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pendoit donc d'une organisation particuliere qui a été déterminée & choifie par l'intelligence créa trice, elle a donc voulu qu'il fût bienfaifant & compatiffant, qu'il fouffrit lorsqu'il feroit du mal, & qu'il reffentît du plaifir lorsqu'il foulageroit un malheureux. Elle a donc attaché des peines à la méchanceté, & des récompenfes à la bienfaisance & à la sensibilité compatisfante. L'inclination naturelle qui porte l'homme à aimer fon femblable, & la répugnance à lui faire du mal font donc des loix prefcrites par l'intelligence créatrice.

L'homme aime tout ce qui contribue à la confervation de fon corps, mais il n'aime pas fonbienfaiteur, comme le fruit qui le nourrit, ou qui eft d'un goût agréable. Il falloit. pour le rendre reconnoiflant qu'il y eût dans T'homme une difpofition différen

te de la fenfibilité. La reconnoiffance n'eft pas une fuite des loix qui ont produit des êtres fenfibles, c'eft l'objet d'une détermination & d'une volonté particuliere, de l'intelligence créatrice, quia voulu que l'homme fût recon→ noiffant, comme elle a voulu qu'il fût bienfaifant.

Ce que nous avons dit de l'humanité, de la bienfaisance, & de la reconnoiffance, il faut le dire de tous les principes de fociabilité.

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Il en eft un qui fait que l'homme fe condamne lui-même, lorf qu'il a été injufte ou inhumain, il éprouve des remords, il a une confcience quile condamne. L'intelligence créatrice a donc voulu que l'homme regardât comme un crime tout ce qui attaque le bonheur des autres. Toute action. nuifible eft donc en effet un cri me qui déplaît à l'intelligence fus prême & toute puiffante. Le ré

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mords & le repentir qui fuit une action inhumaine, eft une correction naturelle, une défenfe qu'elle lui fait fans ceffe de nuire aux autres; le.cri de la confcience est une promulgation continuelle des principes de fociabilité par toute la terre & à tous les hommes. QuelMes loix humaines font auffi claires, auffi authentiquement publiées, auffi connues?

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La crainte de la juftice divine dans une autre vie -le defir d'exifter après la mort, qui fe fait fentir dans toutes les ames eft auffi bien l'ouvrage de l'intelligence créatrice, que l'organisation de T'homme. Ce font des motifs qu'el le a destinés à porter les hommes à la pratique des vertus fociales; à moins qu'on ne prétende qu'elle n'a point voulu ce qu'elle s'eft pourtant déterminée à faire librement, avee choix & par préfé

xence.

L

L'intelligence créatrice a mis entre les phénomènes de la nature, & les impreffions des organes, entre les impreffions des organes & les fentiments de l'ame, les rapports que nous y voyons; c'eft elle qui a mis entre les éléments, les rapports propres à produire les fruits & les dons que la terre prodigue à l'homme, auffi bien que ce fpectacle de puiflance & de terreur que nous offrent les volcans, les orages, les météores. Elle a mis dans l'homme les befoins qui le forcent de s'élever à l'idée d'une intelligence.créatrice, & les difpofitions néceffaires pour que les dons & les phénomènes de la nature produififfent en lui des fentiments d'amour, de refpect, de crainte & d'admiration pour elle; elle a donc voulu que l'homme l'honorât par tous ces fentiments, & que tous le portaffent à

L'homme en ne fuivant que fon inclination naturelle, & la lumiere de la raifon, connoît que pour plaire à l'être fuprême, il fautobéir à fes loix, fe conformer à fa volonté, il voit & fent qu'il a voulu que l'homme fût bienfaisant, jufte, bon, compatiffant. La bienfaifance & la pratique des vertus fociales, font donc des parties effentielles de la religion naturelle, un culte indifpenfable, & le principal moyen de témoigner fon amour & fa reconnoiffance à l'être Luprême.

Ce n'eft point dans l'ignorance & dans les préjugés, dans l'intérêt & dans les fourberies des prêtres ou des politiques, que cette religion a fa fource; c'eft dans les plus pures lumieres de la raifon dans le cœur même de l'homme; elle n'eft ignorée invinciblement de perfonne, & nul prétexte n'en peut difpenfer.

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