MORON. Voilà un écho qui est bouffon. SCENE III. MORON, appercevant un ours qui Ah! monsieur l'ours, je suis votre serviteur de tout mon cœur. De grace, épargnez-moi; je vous assure que je ne vaux rien du tout à manger, je n'ai que la peau et les os, et je vois de certaines gens là-bas qui seroient bien mieux votre affaire. Hé, hé, hé, monseigneur, tout doux, s'il vous plaît. (Il caresse l'ours, et tremble de frayeur.) La, la, la, la. Ah! monseigneur, que votre altesse est jolie et bien faite ! Elle a tout-à-fait l'air galant et la taille la plus mignonne du monde. Ah! beau poil! belle tête! beaux yeux brillants et bien fendus! Ah! beau petit nez! belle petite bouche! petites quenottes jolies! Ah! belle gorge! belles petites menottes! petits ongles bien faits! (L'ours se leve sur ses pattes de derriere.) A l'aide! au secours! je suis mort! Miséricorde! Pauvre Moron! Ah! mon dieu! Hé! vîte! à moi ! je suis perdu! (Moron monte sur un arbre.) SCENE IV. MORON, CHASSFURS. MORON, monté sur un arbre, aux chasseurs. Hé! messieurs, ayez pitié de moi. (Les chasseurs combattent l'ours.) Bon, messieurs ! tuez-moi ce vilain animal-là. O ciel, daigne les assister! Bon! le voilà qui fuit. Le voilà qui s'arrête, et qui se jette sur eux. Bon! en voilà un qui vient de lui donner un coup dans la gueule. Les voilà tous à l'entour de lui. Courage, ferme, allons, mes amis! Bon! poussez fort! Encore! Ah! le voilà qui est à terre; c'en est fait, il est mort. Descendons maintenant pour lui donner cent coups. (Moron descend de l'arbre.) Serviteur, messieurs; je vous rends grace de m'avoir délivré de cette bête. Maintenant que vous l'avez tuée, je m'en vais l'achever, et en triompher avec vous. (Moron donne mille coups à l'ours qui est mort.) ENTRÉE DE BALLET. Les chasseurs dansent pour témoigner leur joie d'avoir remporté la victoire. FIN DU PREMIER INTERMEDE. ACTE SECOND. SCENE I. LA PRINCESSE, AGLANTE, CYNTHIE, UI, PHILIS. LA PRINCESSE. Oui, j'aime à demeurer dans ces paisibles lieux; Cede aux simples beautés qu'y forme la nature. AGLANTE. Je chéris, comme vous, ces retraites tranquilles Où l'on se vient sauver de l'embarras des villes : De mille objets charmants ces lieux sont embellis; Et ce qui doit surprendre est qu'aux portes d'Elis La douce passion de fuir la multitude Rencontre une si belle et vaste solitude. Mais, à vous dire vrai, dans ces jours éclatants, LA PRINCESSE. Quel droit ont-ils chacun d'y vouloir ma présence? Mais, quelque espoir qui flatte un projet de la sorte, Je me tromperai fort', si pas un d'eux l'emporte. CYNTHIE. Jusques à quand ce cœur veut-il s'effaroucher AVIS. Le dessein de l'auteur étoit de traiter toute la comédie en vers; mais un commandement du roi, qui pressa cette affaire, l'obligea d'achever le reste en prose, et de passer légèrement sur plusieurs scenes, qu'il auroit étendues davantage s'il avoit eu plus de loisir. AGLANTE. Pour moi, je tiens que cette passion est la plus agréable affaire de la vie ; qu'il est nécessaire d'aimer pour vivre heureusement; tous les plaisirs sɔat et que fades, s'il ne s'y mêle un peu d'amour. |