Et, vous peignant galamment, Portez de tous côtés vos regards brusquement; 1 Et ceux que vous pourrez connoître, De quelque rang qu'ils puissent être. Donne à quiconque en use un air de qualité. De la chambre du roi; D'un ton rien moins que naturel : Monsieur l'huissier, pour le marquis un tel. Jetez-vous dans la foule, et tranchez du notable; Coudoyez un chacun, point du tout de quartier; Pressez, poussez, faites le diable Pour vous mettre le premier; Et quand même l'huissier, A vos desirs inexorable, Vous trouveroit en face un marquis repoussable, Ne démordez point pour cela, Tenez toujours ferme là: A déboucher la porte il iroit trop du vôtre; Et qu'on soit obligé de vous laisser entrer En y gagnant le terrain pas à pas; En bouche toutes les approches, Vous pourriez aisément l'étendre, Et parler des transports qu'en vous font éclater Sont, après ses bontés qui n'ont point de pareilles, La louange et l'encens n'est pas ce qui le touche: D'un air qui sur les cœurs fait un charmant effet, Et cela vous doit suffire. Voilà votre compliment fait. ACTEURS. MOLIERE, marquis ridicule. Mademoiselle DU PARC, marquise façonniere. Mademoiselle DE BRIE, sage coquette. La scene est à Versailles, dans l'antichambre du roi. DE VERSAILLES. SCENE I. MOLIERE, BRÉCOURT, LA GRANGE, DU CROISY; MESDEMOISELLES DU PARC, BÉJART, DE BRIE, MOLIERE, DU CROISY, HERVÉ. MOLIERE, seul, parlant à ses camarades qui sont derriere le théâtre. ALLONs donc, messieurs et mesdames ; vous moquez-vous avec votre longueur? et ne voulez-vous pas tous venir ici ? La peste soit des gens ! Holà, ho, monsieur de Brécourt. Quoi ? BRÉCOURT, derriere le théâtre. MOLIERE. Monsieur de la Grange. LA GRANGE, derriere le théatre, Qu'est-ce ? MOLIERE. Monsieur du Croisy. DU CROISY, derriere le théâtre. Plaît-il? MOLIERE. Mademoiselle du Parc, MADEMOISELLE DU PARC, derriere le théâtre. Hé bien ? MOLIERE. Mademoiselle Béjart. MADEMOISELLLE BÉJART, derriere le théâtre. Qu'y a-t-il ? MOLIERE. Mademoiselle de Brie. MADEMOISELLE DE BRIE, derriere le théâtre. Que veut-on ? MOLIERE. Mademoiselle du Croisy. MADEMOISELLE DU CROISY, derriere le théâtre. Qu'est-ce que c'est ? MOLIERE. Mademoiselle Hervé. MADEMOISELLE HERVÉ, derriere le théâtre. On y va. MOLIERE. Je crois que je deviendrai fou avec tous ces gens-ci. Hé! (Brécourt, la Grange, du Croisy, entrent.) Têtebleu! messieurs, me voulez-vous faire enrager aujourd'hui ? BRÉCOURT. Que voulez-vous qu'on fasse ? Nous ne savons pas nos rôles; et c'est nous faire enrager vous-même que de nous obliger à jouer de la sorte. MOLIERE. Ah! les étranges animaux à conduire que des comédiens ! (Mesdemoiselles Béjart, du Parc, de Brie, Moliere, du Croisy et Hervé, arrivent.) MADEMOISELLE BÉJART. Hé bien! nous voilà. Que prétendez-vous faire? MADEMOISELLE DU PARC. Quelle est votre pensée ? MADEMOISELLE DE BRIE. De quoi est-il question ? MOLIER E. De grace, mettons-nous ici; et puisque nous voilà |