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SECTION TROISIEME.

De l'origine des principes de fociabilité que nous avons découverts dans l'homme, & de l'obligation qu'ils impofent.

LA caufe productrice de l'homme, eft auffi le principe de fes befoins effentiels, & de fes obligations naturelles : nous ne l'avons d'abord confidérée, que

comme une force motrice qui arrangeoit la matiere, & qui en tiroir les élements, les aftres, la terre, les plantes & les animaux; ees vues fuffifoient alors au deffein que nous avions de faire un examen impartial de l'homme, & de rejetter comme des notions fauffes ou incertaines, tout ce que nous avions pensé fur fon origine, fur fa nature & fur fa deftination. Maintenant nous ne pouvons nous tenir à cette notion vague, ou à cette premiere fuppofition: la reconnoiffance, l'amour de notre bonheur, la raifon ne nous permettent pas de refter dans cet état d'ignorance: il faut être ftu pide ou infenfé pour ne pas defirer de connoître une puiflance, qui, en donnant l'existence à l'homme, l'a foumis à tous les befoins qu'il éprouve, & a tout arrangé fur la terre, pour qu'il puiffe les fatisfaire; qui a dépofé

dans fon cœur le germe de tou-
tes les vertus fociales, & le defir
de l'immortalité; qui en lui don-
nant la mémoire, la faculté de
raisonner, le defir de connoître,
a tout arrangé dans les phénomè-
nes de la nature; dans l'organisa-
tion de fon corps, dans la multi-
tude & dans le développement
de fes befoins & de fes inclina-
tions pour élever fon ame à l'idée
d'une intelligence fuprême rému-
neratrice de la vertu, &
refle du crime.

venge

Nous fommes portés naturellement à croire que la caufe productrice de l'homme, eft une intelligence fuprême qui a créé le monde, & qui le gouverne; mais c'eft peut-être une illufion natu relle à l'efprit humain, un préjugé que la raifon condamne: Spinofa, Hobbes, & d'autres Philofophes l'ont penfé. Défions - nous donc de ce penchant, & ne nous

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comme une force motrice qui arrangeoit la matiere, & qui en tiroit les élements, les aftres, la terre, les plantes & les animaux; ces vues fuffifoient alors au deffein que nous avions de faire un examen impartial de l'homme, & de rejetter comme des notions fauffes ou incertaines, tout ce que nous avions penfé fur fon origine, fur fa nature & fur fa deftination. Maintenant nous ne pouvons nous tenir à cette notion vague, ou à cette premiere fuppofition: la reconnoiffance, l'amour de notre bonheur, la raifon ne nous permettent pas de refter dans cet état d'ignorance: il faut être ftu pide ou infenfé pour ne pas defirer de connoître une puiflance, qui, en donnant l'existence à l'homme, l'a foumis à tous les befoins qu'il éprouve, & a tout arrangé fur la terre, pour qu'il puiffe les fatisfaire; qui a dépofé

dans fon cœur le germe de toutes les vertus fociales, & le defir de l'immortalité; qui en lui donnant la mémoire, la faculté de raifonner, le defir de connoître, a tout arrangé dans les phénomènes de la nature; dans l'organisation de fon corps, dans la multitude & dans le développement de fes befoins & de fes inclinations pour élever fon ame à l'idée d'une intelligence fuprême rémuneratrice de la vertu, & vengerefle du crime.

Nous fommes portés naturellement à croire que la caufe productrice de l'homme, eft une intelligence fuprême qui a créé le monde, & qui le gouverne; mais c'eft peut-être une illufion naturelle à l'efprit humain, un préjugé que la raifon condamne : Spinofa, Hobbes, & d'autres Philofophes l'ont penfé. Défions- nous donc de ce penchant, & ne nous

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