Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

<< du Saint-Esprit, qu'il a répandu sur nous avec abondance par Notre-Seigneur Jésus-Christ (1). » C'est une grâce sacramentelle qui nous donne, dans l'occasion, les forces nécessaires pour combattre la concupiscence et remplir les obligations du chrétien. Le baptême nous unit aussi à Jésus-Christ comme des membres à leur chef; nous fait enfants de l'Église, et nous soumet à ses lois; nous donne droit aux autres sacrements, qu'on ne peut recevoir sans ètre baptisé ; nous fait entrer dans la communion des saints, et nous fait héritiers du royaume des cieux.

[ocr errors]

ARTICLE II.

Du caractère qu'imprime le sacrement de baptême.

640. Le baptême imprime en nous un caractère ineffaçable, une marque, un signe spirituel qui est comme le sceau des enfants de Dieu, et qui fait qu'on ne peut réitérer ce sacrement. Cette proposition est de foi; le concile de Trente dit anathème à celui qui soutient que le baptême n'imprime pas dans notre âme un certain signe spirituel et ineffaçable (2). Ce décret est fondé sur l'Écriture sainte et la tradition. Saint Paul dit aux Éphésiens : « Après avoir ⚫ entendu la parole de vérité, l'Évangile de votre salut, et y avoir «< cru, vous avez été marqués d'un signe par l'Esprit-Saint qui vous « a été promis (3). Ne contristez point l'Esprit de Dieu, par lequel « vous avez été marqués d'un signe pour le jour de la rédemp«tion (4). » Ce signe ne peut être que le caractère sacramentel, que la marque empreinte sur notre âme; et c'est ainsi que les Pères l'ont entendu. Suivant saint Cyrille de Jérusalem, « le baptême est « la délivrance de notre captivité, la rémission des péchés, la régénération de notre âme, un vêtement d'honneur, un sceau sacré « et ineffaçable, signaculum sacrum et indelebile (5).» Le même docteur dit que le Saint-Esprit marque notre âme d'un sceau, d'un signe, qui est redoutable aux démons, ajoutant qu'il est écrit: Vous avez été marqués d'un signe par l'Esprit-Saint (6). Saint

[ocr errors]

(1) Secundum suam misericordiam salvos nos fecit, per lavacrum regenerationis et renovationis Spiritus Sancti, quem effudit in nos abunde per JesumChristum, salvatorem nostrum. Saint Paul, épître à Tite, c. m, v. 5 et 6. (2) Session VII, des Sacrements en général, can. ix. Voyez, ci-dessus, le no 602. — (3) In quo et credentes signati estis Spiritu promissionis Sancto. Lettre aux Éphésiens, c. 1, v. 13. —(4) Nolite contristare Spiritum Sanctum Dei, in quo signali estis in diem redemptionis. Ibidem, c. iv, v. 30. — (5) Procaté chèse, no xvi. — (6) Spiritus Sanctus paratus adest, ut animam tuam consignet;

Jean Chrysostome enseigne que notre âme est marquée d'un signe par le baptême, comme chez les Juifs le corps l'était par la circoncision (1). Saint Augustin prouve contre les donatistes que ceux qui ont été baptisés par les hérétiques ne doivent point être baptisés de nouveau, parce qu'ils ont reçu le caractère de Jésus-Christ (2). Saint Basile (3), saint Ambroise (4), saint Epiphane (5) et saint Jean Damascène (6) reconnaissent que le baptême imprime un signe spirituel qui distingue les chrétiens de ceux qui ne le sont pas, et comparent ce signe à la marque, à la livrée qui distingue les militaires des simples citoyens, et les sujets d'un prince de ceux qui lui sont étrangers. A ces autorités on ajoute la pratique de l'Église, qui ne permet pas de réitérer le baptême qui a été administré selon le rit prescrit (7).

CHAPITRE IV.

Du ministre du sacrement de baptême.

641. D'après l'ordre établi de Dieu, toute personne, clerc ou laïque, fidèle ou infidèle, catholique ou hérétique, homme ou femme, peut conférer validement le sacrement de baptême, et même licitement, dans les cas de nécessité. Les Pères, les papes et les conciles se sont exprimés sur ce point de manière à ne laisser aucun doute. Nous pourrions citer Tertullien, saint Jérôme, saint Augustin, le concile d'Elvire, le quatrième concile de Carthage, celui de Compiègne de l'an 757, Nicolas I et Urbain II; mais il suffira de rapporter la décision du quatrième concile général de Latran, et le décret d'Eugène IV aux arméniens. Suivant ce concile, « le baptême, conféré par qui que ce soit, avec le rit de l'Église, opère le salut (8). » Dans un cas de nécessité, dit le

dabitque tibi cœleste quoddam et divinum, quod dæmones contremiscunt, signaculum: uti et scriptum est: In quo etiam cum credideritis, obsignati estis Spiritu promissionis sancto (Eph. I, 13). Catéchèse xvin, no xxxv. — (1) Discours sur l'épître aux Ephésiens. — (2) Liv. VI, contre les donatistes, c. 1; et liv. II, contre la lettre de Parménien, c. xin, et ailleurs. — (3) Homélie xii, sur le Baptême. —(4) Liv. des Mystères, c. vII. · - (5) Hérésie vin. — (6) Liv. IV, de la Foi orthodoxe, c. Ix.—(7) Voyez ce que nous avons dit dans la Théologic morale, tom. 11, no 68. —(8) Sacramentum baptismi a quocumque rite collatum proficit ad salutem. Capit. 1.

pape Eugène IV, non-seulement l'évêque, le prêtre et le diacre, « mais un laïque même, mais une femme, mais un païen et un hé« rétique, peuvent baptiser, pourvu qu'ils observent la forme pres«crite, et qu'ils aient l'intention de faire ce que fait l'Église (1). ► Le baptême étant absolument nécessaire au salut, Dieu a voulu, pour en faciliter la réception, que toute eau naturelle fût la matière de ce sacrement, et que tout le monde pût l'administrer validement. Mais il n'est permis à un laïque de l'administrer que lorsque celui qui désire le baptême est dans un danger de mort probable et prochain, et qu'on ne peut recourir à celui qui est, d'office, ministre de ce sacrement (2).

642. Hors le cas de nécessité, il n'appartient qu'aux évêques et aux prêtres de baptiser: les évêques en premier lieu, et les prêtres après les évêques, sont seuls ministres ordinaires du sacrement de baptême. Ce n'est qu'aux apôtres et à leurs successeurs que le Seigneur a dit : « Allez, instruisez toutes les nations, les baptisant « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (3). » Or, les successeurs des apôtres sont les évêques d'abord, puis les prêtres, en tant qu'ils sont associés à l'épiscopat pour exercer le ministère sacré sous les ordres et la direction des évêques. « Le ministre de ce sacrement, dit Eugène IV, est le prêtre, sacerdos, à qui il « convient d'office de baptiser (4). » Ce qui s'accorde avec le Pontifical romain, où il est dit qu'il faut que le prêtre baptise: Sacerdotem oportet baptisare. Telle est d'ailleurs et telle a toujours été la discipline de l'Eglise universelle.

643. Les diacres sont aussi ministres du baptême : Diaconum oportet baptizare (5); mais ils n'en sont que les ministres extraordinaires; ils ne peuvent baptiser solennellement qu'en vertu d'une délégation spéciale de la part de l'évêque (6).

644. Celui qui baptise doit avoir l'intention de faire ce que fait l'Église; à défaut de cette intention, le sacrement serait nul (7). Mais ni la foi ni la sainteté ne sont nécessaires dans un ministre pour la validité d'un sacrement (8).

(1) In causa necessitatis non solum sacerdos vel diaconus, sed etiam laïcus vel mulier, imo etiam paganus et hæreticus baptizare potest, dummodo formam servet Ecclesiæ, et facere intendat quod facit Ecclesia. Décret pour les arméniens. —(2) Voyez, pour la pratique, ce que nous avons dit dans la Théologie morale, tom. 11, no 70, etc. — (3) Saint Matthieu, c. xxvm, v. 19. (4) Minister hujus sacramenti (baptismi) est sacerdos, cui ex officio competit baptizare. Décret pour les arméniens. — (5) Pontifical romain. — (6) Voyez ce que nous avons dit dans la Théologie morale, tom. 11, no 73, etc. (7) Voyez, cidessus, le n° 607, etc. — (8) Voyez, ci-dessus, le n° 609, etc.

CHAPITRE V.

Du sujet du sacrement de baptême.

645. Comme Dieu veut le salut de tous les hommes, et que le baptême est indispensablement nécessaire au salut, il s'ensuit que tous les hommes, les enfants comme les adultes, sont capables de recevoir ce sacrement.

[ocr errors]

ARTICLE I.

De la nécessité du baptême.

646. Le baptême est nécessaire au salut, nécessaire pour tous, pour les enfants comme pour les adultes. Cette proposition est de foi : « Si quelqu'un dit que le baptême est libre, c'est-à-dire, non « nécessaire au salut, qu'il soit anathème (1).» Calvin prétend que le baptême n'est point nécessaire aux enfants nés de parents chrétiens; mais cette erreur a été condamnée par le concile de Trente: Si quelqu'un nie qu'il faille baptiser les enfants nouvel« lement nés, même ceux qui sont nés de parents chrétiens; ou « dit qu'à la vérité ils sont baptisés pour la rémission des péchés, mais qu'ils ne contractent rien du péché originel d'Adam qui ait besoin d'être expié par l'eau de la régénération pour obtenir a la vie éternelle; d'où il s'ensuivrait que la forme du baptême pour la rémission des péchés serait fausse et non véritable; « qu'il soit anathème (2); car ce que dit l'apôtre, que le péché est « entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le pé

a

[ocr errors]
[ocr errors]

a

a

ché; et qu'ainsi la mort est passée dans les hommes, tous ayant péché dans un seul, ne peut être entendu d'une autre

(1) Si quis dixerit baptismum liberum esse, hoc est, non necessarium ad salutem; anathema sit. Sess. vi, du Baptême, can. v. (2) Si quis parvulos recentes ab uteris matrum baptizandos negat, etiam si fuerint a baptizatis parentibus orti; aut dicit in remissionem quidem peccatorum eos baptizari, sed nihil ex Adam trahiere originalis peccati, quod regenerationis lavacro necesse sit expiari ad vitam æternam consequendam ; unde fit consequens, ut in eis forma baptismatis, in remissionem peccatorum, non vera, sed falsa intelligatur ; anathema sit. Ibidem, sess. v, can. IV.

manière que l'a toujours entendu l'Église catholique répandue " partout. Et c'est pour cela, et conformément à cette règle de foi, « selon la tradition des apôtres, que même les petits enfants, qui « n'ont pu encore commettre aucun péché personnel, sont cependant véritablement baptisés pour la rémission des péchés, afin » que ce qu'ils ont contracté par la génération soit purifié par la - régénération; car quiconque ne renait de l'eau et du SaintEsprit ne peut entrer dans le royaume de Dieu (1). » Ce décret, comme on le voit, s'appuie sur l'Écriture sainte et la tradition.

[ocr errors]

647. En effet, quand le Seigneur a dit qu'il faut renaître de l'eau et du Saint-Esprit pour entrer dans le royaume de Dieu, il n'a excepté personne, pas même les enfants, dans quelque position qu'ils soient: Utique nullum excipit, non infantem, non aliqua præventum necessitate; ce sont les paroles de saint Ambroise (2). Saint Justin (3), saint Irénée (4), Tertullien (5), Clément d'Alexandrie (6), Origène (7), saint Cyprien (8), saint Cyrille de Jérusalem (9), saint Grégoire de Nazianze (10), saint Basile (11), saint Augustin, étendent la nécessité du baptême à tous les hommes. Écoutez le Docteur de la grâce : « Si vous voulez être catholique, " ne croyez point, ne dites point, n'enseignez point que les enfants qui meurent avant d'être baptisés peuvent obtenir la rémission « du péché originel (12). Et ailleurs : « Quiconque dit que les en«fants eux-mêmes sont vivifiés en Jésus-Christ lorsqu'ils sortent « de la vie sans avoir participé au sacrement de baptême, va di« rectement contre ce que les apôtres ont prêché; il condamne toute l'Eglise, où l'on s'empresse de baptiser les petits enfants, parce que « l'on croit que ces enfants ne peuvent autrement avoir la vie en Jésus-Christ (13). » Ç'a toujours été d'ailleurs la pratique de l'Église, de baptiser les enfants immédiatement après leur naissance;

[ocr errors]

[ocr errors]

(1) Ibidem.—(2) Liv. 11, sur Abraham, c. xI. — - (3) Apologie 11. — (4) Liv. m, contre les hérésies, c. xvII. (5) Liv. du Baptême, c. xшI. — (6) Liv. 1, du Pédagogue, c. VI. — · (7) Homélie xiv, sur saint Luc. - (8) Lettre LXXII. — (9) Catéchèse ni. (10) Discours sur le Baptême. - (11) Discours XIII. — (12) Noli credere, nec dicere, nec docere infantes, antequam baptizentur, morte præven. tos, pervenire posse ad originalium indulgentiam peccatorum, si vis esse catholicus. Liv. m, de l'Origine de l'âme, c. ix. — (13) Quisquis dixerit quod in Christo vivificabuntur etiam parvuli, qui sine sacramenti ejus participatione de vita exeunt, hic profecto et contra apostolicam prædicationem venit, et totam condemnat Ecclesiam, ubi propterea cum baptizandis parvulis festinatur et curritur, quia sine dubio creditur aliter eos in Christo omnino vivificari non possc. Lettre CLXVI.

« PrécédentContinuer »