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« renfermer dans un seul volume, muni de l'autorité du siége apostolique, les rites sacrés et purs de l'Église catholique qui « doivent être observés, dans l'administration des sacrements et * autres fonctions ecclésiastiques, par ceux qui ont charge d'âmes, « afin que ceux-ci, se conformant uniquement à la teneur de ce volume, accomplissent leur ministère d'après une règle fixe et unique, et marchent d'accord et sans scandale sous une même « direction, sans être plus jamais détournés par la multitude des « rituels déjà existants...... C'est pourquoi nous-mêmes, ayant vu « que les rites reçus et approuvés de l'Église catholique se trouvent compris en leur ordre dans ce rituel, nous avons jugé à propos, « pour le bien public de l'Église de Dieu, de le publier sous le « nom de Rituel romain. A ces causes, nous exhortons dans le Seigneur nos vénérables frères les patriarches, archevêques et évêques, et nos chers fils leurs vicaires, les abbés, les curés, et généralement tous ceux à qui il appartient, en quelque lieu qu'ils « se trouvent, de se servir à l'avenir, dans les fonctions sacrées, « comme enfants de l'Église romaine, du rituel publié par l'auto« rité de cette Église mère et maîtresse de toutes les autres; et << d'observer inviolablement, dans une chose de si grande consé«quence, les rites que l'Église catholique et l'usage de l'antiquité, approuvé par elle, ont prescrits (1). »

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(1) Ce bref, qui commence par les mots Apostolicæ sedis, est da 17 juin 1614, et se trouve rapporté en tête du Rituel romain.

DU SACREMENT DE BAPTÊME.

621. Le mot baptême signifie ablution, immersion, du mot grec qui répond aux verbes latins, lavare, abluere, lingere, immergere; en français, laver. Tous les peuples, comme l'a remarqué Bergier, ont compris que l'action de laver le corps était un symbole de la purification de l'âme.

CHAPITRE PREMIER.

De la notion du sacrement de baptême et de son institution.

622. Ou définit le baptême : « Un sacrement de la loi nouvelle, institué pour effacer le péché originel, et nous régénérer en « Jésus-Christ; » ou simplement, comme dit le catéchisme du concile de Trente, le sacrement de la régénération dans l'eau par la parole (1). En effaçant le péché originel que nous apportons en naissant, le baptême efface en même temps les péchés actuels que les adultes ont commis avant d'être baptisés, et, en nous régénérant, il nous fait enfants de Dieu et de l'Église, d'enfants de colère que nous étions comme enfants d'Adam.

623. On distingue dans l'école trois baptêmes : le baptême d'eau, fluminis; le baptême de feu, flaminis; et le baptême de sang, sanguinis. Le baptême d'eau est le premier des sept sacrements institués par Notre-Seigneur Jésus-Christ; il est, suivant l'expression du pape Eugène IV, la porte de la vie spirituelle : vilæ spiritualis janua (2). Le baptême de feu n'est autre chose que le désir de

(1) Recte et apposite definitur baptismum esse sacramentum regenerationis per aquam in verbo. Part. 11, du Baptême. — (2) Décret pour les arméniens.

recevoir le sacrement de baptême, accompagné de la charité parfaite. Le baptême de sang est ainsi appelé, parce qu'il consiste dans le martyre, dans l'effusion du sang que l'on verse pour JésusChrist. Ni le baptême de feu, ni le baptême de sang, ne sont des sacrements; ce ne sont pas de vrais baptêmes; on ne leur donne ce nom que parce qu'ils purifient l'âme de ses péchés, et qu'ils peuvent suppléer au sacrement dans ceux qui sont dans l'impossibilité de le recevoir.

624. Il est de foi que le baptême d'eau est un sacrement, et qu'il a été institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ (1). L'Écriture sainte, l'enseignement des saints Pères, la pratique générale et constante de l'Église, les décisions des papes et des conciles, ne laissent aucun doute à cet égard. D'ailleurs, les hérétiques du seizième siècle sont, sur ce point, d'accord avec les catholiques. Mais on ne peut déterminer avec précision le temps où ce sacrement a été institué. Saint Thomas pense que cette institution eut lieu lorsque le Sauveur sanctifia l'eau par l'attouchement de son corps, en entrant dans le Jourdain pour y être baptisé par saint Jean (2). Nous trouvons la même doctrine dans le catéchisme du concile de Trente, où nous lisons ce qui suit : « Il est clair que le baptême fut institué lorsque Notre-Seigneur fut baptisé lui« même par saint Jean. Saint Grégoire de Nazianze (3) et saint Augustin (4) disent que, dans ce moment, l'eau reçut la vertu de régénérer en donnant la vie spirituelle. Au reste, une grande « preuve de cette vérité, c'est qu'au baptême de Notre-Seigneur, « la sainte Trinité tout entière, au nom de laquelle on confère le baptême, manifesta sa présence. La voix du Père fut entendue, ⚫ la personne du Fils était présente, et le Saint-Esprit descendit en « forme de colombe. De plus, les cieux s'ouvrirent, comme ils s'ou« vrent pour nous par le baptême (5). »

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625. Le baptême de saint Jean n'était point un sacrement proprement dit; ce n'était qu'une œuvre de pénitence, par laquelle le Précurseur préparait les voies du Seigneur, et disposait les Juifs à recevoir le baptême de la régénération. C'est pourquoi ceux qui avaient reçu le baptême de Jean furent baptisés du baptême de Jésus-Christ (6). Aussi, le baptême de Jean n'avait pas la même vertu que le baptême institué par Notre-Seigneur. Les luthériens

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(1) Voyez, ci-dessus, le n° 578. - (2) Som., part. m, quest. 66, art. 2.(3) Discours sur la Nativité du Sauveur. (4) Sermons xix, xxxvi, etc. (5) Catéchisme du concile de Trente, part. 1, du Baptême. — (6) Actes des apôtres, c. XIX.

et les calvinistes ont été condamnés par le concile de Trente pour avoir soutenu le contraire : « Si quis dixerit baptismum Joan«nis habuisse eamdem vim cum baptismo Christi, anathema « sit (1). »

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CHAPITRE II.

De la matière et de la forme du sacrement de baptême.

626. La matière et la forme sont les deux parties essentielles du sacrement: Accedit verbum ad elementum, et fit sacramentum (2).

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ARTICLE I.

De la matière du sacrement de baptême.

627. La matière nécessaire du sacrement de baptême est l'eau naturelle. Cette proposition est de foi, contre Luther et Calvin, qui ne regardent pas l'eau comme absolument nécessaire à la validité de ce sacrement : « Si quelqu'un dit que l'eau vraie et naturelle « n'est pas de nécessité pour le baptême, et que, par conséquent, « ces paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Si l'homme ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, doivent être entendues dans un sens métaphorique, qu'il soit anathème (3). » Ce décret se justifie nonseulement par lui-même, mais encore par l'Écriture sainte, l'enseignement des saints Pères et la pratique de l'Église. « Si quel« qu'un, dit Notre-Seigneur, ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, << il ne peut entrer dans le royaume de Dieu (4). » Nous lisons aussi, dans les Actes des Apôtres, que l'eunuque de la reine de Candace dit à Philippe : Voici de l'eau; qu'est-ce qui empêche que je ne sois baptisé?... Et ils descendirent tous deux dans l'eau, et Philippe baptisa l'eunuque (5). Est-ce qu'on peut, dit saint Pierre,

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(1) Sess. vi, du Baptême, can. 1. — (2) Traité LXXX, sur saint Jean.— (3) Si quis dixerit, aquam veram et naturalem non esse de necessitate baptismi, atque ideo verba illa Domini nostri Jesu Christi: Nisi quis renatus fuerit ex aqua et Spiritu Sancto, ad metaphoram aliquam detorserit; anathema sit. Sess. vi, du Baptême, can. 11. — (4) Nisi quis renatus fuerit ex aqua et Spiritu Sancto, non potest introire in regnum Dei. Saint Jean, c. III, v. 5. (5) Dum irent per

nous empêcher d'avoir de l'eau pour baptiser ces gens-là (1)? Les apôtres prenaient donc à la lettre les paroles de Notre-Seigneur; ils regardaient donc l'eau comme matière nécessaire au baptême. Voilà pourquoi les saints Pères enseignent qu'il ne peut y avoir de baptême sans l'eau: Tolle aquam, non est baptismus, dit saint Augustin (2). On pourrait encore citer saint Justin (3), Tertullien (4), saint Cyprien (5), saint Cyrille de Jérusalem (6), saint Basile (7), saint Grégoire de Nysse (8), saint Jean Chrysostome (9), saint Ambroise (10), et généralement les Pères, les papes et les conciles qui ont traité du baptême. Mais il suffit de faire remarquer que, dans les différentes Églises d'Orient comme dans celles d'Occident, le baptême ne s'administre jamais qu'avec de l'eau, et qu'on ne peut assigner à cette pratique générale d'autre origine que celle du christianisme.

628. D'ailleurs, « le baptême étant absolument nécessaire au « salut pour tous sans exception, rien n'était plus propre pour en « devenir la matière que l'eau naturelle, qui se trouve partout << sous la main de tout le monde. De plus, l'eau représente très-bien « l'effet du baptême; elle lave les souillures du corps, et par là « même exprime sensiblement la vertu du baptême sur l'âme, « qu'elle purifie de ses péchés. Enfin, comme l'eau a la propriété << de refroidir le corps, ainsi le baptême a celle de calmer l'ardeur « des passions (11). » C'est la pensée de saint Jérôme : Sicut aqua refrigerat ardorem corporis, ita baptismus ardorem concupiscentiæ (12).

629. Toute eau naturelle suffit pour la validité du baptême. On peut baptiser avec de l'eau de mer, de rivière, d'étang, de fontaine, de puits, de citerne, de pluie. En un mot, toute eau proprement dite, qui n'est point substantiellement altérée, quelle que soit sa qualité, peut servir de matière au baptême; mais l'huile, le vin, le cidre, la bière, ni tout autre liquide qui n'est pas véri

viam, venerunt ad quamdam aquam; et ait eunuchus: Ecce aqua ; quid prohibet me baptizari ?... Et descenderunt uterque in aquam, Philippus et eunuchus, et baptizavit eum. Actes des apótres, c. viii, v. 36 et 38. · (1) Tunc respondit Petrus: Numquid aquam quis prohibere potest, ut non baptizentur hi, qui Spiritum Sanctum acceperunt sicut et nos? Ibidem, c. x, v. 47. — (2) Traité xv, sur saint Jean. — (3) Apologie n. — (4) Livre du Baptême. - (5) Lettre LXX. – (6) Catéchèse .- (7) Livre du Saint-Esprit. (8) Discours sur le Baptême. (9) Homélie xu, sur saint Marc.-(10) Liv. des Sacrements, c. v. -(11) Catéchisme du concile de Trente, part. 11, du Baptême. (12) Lettre LXXXII.

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