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Père; qu'il est Dieu, vrai Dieu; qu'il est adoré conjointement avec le Père, et que toute gloire lui appartient avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles (1). Aussi, dès le troisième siècle, les Pères du concile d'Antioche écrivaient à Paul de Samosate : « Nous avons résolu de rédiger et d'exposer par écrit « notre foi, telle que nous l'avons reçue dès le commencement, « telle qu'elle nous a été conservée dans la sainte Église catholique jusqu'à ce jour, par les bienheureux apôtres qui ont vu les choses « et ont été les ministres du Verbe; cette foi prédite par la loi et les prophètes, et fondée sur le Nouveau Testament: savoir, qu'il y

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« a un seul Dieu, non engendré, sans principe, indivisible, immuable, qu'aucun homme n'a vu et ne peut voir; dont la nature humaine ne peut comprendre ou expliquer la gloire, la « grandeur, la dignité; dont la connaissance, encore imparfaite, << nous vient de son Fils, qui a dit: Personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils l'a révélé. Nous con⚫fessons et nous enseignons que le Fils est engendré de Dieu; qu'il « est le Fils unique de Dieu, né avant toute créature, l'image de « Dieu invisible, la Sagesse, le Verbe de Dieu, Dieu lui-même en << personne et de toute éternité, ainsi que nous l'avons appris par « les livres sacrés. Celui, au contraire, qui dit que le Fils de Dieu « n'existait pas avant la création du monde ; que croire et confesser qu'il est Dieu, ce n'est pas autre chose que reconnaître deux « Dieux, celui-là s'éloigne de la règle ecclésiastique, et toutes les Églises catholiques sont d'accord avec nous sur ce point (2). »

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(1) Voyez, ci-dessus, le no 269, etc.—(2) Decrevimus fidem scripto edere et exponere, quam a principio accepimus, et habemus traditam et servatam in catholica et sancta Ecclesia usque in hodiernum diem, a beatis apostolis, qui viderunt ipsi et ministri fuerunt Verbi (Luc. 1), prædicatam ex lege et prophetis ac Novo Testamento: esse unum Deum ingenitum, sine principio, invisibilem, immutabilem, quem nullus hominum vidit neque videre potest, cujus gloriam vel amplitudinem intelligere aut enarrare pro dignitate, ut in re et veritate est, humana natura non potest; notionem vero ejus, utcumque mediocrem, si habe. mus, revelante Filio ejus, sicut ait : Nemo novit Patrem, nisi Filius, et cui Filius revelaverit, contenti esse debemus. Hunc autem Filium genitum, unigenitum, imaginem Dei invisibilis, primogenitum omnis creaturæ, sapientiam, et Verbum, ac virtutem Dei ante sæcula, non præcognitione, sed substantia et hypostasi Deum, Dei Filium, cum in Veteri et Novo Testamento cognoverimus, confitemur et prædicamus. Qui autem contradicit Filium Dei non esse ante constitutionem mundi, dicitque credere et confiteri esse Deum, non esse aliud quam duos Deos prædicare, qui Filium Dei non esse Deum prædicat; hunc alienum esse ab ecclesiastica regula arbitramur, et omnes Ecclesiæ catholica nobiscum consentiunt. Labbe, Concil., tom. 1, col. 843.

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302. Nous trouvons la même profession et la même règle de foi dans une lettre de saint Denys d'Alexandrie, mort en 264. « Le « Christ, dit-il, est la forme de Dieu, le Verbe de Dieu; la Sagesse, le Fils de Dieu, et Dieu lui-même, Deus ipse; le Verbe du Père « et Dieu avec le Père, subsistant par lui-même, quod per se est. « Et c'est ainsi que l'ont confessé les saints Pères; c'est ce qu'ils « nous ont transmis, afin que nous confessions et que nous croyions « comme eux (1). » On peut en effet citer, parmi les Pères antérieurs au quatrième siècle, saint Denys, pape, saint Grégoire Thaumaturge, Minutius Félix, Origène, saint Hippolyte de Porto, Tertullien, Clément d'Alexandrie, saint Irénée, saint Théophile d'Antioche, Athénagore, saint Justin, saint Polycarpe, saint Ignace martyr, saint Hermas, saint Barnabé, ou l'auteur de la lettre qui porte son nom. Telle était d'ailleurs la foi que professaient les premiers chrétiens, lorsqu'on voulait les forcer de sacrifier aux idoles (2); telle est enfin la croyance que nous trouvons dans nos symboles, dans les hymnes que chante l'Église universelle, dans la liturgie sacrée, qui est aussi ancienne que le christianisme.

303. On objecte, il est vrai, certains passages de l'Écriture, où le Fils de Dieu est représenté comme inférieur au Père, comme soumis au Père et faisant la volonté du Père. Mais il suffit de faire remarquer que dans ces passages il ne s'agit pas du Verbe considéré simplement comme Verbe, du Fils de Dieu considéré comme Dieu; mais du Verbe fait chair, du Fils de Dieu fait homme, de Jésus-Christ, qui a deux natures, la nature divine, qui lui est commune avec le Père et le Saint-Esprit, et la nature humaine, qui lui est commune avec nous. Or, quoique inférieur au Père selon l'humanité, Jésus-Christ lui est égal selon la Divinité: Æqualis Patri secundum Divinitatem, minor Patre secundum humanitatem (3). Comme Fils de Dieu, il n'est qu'un et même Dieu avec le Père: Ego et Pater UNUM SUMUS (4).

304. Quant aux objections tirées de la philosophie, elles ne sont point nouvelles, elles ont été faites par les anciens hérétiques; mais la foi des Pères de Nicée, la foi catholique qui a triomphé des

(1) Forma Dei, Verbum ejus; et Sapientia Filius Dei, et Deus ipse, semper existens una persona, et una hypostasis persona.... Forma autem Deiet Verbum cum ipso Deus, et Filius Dei Verbum Patris est, quod per se est. Et sic confessi sunt eum sancti Patres, et ut confiteremur ac crederemus, nobis tradiderunt. Ibidem, col. 854. —(2) Voyez, ci-dessus, les n° 271 et 281. (3) Symbole de saint Athanase. — (4) Saint Jean, c. x, v. 30.

sophismes, de l'astuce, de la perfidie et de la violence des ariens, saura toujours confondre toute hauteur qui s'élève contre la science de Dieu. La philosophie peut faire des difficultés; mais elle ne prouvera jamais que Dieu n'est pas en lui-même tel qu'il est réellement. Toutes les fois qu'elle a entrepris, en dehors de la religion, de sonder les secrets de la Divinité, ses efforts n'ont point eu d'autre résultat que de constater son impuissance, et la nécessité, pour l'homme, de reconnaître qu'il est une raison au-dessus de la sienne, et qu'il n'a pas droit de l'assujettir à ses exigences. Il nous conviendrait bien, en effet, de vouloir comprendre la nature divine, à nous qui ne pouvons comprendre ce qui tient à la nature humaine, et d'entreprendre d'expliquer la génération du Verbe de Dieu, tandis que nous ne pouvons ni expliquer la génération de l'homme, ni la génération de notre intelligence: Generationem ejus quis enarrabit (1)?

CHAPITRE IV.

De la divinité du Saint-Esprit.

305. Le Saint-Esprit est la troisième personne de la sainte Trinité ; il est Dieu comme le Père et le Fils, et avec le Père et le Fils; coéternel, coégal et consubstantiel au Père et au Fils. Il y a trois personnes en Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit; et ces trois personnes ne sont qu'un seul Dieu et hi tres UNUM sunt (2). Nous l'avons prouvé plus haut (3) par l'Écriture, par les anciens Pères de l'Église, par les décisions des conciles, les symboles et la croyance générale et constante du monde chrétien. Partout, en Orient comme en Occident, on croit et on a toujours cru en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, et en Jésus-Christ, son Fils unique, Dieu de Dieu, vrai Dieu, consubstantiel au Père; et « au Saint-Esprit, qui est aussi notre Seigneur, et qui donne la vie; qui procède du Père et du Fils; qui est adoré et glorifié conjointement avec le Père et le Fils; « qui a parlé par les prophètes (4). » Il ne nous reste donc qu'à

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(1) Isaïe, c. LIII, v. 8. — (2) 1o épître de saint Jean, c. v, v. 7.— (3) Voyez, cidessus, le n° 264, etc. (4) Credimus in Spiritum Sanctum Dominum et vivificantem, qui ex Patre (Filioque) procedit; qui cum Patre et Filio simul adoratur

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produire quelques-unes des preuves qui établissent plus directement la divinité du Saint-Esprit.

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306. D'abord, le Saint-Esprit est appelé Dieu, Seigneur, dans les livres saints. On lit dans le prophète Isaïe: « J'ai entendu la « voix du Seigneur (Jéhovah) disant : Qui enverrai-je? Et qui ira « porter mes paroles? Et j'ai dit: Me voici, envoyez-moi. Et le « Seigneur dit: Va, et dis à ce peuple: Écoutez, et ne comprenez pas (1). Celui qui a prononcé ces paroles est vraiment Dieu; le prophète l'appelle Jéhovah, nom qui ne convient qu'à Dieu. Or, l'Apôtre nous apprend que celui-là même est le Saint-Esprit : « C'est l'Esprit-Saint qui a parlé à nos pères par le prophète Isaïe, lorsqu'il lui dit : Va vers ce peuple, et dis-leur: Vous « entendrez des oreilles, et vous ne comprendrez point (2). » Donc le Saint-Esprit, qui nous est représenté comme une personne, comme parlant lui-même à un prophète et au peuple d'Israël, est véritablement Dieu.

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307. David dit aussi, dans le second livre des Rois : « L'Esprit du Seigneur s'est fait entendre par moi; sa parole a été sur ma a langue. Le Dieu d'Israël m'a dit, le fort d'Israël, le dominateur « des hommes, m'a parlé (3). » Ainsi, suivant le prophète-roi, l'Esprit du Seigneur est le Dieu d'Israël, le fort d'Israël, le dominateur des hommes. Et cet Esprit du Seigneur est bien le Saint-Esprit l'Esprit saint, dit le prince des apôtres, a parlé par la bouche de David (4). On voit encore, dans l'Ancien Testament, que c'est le Seigneur Dieu, Jéhovah, qui a parlé par les prophètes. Or, ces mêmes prophètes nous sont représentés, dans le Nouveau Testament, comme ayant été inspirés par le Saint-Esprit: « Ce n'est point par la volonté des hommes que les prophé«<ties ont été autrefois rendues, mais c'est par l'inspiration du "Saint-Esprit que les hommes de Dieu ont parlé (5). » L'EspritSaint est donc véritablement Seigneur, Dieu, Jéhovah.

et conglorificatur; qui locutus est per prophetas. Symbole de Constantinople. — (1) Audivi vocem Domini dicentis: Quem mittam? Et quis ibit nobis? Et dixi Ecce ego, mitte me. Et dixit: Vade, et dices populo huic : Audite audientes, et nolite intelligere. Isaïe, c. vi, v. 8 et 9. (2) Bene Spiritus Sanctus locutus est per Isaïam prophetam ad patres nostros, dicens: Vade, ad populum istum, et dic ad eos: Aure audietis, et non intelligetis. Actes des apôtres, C. XXVIII, v. 25 et 26. (3) Spiritus Domini locutus est per me, et sermo ejus per linguam meam. Dixit Deus Israël mihi, locutus est fortis Israël, dominator hominum. Liv. n des Rois, c. xxш, v. 2 et 3. —(4) Oportet impleri Scripturam, quam prædixit Spiritus Sanctus per os David de Juda. Act. des apótres, c. 1, (5) Non enim voluntate humana allata est aliquando prophetia : sed

V. 16.

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308. Il est rapporté dans les Actes des apôtres qu'Ananie s'étant rendu coupable de mensonge, en n'apportant aux apôtres qu'une partie du prix du fonds qu'il avait vendu, saint Pierre lui dit : « Ananie, comment Satan vous a-t-il tenté au point de vous faire « mentir au Saint-Esprit ?... Ce n'est pas aux hommes que vous ‹ avez menti, mais à Dieu (1). » D'après ce texte, mentir au SaintEsprit, c'est mentir à Dieu le Saint-Esprit est donc Dieu.

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309. Écoutez saint Paul parlant aux Corinthiens : « Ne savez« vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu << habite en vous? Si quelqu'un profane le temple de Dieu, Dieu le « perdra, car le temple de Dieu est saint. Or, c'est vous qui êtes ce temple (2). Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui réside en vous, et que vous avez reçu de Dieu ?... « Glorifiez donc et portez Dieu dans votre corps (3). » En appelant indifféremment notre corps le temple de Dieu, le temple du SaintEsprit, l'Apôtre nous fait clairement entendre que le Saint-Esprit est Dieu.

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310. Il leur disait aussi : « Il y a diversité de grâces, mais il « n'y a qu'un même Esprit. Il y a diversité de ministères, mais il « n'y a qu'un méme Seigneur. Il y a diversité d'opérations, mais « il n'y a qu'un méme Dieu, qui opère tout en tous. Or les dons « visibles du Saint-Esprit sont donnés à chacun, pour l'utilité de l'Église. L'un reçoit du Saint-Esprit le don de parler avec sa« gesse; un autre reçoit du même Esprit le don de parler avec << science; un autre reçoit la foi par le même Esprit; un autre re<< çoit du même Esprit la grâce de guérir les maladies; un autre, le don de faire des miracles; un autre, le don de prophéties; un

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« autre, le don de parler diverses langues; un autre, celui de les interpréter. Or, c'est un seul et même Esprit qui opère toutes ces « choses, distribuant à chacun ses dons selon qu'il lui plaît (4). »

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V. 3.

Spiritu Sancto inspirati locuti sunt sancti Dei homines. II épître de saint Pierre, c. 1, v. 21. — (1) Anania, cur tentavit Satanas cor tuum mentiri te Spiritui Sancto?... Non es mentitus hominibus, sed Deo. Actes des apótres, c. v, - (2) Nescitis quia templum Dei estis, et Spiritus Dei habitat in vobis. Si quis autem templum Dei violaverit, disperdet illum Deus. Templum enim Dei sanctum est, quod estis vos. Ir épitre aux Corinthiens, c. ш, v. 16 et 17. (3) An nescitis quoniam membra vestra templum sunt Spiritus Sancti, qui in vobis est, quem habetis a Deo, et non estis vestri ?... Glorificate et portate Deum in corpore vestro. Ibidem, c. vi, v. 19 et 20. — (4) Divisiones vero gratiarum sunt, idem autem Spiritus ; et divisiones ministrationum sunt, idem autem Dominus. Et divisiones operationum sunt, idem vero Deus, qui operatur omnia in omnibus. Unicuique autem datur manifestatio Spiritus ad utilitatem. Alii qui.

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