

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(1) De l'unité de l'Église. (2) Hymne LXXIII, sur la foi. - (3) In Patre, et Filio, et Spiritu Sancto unitatem substantiæ accipimus; personas confundere non audemus. Beatus enim Joannes apostolus testatur, dicens: Tres sunt, qui testimonium perhibent in cœlo, Pater, Verbum, et Spiritus ; et tres unum sunt. Réponse contre les ariens. - Voyez aussi le livre de la Trinité, c. Iv. — (4) Ut adhuc luce clarius unius divinitatis esse cum Patre et Filio Spiritum Sanctum doceamus, Joannis evangelista testimonio comprobatur. Ait namque: Tres sunt qui testimonium perhibent in cœlo, Pater, Verbum et Spiritus Sanctus; et hi tres unum sunt. Liv. 1, De la persécution des Vandales, par Victor de Vite, édit. de Chifflet.

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